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La sensibilisation aux risques des échographies dites de confort

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 215 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 16/01/2015
    • de PREVOT Patrick
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    De plus en plus d’offres commerciales fleurissent notamment sur internet invitant les futures mamans à faire des échographies sans indication médicale de leur foetus. De telles échographies sont alors qualifiées d’échographies de confort, souvenirs, de plaisir, etc.

    Vu le succès grandissant de ces centres d’imagerie, le Conseil supérieur de la Santé a été sollicité pour rendre un avis général sur la sécurité des échographies prénatales médicales et non médicales. Il a plaidé pour la réalisation d’examens échographiques médicaux réservés aux seuls fins de dépistage, de diagnostic et de suivi par des médecins et techniciens dûment formés en échographie durant la grossesse. Il a, a contrario, déconseillé fortement le recours à des échographies sans but médical (dites de confort) en raison des effets néfastes suite à une exposition prolongée du foetus aux ultrasons. De fait, pour obtenir une image de qualité maximale, certaines parties du foetus en l’occurrence la tête, le visage et les organes génitaux subissent une exposition prolongée aux ultrasons pendant un temps déterminé. Or on connaît toute la fragilité du foetus durant la période de formation.

    Par conséquent, le principe de précaution et de prudence s’impose. Il est donc important de bien informer les futures familles sur ce type d'échographies et les avertir de ne pas les multiplier à l’infini.

    Je souhaiterais savoir si ce sujet interpelle Monsieur le Ministre en sa qualité de ministre en charge de la Prévention de la santé ? A-t-il pris connaissance de cet avis ? Pense-t-il que les futurs parents sont suffisamment informés des conséquences et des risques potentiels liés à ce type d'imagerie qui ne vise pas à effectuer un suivi médical de grossesse ?

    Monsieur le Ministre peut-il me dire s’il existe aujourd’hui des campagnes de sensibilisation et d'information préconisant de ne pas exposer inutilement le foetus aux ultrasons et de réserver l’échographie à un usage médical ?

    Dans la négative, n’y a-t-il pas précisément une campagne de sensibilisation générale à envisager et à réaliser en collaboration avec les services de santé, l’ONE et/ou avec le Gouvernement fédéral afin de conscientiser davantage tous les professionnels de la santé qui accompagnent les futurs parents sur cette problématique ? Monsieur le Ministre compte-t-il interpeller ses collègues en charge de la Santé publique et de la Petite enfance ?
  • Réponse du 02/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    Je suis tout comme l'honorable membre, interpellé par la problématique des échographies prénatales dites « de confort ».

    En 2012, Madame Fadila Laanan, alors en charge de la Santé à la Communauté française, a déjà été interpellée par Monsieur Patrick Dupriez à propos des « Fœtus parties et impact des ultrasons sur les bébés ». Elle était d’ailleurs d’avis qu’il n’était pas utile de lancer des campagnes de prévention et qu’une campagne de prévention ciblée pouvait emprunter les canaux habituels de surveillance de la grossesse, à savoir les médecins gynécologues et les consultations prénatales de l’O.N.E. Quant aux professionnels de la santé, Madame Laanan signalait qu’ils étaient déjà sensibilisés à ce problème et qu’ils avaient d’ailleurs eux-mêmes donné l’alarme et attiré l’attention du politique.

    Comme le mentionne l'honorable membre à juste titre, le Conseil Supérieur de la Santé n° 8635 relatif aux « Échographies prénatales médicales et non médicales », version amendée le 16 avril 2014 recommande effectivement que « l’échographie obstétricale ne soit pratiquée que pour des raisons médicales. La réalisation d’examens échographiques au cours de la grossesse doit être limitée aux seules fins de dépistage, de diagnostic et de suivi par des médecins-échographistes et techniciens en échographie formés ».

    Il recommande aussi que puisqu’il subsiste une certaine incertitude sur les effets à long terme et pour des expositions répétées et qu’étant donné que la technologie est toujours en évolution, des études complémentaires sur les effets biologiques des ultrasons utilisés en diagnostic prénatal puissent être réalisées.

    En résumé, les échographies médicales restent recommandées dans le cadre du suivi de la grossesse, réalisées par des médecins et techniciens dûment formés en échographie.

    Les échographies dites de divertissement (entertainment ultrasound) ou échographie-souvenir (keepsake video) ou échographie sans but diagnostique ou sans but médical, échographie commerciale ou affective, etc., soumettent le fœtus aux risques liés à une exposition prolongée aux ultrasons inutile sur le plan médical et dont les risques à long terme ne sont pas encore clairement établis. En outre, elles ne sont pas pratiquées par des professionnels de la santé, alors que ces derniers sont les seuls à même de pouvoir répondre aux questions des parents dans le cadre général du suivi de la grossesse.

    En ce qui concerne l'interrogation sur les campagnes de sensibilisation et d’information en rapport avec les échographies prénatales, il n’en existe pas de spécifique.

    En 2012, le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, l’INAMI, l'Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN) et le secteur de l'imagerie médicale, ont lancé une campagne d’information consacrée à l'imagerie médicale : « Les images médicales ne sont pas des photos de vacances. Pas de rayons sans raison ». Cette campagne a été relancée en 2013 et en 2014. Elle s'adresse tant au grand public qu'aux médecins généralistes et spécialistes. Elle vise à la fois à diminuer la charge des radiations et à encourager au bon usage de l'imagerie médicale.

    L'honorable membre a raison de dire que l’O.N.E. a certainement un rôle à jouer dans le cadre de la sensibilisation et de l’information de la population concernée via les consultations prénatales et les consultations pour les enfants de la naissance à 6 ans. Je ne doute d’ailleurs pas que dans le cadre de leurs consultations prénatales, les médecins, les sages-femmes ou les travailleurs médico-sociaux prénataux, sensibilisent les parents à un usage rationnel des échographies. De même les médecins traitants, médecins généralistes et gynécologues, qui restent une des premières sources d’information médicale pour leurs patients peuvent-ils attirer l’attention de leur patientèle sur ces recommandations ? De son côté, le site de la Société scientifique de médecine générale (SSMG), via son site « mongeneraliste.be », destiné aux patients, relaie les recommandations du Conseil Supérieur de la Santé.

    En ce qui me concerne et en fonction des responsabilités et compétences de la Région wallonne en matière de prévention, je poursuivrai le travail entamé pour conscientiser et veiller tant que faire se peut aux risques d’exposition inutile aux rayons.