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La formation à la multiculturalité.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2004
  • N° : 19 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 26/10/2004
    • de SENESAEL Daniel
    • à VIENNE Christiane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Si l'on peut se féliciter de l'introduction de la multiculturalité dans la composition du Gouvernement de la Communauté française et du Gouvernement wallon, il ne faut cependant pas nier que la coexistence harmonieuse de citoyens de différentes origines ne va pas de soi, tout particulièrement dans une société traversée par les injustices et les inégalités sociales.

    L'élargissement de l'Europe à vingt-cinq Etats va induire un accroissement des mouvements de personnes d'un pays à un autre.

    Dans le contexte actuel de mondialisation, les relations entre personnes ayant des référents culturels différents se multiplient dans la rue, les bureaux, les écoles, les entreprises, ...

    L'Université libre de Bruxelles a pris contact avec différents organismes internationaux. Il en ressort que les institutions rencontrent effectivement des conflits et des tensions dans la gestion des ressources humaines dus, notamment, à des problèmes de dialogue et de clivage dans certaines relations “homme/femme”, “néerlandophone/francophone”, “jeune/personne âgée”, “religieux/laïc”, autres cultures, ...

    C'est pourquoi l'ULB a mis sur pied une formation s'adressant aux personnes confrontées à la multiculturalité au sein de leur environnement (assistants sociaux, enseignants, policiers, traducteurs, ...), à celles travaillant au sein d'organisations multinationales et aux personnes évoluant dans des entreprises multinationales : la formation à la gestion de la multiculturalité.

    En vue de rencontrer les objectifs fixés par le Gouvernement dans sa Déclaration de politique régionale, et notamment l'intégration des personnes d'origine étrangère, n'y aurait-il pas lieu d'étendre ce type de formation et de la proposer de manière plus systématique à tous les acteurs de terrain concernés par cette problématique de la gestion de l'interculturalité ?

  • Réponse du 24/11/2004
    • de VIENNE Christiane

    Afin de faciliter la compréhension de la réponse à la question pertinente de l'honorable Membre, il est nécessaire de clarifier les concepts de multiculturalité et d'interculturalité, souvent utilisés de

    façon anarchique par les différents acteurs, qu'ils soient décideurs politiques, chercheurs universitaires ou acteurs de terrains.

    La multiculturalité, se rapporte à la description d'une situation, au constat de la coexistence, dans une situation donnée, d'une multiplicité de personnes aux identités sociales et/ou culturelles différentes. L'interculturalité a trait à des processus dynamiques, à des interactions, aux rencontres et aux relations entre des individus porteurs d'identités sociales et/ou culturelles différentes.

    Toute culture est donc, par définition, multiculturelle et le choix est laissé à chaque citoyen de pratiquer l'interculturalité de façon constructive ou non. Plus que de "gérer" une diversité sociale et/ou culturelle, une formation doit permettre l'élaboration des modalités de pratiques de l'altérité, du "vivre ensemble". Il est important d'offrir une possibilité de formation à tous les citoyens, autochtones ou non, visant à développer une sensibilité interculturelle car tout un chacun se doit d'être un acteur conscient dans la construction de notre société multiculturelle.

    Les connaissances acquises sur la culture de l'autre sont souvent projetées sur lui de manière mécanique et stéréotypée, sans prendre en compte le caractère unique de chaque individu. Le changement des pratiques de l'interculturalité ne peut être réellement intégré de manière durable que si l'on choisit délibérément de changer d'abord le regard sur soi et sur les autres. Et par ailleurs cette vision du "vivre ensemble" n'évolue que si l'on travaille sur la relation entre soi et les autres et sur sa propre manière de communiquer.

    Le Cunic, l'Irfam, le Centre de médiation du voyage ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres d'associations qui, grâce au soutien du Cabinet de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des Chances, organisent de façon ponctuelle des formations sur l'interculturalité. Nous veillerons bien évidemment à supporter de telles initiatives qui profitent à un public tout venant.

    Enfin, garder le caractère volontariste et non systématique et obligatoire de la démarche de formation interculturelle c'est permettre au citoyen de prendre ses responsabilités et de choisir, entre accepter ou refuser, de dire à l'autre qu'on essaye de le comprendre. Cette démarche individuelle fait le pari que la richesse de notre société vient de la rencontre, de la coopération, de l'art de faire "avec" l'altérité plutôt que "contre elle" afin de construire des zones d'intérêt et d'identité communes.