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Les difficultés des réfugiés face à l'emploi

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 82 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 16/01/2015
    • de PREVOT Patrick
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Plusieurs associations oeuvrant dans l’accueil et l’accompagnement de personnes migrantes ont mis en évidence les nombreux obstacles rencontrés par les réfugiés reconnus face au marché du travail. Ainsi, outre les difficultés d’accès aux cours de langues, la lourde et coûteuse procédure d'équivalence des diplômes ou encore des accompagnements peu adaptés des services publics d’aides à l’emploi, beaucoup de réfugiés n’exercent pas un métier en rapport avec leurs compétences réelles ou diplômes professionnels. Or ce sont des personnes possédant des qualités et des compétences intéressantes et ayant généralement terminé des études secondaires ou supérieures et/ou ayant accompli un parcours professionnel dans leur propre pays d’origine.

    Je souhaiterais savoir si les services de Madame la Ministre disposent des éléments chiffrés sur ce type de demandeurs d’emploi. Combien sont-ils sur le marché? S'agit-il généralement d’hommes ou de femmes? D'où proviennent-ils ? Combien ont été engagés sur base de leur qualification réelle ? Dans quels secteurs d’activités ? Le service public connaît-il aussi l'engagement de ce type de travailleurs? Peuvent-ils bénéficier aisément d’un accompagnement sur mesure dans les différents services d’aide à l’emploi ? Enfin, existe-t-il des stimulants pour les employeurs qui engagent ce type de profils?
  • Réponse du 10/02/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    L’étude intitulée « Étude CAREERS insertion des réfugiés » dont les conclusions ont été présentées en janvier dernier visait à analyser les possibilités et les difficultés que rencontrent les demandeurs d’asile ou les réfugiés pour s’intégrer sur le marché du travail belge.
    Cette étude, menée par des chercheurs de l’ULB (Andrea Rea et Barbara Herman) et de la KULeuven (Johan Wets), soutenue par le SPP Politique scientifique et le Centre fédéral Migration a suivi sur plusieurs années la trajectoire socio-économique des 108 856 personnes qui ont demandé l’asile entre 2001 et 2010. Il s’agit de la plus grande base de données jamais produite en Belgique dans le cadre d’une telle recherche.

    L’étude révèle en effet des chiffres intéressants et même encourageants. Ainsi, sur le panel des 108 856 personnes étudiées, les chercheurs se sont penchés sur l’évolution des carrières de 4 869 d’entre eux ayant obtenu le statut de réfugié entre 2003 et 2006, afin de les suivre trimestre par trimestre. Il en ressort qu’au moment de la reconnaissance de leur statut, seuls 19 % d’entre eux sont actifs (salariés, indépendants ou chômeurs). Quatre ans plus tard, 55 % d’entre eux le sont. Ces chiffres démontrent que l’intégration au sein du marché du travail s’améliore avec le temps. Les chercheurs de l’ULB expliquent que ces statistiques correspondent au taux d’activité de la population belge d’origine étrangère active sur le marché du travail. De plus, ils sont identiques ou supérieurs par rapport aux chiffres disponibles au niveau international. La Belgique n’est donc pas un mauvais élève.

    Le Centre fédéral Migration estime que si les résultats sont encourageants, ils demeurent néanmoins préoccupants pour certaines catégories de la population. Il précise que l’insertion sur le marché du travail a ses victimes. Parmi elles, les femmes célibataires qui sont beaucoup moins susceptibles d’avoir une carrière totalement active sur le marché du travail que les femmes en couple et, bien sûr, que les hommes.

    Un des chercheurs préconise que l’accompagnement de ces demandeurs d’asile ou réfugiés soit renforcé au sein des structures existantes et que les personnes aux statuts les plus précaires obtiennent une aide spécifique, notamment les mères célibataires.

    Un autre frein qu’il conviendrait de résoudre pour faire progresser l’insertion socio-économique des demandeurs d’asile et des réfugiés, toujours selon un chercheur, c’est la reconnaissance et l’équivalence des diplômes qui relèvent de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

    En ce qui concerne le suivi de ces personnes en Wallonie, l’accompagnement individualisé vise à offrir à chaque demandeur d’emploi un accompagnement adapté à sa situation personnelle. Il s’appuie sur une logique de coaching individualisé au cours d’une période s’étalant sur un an. À son inscription au FOREm, chaque demandeur d’emploi se voit attribuer un conseiller qui sera son référent tout au long de son parcours. Sur la base d’un bilan approfondi, le conseiller établit, avec chaque demandeur d’emploi, un plan d’actions visant son insertion dans l’emploi.

    Ce parcours vise à mettre tout en œuvre pour que la personne s’insère rapidement et durablement dans l’emploi. Il n’existe donc pas de parcours prédéfini pour certains types de publics, étant donné que chaque parcours est personnalisé. Le plus souvent toutefois, les actions qui jalonneront le parcours de ces personnes vers l’insertion sont les suivantes : mise à niveau en langue, reconnaissance de diplôme, évaluation/validation de compétences, le cas échéant, une formation. Par ailleurs, si la personne rencontre des difficultés spécifiques liées à sa situation sociale ou à sa santé,  le conseiller l’orientera vers un assistant social du FOREm. Si la personne rencontre des difficultés particulières liées à son statut ou à sa situation de réfugié, le conseiller l’orientera vers des partenaires habilités à – et outiller pour - traiter ces situations. Une approche globale et intégrée reposant sur la singularité de l’individu est privilégiée.

    Toute personne qui détient un titre de séjour permettant son inscription comme demandeur d’emploi et qui dispose d’un permis de travail (ou qui est dispensée de ce permis) peut bénéficier de cet accompagnement individualisé.

    Par ailleurs, concernant les aides à l’embauche, l’accès à celles-ci est identique pour tous les demandeurs d’emploi ; la condition étant, dans tous les cas, l’inscription comme demandeur d’emploi.

    En outre, la Wallonie, via mon département notamment, déploie des actions qui rencontrent les besoins de ce public spécifique, comme les modules « alpha » qui continuent à faire partie de l’offre du FOREm et de ses partenaires, l’initiative « Wallangues » qui permet à tous les Wallons(nes) de s’inscrire gratuitement via Internet à un programme d’e-learning en anglais, néerlandais, allemand et français ou encore le soutien de projets favorisant la diversité ou visant la lutte contre les discriminations.