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Les exportations de viande wallonne

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 86 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 08/01/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Depuis 1998, les États-Unis n'importent plus de bœuf européen à la suite de la crise de la vache folle. Cet embargo est en train d'être levé puisque le Gouvernement américain vient d'annoncer sa levée partielle pour ce qui concerne le bœuf irlandais.

    Suite à cette décision, la Commission européenne a appelé les États-Unis à rouvrir leur marché à toutes les exportations de bœuf européen.

    Pour le secteur de la viande bovine wallonne, de nouvelles exportations de bœuf produit dans notre région vers les États-Unis pourraient représenter une opportunité commerciale intéressante pour diverses raisons, notamment la qualité et les spécificités de la viande wallonne.

    Eu égard à cette éventuelle opportunité, et plus généralement par rapport aux exportations de viande wallonne, mes questions sont les suivantes.

    Comment ont évolué ces dernières années les exportations de viande wallonne, notamment le bœuf ?

    Comment ont évolué ces dernières années les importations de viande en Wallonie ?

    Quels sont actuellement les principaux marchés d'exportations ?

    À l'exception d'une éventuelle ouverture du marché américain au bœuf produit chez nous, quelles sont les perspectives d'avenir en termes de nouveaux marchés étrangers pour la viande de notre Région ?

    Quelles sont les mesures déployées par la Wallonie pour promouvoir à l'étranger la viande produite sur son territoire ? Des initiatives nouvelles vont-elles voir le jour et, si oui, lesquelles ?


  • Réponse du 02/02/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Sur la période allant de 2010 à 2013 inclus, les exportations de viande bovine ont évolué en dents de scie. En effet, elles sont passées de 95,98 millions d’euros en 2010 à 109,15 millions d’euros en 2011 et de 99,96 millions d’euros en 2012 à 97,62 millions d’euros en 2013.

    De même, sur la même période, les importations de viande bovine n’ont pas non plus évolué de manière constante. En effet, elles sont passées de 41,39 millions d’euros en 2010 à 45,32 millions d’euros en 2011 et de 36,34 millions d’euros en 2012 à 38,04 millions d’euros en 2013.

    En 2013, la Wallonie exportait sa viande bovine vers 19 pays, tous membres de l’Union européenne à l’exception de la Suisse, de la Norvège et des Émirats Arabes Unis.
    Sur un total exporté s’élevant à 97,62 millions d’euros en 2013, nos cinq premiers clients sont l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Grèce.

    L’ouverture du marché américain au bœuf européen (et donc éventuellement au bœuf produit en Wallonie) est certes un phénomène à prendre en compte dans une perspective export, mais elle ne constitue qu’un facteur parmi les nombreux autres qui influencent un marché de la viande devenu mondial.

    Ainsi, si en 2013 les États-Unis importaient de la viande bovine pour une valeur de 2,67 milliards d’euros, ils en exportaient également pour un montant avoisinant les 4 milliards (3,944 milliards d’euros) et présentaient une balance commerciale largement positive de 1,27 milliard d’euros.

    Il convient aussi de garder à l’esprit que cette ouverture de marché n’est pas unilatérale.

    Si en 1988, l’Union européenne a fermé ses frontières aux viandes américaines et canadiennes au nom du principe de précaution, considérant que l’administration d’hormones de croissance aux bovins pouvait présenter des risques pour la santé des consommateurs européens, les accords conclus en mai 2009 entre les États-Unis et l’Union européenne suspendaient les sanctions sur les produits européens importés par les États-Unis, mais surtout autorisaient l’importation en Europe d’un contingent de viande américaine de haute qualité (sans hormones) de 20 000 tonnes pendant les trois premières années (jusqu’en mai 2012) et de 45 000 tonnes par la suite.

    Le conflit de même nature entre l’Union européenne (UE) et le Canada a été réglé en mars 2011. L’accord provisoire prévoyait que l’importation de viandes bovines canadiennes traitées aux hormones restait interdite dans l’UE, que l’Union européenne relevait en 2012 de 1 500 tonnes le quota d’importation de viandes non traitées et que le Canada renonçait aux surtaxes à l’importation sur les produits agricoles en provenance de l’Union européenne. En 2013, le contingent de viande canadienne autorisée à être importée en Europe passait à 3 200 tonnes.

    Ces accords de 2009 n’ont cependant pas réglé tous les conflits et, à l’heure actuelle, les syndicats agricoles européens craignent encore que dans le cadre de négociations en cours ou futures (TTIP), les quotas d’importation de viande américaine importée en Europe ne soient revus trop largement à la hausse. Aujourd’hui cependant, ni les États-Unis, ni le Canada n’utilisent intégralement leurs quotas vers l’Europe.

    Les échanges internationaux de viandes bovines sont sensibles à divers facteurs.
    * Une sécheresse, comme certains grands pays producteurs en ont connu, peut conduire à une réduction du cheptel. La reconstitution du cheptel peut prendre plusieurs années et ainsi induire un recul des exportations.
    * De même, la demande en viandes bovines est sensible à la conjoncture économique. La crise financière puis économique en 2008/2009 a eu pour conséquence un recul de la demande des principaux pays importateurs et une baisse des prix.
    * Le taux de change est un élément déterminant de la compétitivité des filières à l’exportation et effectivement un euro faible par rapport au dollar pourrait avoir un impact positif sur nos exportations.
    * Le prix du coût des matières premières entrant dans la composition de la ration (hausse du cours des céréales, par exemple) peut avoir deux conséquences. À court terme, la hausse du coût de l’engraissement des bovins peut amener les éleveurs à vendre leurs animaux plus tôt. Les tonnages de viande produite seront alors plus faibles, ce qui peut réduire les quantités disponibles à l’exportation. À moyen terme, dans un contexte durable de prix élevés des productions végétales, les éleveurs peuvent envisager d’abattre leur cheptel et de convertir les surfaces fourragères (prairies et cultures fourragères destinées à l’alimentation animale) en culture de rente (blé, maïs, légumes, pommes de terre…), plus rentables et moins contraignantes.
    * Dernier critère qu’il convient d’évoquer, sans doute pas le moins important, dans le secteur des productions animales, le contexte sanitaire des pays exportateurs est un élément déterminant de leur présence ou absence sur les marchés internationaux.

    Au cours des vingt dernières années, les crises sanitaires dans le secteur de la viande bovine ont eu un impact majeur sur le commerce international (cas d’ESB dans l’Union européenne en 2001, aux États-Unis et au Canada en 2003, cas de fièvre aphteuse au Brésil en 2005, etc…). Ces crises induisent des restrictions à l’exportation pouvant être plus ou moins durables.

    Climat, crises sanitaires, crises économiques, crises politiques (Ukraine et embargo russe) taux de change, autant d’éléments imprévisibles qui influent sur la « spéculation agricole » et modifient en permanence les perspectives non seulement pour la viande, mais pour toutes les productions de ce secteur.

    Vu la quantité d’impondérables, proclamer aujourd’hui que tel ou tel autre marché est l’avenir de notre production bovine (ou autre) est un exercice extrêmement aléatoire.

    Deux constantes ouvrent toutefois des perspectives à notre agriculture : la croissance de la population mondiale et son besoin en protéines ; protéines que l’on retrouve principalement dans la viande et les produits laitiers...

    Vus sous l’angle unique de l’importation, les États-Unis, la Russie et le Japon, accaparent un tiers des disponibilités sur le marché mondial. Ils sont suivis par la Corée du Sud, l’Égypte, l’Union européenne et la Chine, qui comptent pour environ 20 % des importations mondiales. Ainsi, près de la moitié du commerce international de viandes bovines est fortement influencé par la demande de ces cinq pays.
    L’AWEx met à la disposition des acteurs économiques wallons une vaste panoplie d’incitants financiers couvrant tous les aspects de la démarche export.

    Qu’il s’agisse de s'informer, d’élaborer sa stratégie à l'export ou sa communication, d’engager et former son personnel, de prospecter (voyages, études, missions), de participer à une foire, un salon ou un congrès (dans ou en dehors de l’UE), d’ouvrir un bureau commercial, de former ses clients, de nouer des partenariats, de garantir, financer et assurer ses exportations,... l’AWEx soutient tant au plan financier que logistique, les opérateurs wallons ; qu’il s’agisse d’entreprises, de clusters, de GIE ou de fédérations.

    Par exemple, sans se substituer aux abattoirs, ateliers de découpe, transformateurs de viandes qui demeurent aux commandes de leurs stratégies à l’export, sans intervenir ou imposer aux groupements professionnels qui fédèrent ces entreprises une approche prioritaire des marchés, l’AWEx soutient leurs différentes initiatives.

    L’AWEx permet (notamment) aux entreprises (PME) n'ayant pas de structure d'exportation opérationnelle de s’entourer d'avis d'experts. Ces missions d’expertise visent l’établissement d’un bilan export, la mise en place ou la restructuration d'un service export ainsi que l'acquisition des techniques du commerce extérieur. Lesdites missions peuvent être suivies de la réalisation d'études de marché (et on sait l’importance qu’elles revêtent), de prospections, d’un accompagnement ou d’une représentation par délégation de ces experts sur le terrain à l'occasion de foires ou de missions. Lors de ces foires ou missions, les entreprises ont également la possibilité de présenter ou de faire déguster leurs produits et d’inviter les prospects à venir en Wallonie se familiariser avec leurs productions.

    En outre, l'AWEx compte plus de 100 Attachés économiques et commerciaux (AEC) répartis sur les cinq continents. Ils couvrent les marchés les plus porteurs pour les entreprises wallonnes. Ces AEC ont pour mission d’informer les entreprises (actives ou non dans l’agroalimentaire, d’ailleurs) sur les marchés d’intérêt et de guider les opérateurs à tous niveaux : prospection, promotion, conseil et accompagnement.

    À la demande, les représentants de l'AWEx sur le terrain à l’étranger sont susceptibles d’aider les entreprises wallonnes à définir leur stratégie, à obtenir des informations ciblées et récentes, à donner les conseils pratiques qui permettront à l’entreprise d’aborder le marché avec succès.

    Concrètement, ces attachés économiques et commerciaux sont en mesure de proposer un accompagnement personnalisé, de fournir études de marché, liste d'adresses de clients potentiels, ou encore de préparer des missions individuelles taillées sur mesure pour les exportateurs wallons.

    Outre les aides financières accordées directement aux entreprises wallonnes, l’AWEx soutient également partiellement les activités ou initiatives à l’export de leurs fédérations ; fédérations souvent chargées d’établir les priorités export d’un secteur.

    Enfin, les entreprises agroalimentaires wallonnes disposent à l’AWEx d’un service qui leur est exclusivement dédié. En concertation avec l’APAQW, la grappe « ingrédients alimentaires de l’UWE, le pôle de compétitivité WAGRALIM, la direction des relations internationales de l’AFSCA et FEVIA Wallonie (Fédération de l’industrie agroalimentaire), ce service élabore un programme d’actions annuel en phase avec les attentes du secteur.

    C’est dans le souci permanent de diversification des exportations et pour ne négliger aucune opportunité que le service agroalimentaire de l’AWEx, au cours des 15 dernières années, a organisé près de 400 actions de promotion assurant une couverture mondiale avec plus de 50 pays prospectés et 70 destinations.