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L'impact de l'embargo russe sur les fruiticulteurs wallons

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 70 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 06/01/2015
    • de COURARD Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Décrété depuis quatre mois, l'embargo russe touche durement certains pans de l'agriculture belge et notamment les producteurs de pommes et de poires.

    Il semble que les seconds ont mieux résisté que les premiers. En effet, ils auraient réussi, pour partie, à contourner l'embargo et à trouver de nouveaux marchés. Monsieur le Ministre peut-il nous en dire plus sur ces nouveaux marchés ?

    Le secteur des pommes est plus touché à cause de l'abondance de fruits sur les marchés. A ce sujet une nouvelle question se pose, que faire, au printemps, des stocks de pommes qui ne seront pas écoulés sur le marché ?

    A-t-on pu évaluer la perte financière moyenne par producteur au cours de cette année ?

    On sait que la limitation de l'impact négatif de cet embargo passe par l'émergence de nouveaux marchés. Où en est-on dans ce chantier ?
  • Réponse du 29/01/2015
    • de COLLIN René

    Le marché de la poire se distingue du marché de la pomme à plusieurs points de vue :
    - la Belgique est, au niveau européen, la 4e productrice et 1re exportatrice de poires tandis qu’elle est seulement la 6e productrice et 4e exportatrice de pommes ;
    - au niveau européen, la production de pommes atteint environ 11,4 millions de tonnes tandis que la production de poires atteint environ 2,5 millions de tonnes ;
    - les poires sont récoltées avant les pommes. Les poires occupent donc une partie des zones de stockage réfrigérées à l’arrivée des pommes ;
    - au 1er novembre 2014, au niveau belge, les stocks de pommes s’élevaient à environ 242.000 tonnes, soit 30 % de plus qu’en 2013 ; les stocks de poires s’élevaient à 294.000 tonnes, soit 18 % de plus qu’en 2013.

    Le marché belge de la pomme est affecté par les stocks dans les autres pays européens : la Pologne a déclaré en novembre avoir un stock de 1 million de tonnes de pommes !
    Les prix peuvent être très fluctuants d’une semaine à l’autre, mais restent généralement sous la moyenne européenne de cette campagne.

    Le marché belge de la poire doit gérer moins de surplus que l’an dernier, et les prix, bien qu’inférieurs à ceux de 2013 et inférieurs à la moyenne européenne de cette campagne, sont plus stables que ceux des pommes.
    Par ailleurs, les Criées flamandes (ou Veilingen) auraient trouvé de nouveaux marchés vers les États-Unis, le Canada et l’Inde. En Europe, la poire aurait trouvé de nouveaux marchés en Allemagne, mais également en Pologne où le produit est envoyé en « vrac » pour y être trié et emballé et, semble-t-il, revendu vers la Russie.
    Il semblerait que des produits arrivent en Russie via la Turquie et les Pays baltes. Cependant, la dévaluation du rouble pourrait inciter les exportateurs à arrêter les échanges commerciaux par crainte de non-paiement.
    Enfin, les exportations de pommes et poires vers le Royaume-Uni et les Pays-Bas seraient également en augmentation. Néanmoins, ces pays connaissent eux aussi une surproduction de fruits.

    Chaque année au printemps, nos fruits rentrent en concurrence avec ceux produits dans l’hémisphère sud. Cette année, vu les prix très bas, les producteurs du Sud pourraient se tourner vers la Russie. Toutefois, la dévaluation du rouble pourrait les freiner.
    Pour maintenir la place des pommes et poires wallonnes dans les étals des grandes surfaces face aux produits importés, je sensibilise le secteur de la grande distribution à cette problématique.

    En ce qui concerne la perte financière moyenne par producteur, celle-ci ne peut encore être estimée, car la campagne n’est pas terminée. De plus, les situations individuelles sont très différentes selon que les producteurs wallons commercialisent via les criées ou non.
    Par ailleurs, les mesures de soutien mises en place par l’Union européenne viennent d’être prolongées jusque fin juin 2015…

    L’Agence wallonne à l’Exportation (AWEx) mène une recherche de débouchés potentiels sur 8 États membres de l’Union européenne. Des actions sont également envisagées hors UE (Chine, Inde), mais seulement pour des quantités réduites. Dans ce cadre, l’AWEx collabore avec l’AFSCA qui traite les aspects sanitaires des dossiers en cours.