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Le dépistage du cancer du col de l'utérus

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 222 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 23/01/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Actuellement, le dépistage du cancer du col de l'utérus s'effectue via un examen cytologique d'un frottis réalisé en consultation médicale (Pap-test).

    Selon le Centre fédéral d'expertise des soins de santé qui a collaboré avec l'Institut scientifique de santé publique et le registre du cancer, un dépistage basé sur la détection de la présence du virus (test HPV) serait plus efficace pour protéger les femmes de plus de 30 ans, serait moins onéreux et permettrait d'espacer les examens de cinq ans au lieu de trois ans à l'heure actuelle.

    Dans une réponse à une question parlementaire (question n° 96 de V. Bonni, 17 novembre 2014), Monsieur le Ministre indiquait que « selon le Dr Marc Arbijn, environ 4 femmes sur 10, âgées de 25 à 64 ans résidant en Région wallonne n'ont pas réalisé de frottis dans les trois dernières années ».

    Il s'agit d'une proportion bien trop importante quand on sait par ailleurs que, selon la Fondation contre le cancer, ce type de cancer est responsable en Belgique de près de 190 décès par an, dont près de 90 % pourraient être évités grâce à un dépistage régulier.

    Quel est l'état de la réflexion au sein des autorités sanitaires concernant les modalités du dépistage du cancer du col de l'utérus ? Y a-t-il consensus politique pour favoriser le test HPV ?

    Monsieur le Ministre compte-t-il prendre une initiative pour augmenter le taux de couverture du dépistage et atteindre les femmes qui ne se font pas dépister et, si oui, laquelle ?

    Considérant que le vaccin ne protège pas contre tous les types de virus HPV pouvant causer un cancer, il est important que toutes les femmes de 25 à 64 ans, y compris celles qui sont vaccinées contre le virus, continuent à se faire dépister.

    Compte tenu de ces différents éléments (importance d'un dépistage régulier, importante proportion de femmes n'ayant pas eu recours au dépistage ces trois dernières années, proportion de cancers qui pourraient être évités grâce au dépistage), une campagne de sensibilisation est-elle prévue pour inciter toutes les femmes de 25 à 64 ans à continuer à se faire dépister régulièrement, même si elles ont été vaccinées ?

  • Réponse du 09/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    Tout comme l'honorable membre, je viens de prendre connaissance du dernier rapport du KCE publié le 19 janvier 2015 et intitulé: « Quel dépistage pour le cancer du col ? » (KCE Report 238Bs).

    Ce rapport vient encore alimenter la réflexion menée autour du dépistage du cancer du col de l’utérus, qu’il soit opportuniste ou organisé selon les recommandations européennes en matière de dépistage des cancers.
    En effet, le KCE s’était déjà penché sur le sujet en 2006 dans un rapport intitulé : « Dépistage du cancer du col de l’utérus et recherche du Papillomavirus humain (HPV) » (KCE Reports 38B).
    La réactualisation de l’étude a été faite, selon le KCE, à la demande des instances responsables du dépistage.

    Comme indiqué dans le récent rapport du KCE, l’étude tente de répondre à trois questions.
    Quel serait l’algorithme optimal pour un dépistage du cancer du col utérin en Belgique ?
    Quel serait l’impact de l’introduction d’un dépistage par test HPV et de quelle manière faudrait-il l’organiser ?
    Quel serait l’impact sur le coût global des soins de santé en cas d’introduction d’un nouvel algorithme de dépistage basé sur le test HPV ?

    L’évolution des connaissances scientifiques a permis de comparer l’examen cytologique (Pap-test) au test HPV au niveau sensibilité, spécificité, effet protecteur sur les cancers invasifs, etc.
    Tenant compte des connaissances scientifiques actuelles, une modification de l’algorithme (soit des procédures du dépistage) aura assurément un impact au niveau organisationnel, impliquant les médecins généralistes, les gynécologues, les laboratoires, sans compter sur la possibilité ultérieurement, d’une évolution vers l’autoprélèvement par la femme elle-même avec toutes les questions que tout autodépistage soulève.
    Ces changements au niveau du choix des tests de dépistage auront aussi un impact, à évaluer, au niveau du coût des soins de santé.

    La décision de mettre en place un programme organisé du dépistage tel qu’il existe en Flandre depuis 2013, devra tenir compte de ces facteurs organisationnels et financiers. Dans ce programme, les femmes qui n’ont pas réalisé de frottis dans les trois dernières années reçoivent une lettre d’invitation à se rendre ch un médecin ou un gynécologue pour effectuer un frottis (Pap-test). Ceci implique l’établissement de listes d’exclusion des femmes qui ont réalisé un frottis dans les trois dernières années, et ce, grâce au croisement des bases de données avec la Fondation Registre du Cancer. Cette procédure a comme but de réduire les coûts liés à des lettres d’invitation inutiles et devrait permettre de mieux cibler les femmes qui ne participent pas ou pas régulièrement au dépistage. L’évaluation du programme mis en place en Flandre n’a pas encore pu être réalisée.

    Le succès d’un programme de dépistage repose sur le respect des normes de qualité et sur une couverture optimale.

    Dans une étude réalisée par les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS), la Fédération de Centres de Planning Familial des FPS et Solidaris - Mutualité socialiste, intitulée : « La santé des femmes, état des lieux et pistes pour l’avenir » et publiée en 2014, un chapitre est consacré au dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus.

    En ce qui concerne le cancer du col de l’utérus, l’Agence Intermutualiste, l’Institut Scientifique de Santé publique et la Fondation Registre du Cancer ont analysé l’évolution de la participation des femmes de 1996 à 2011 au dépistage opportuniste, non organisé.

    En 15 ans de suivi, 60 % des femmes ont été examinées par frottis de col au moins une fois tous les trois ans et la participation est restée stable. Les femmes défavorisées socialement (BIM) ont moins participé. Bien que le test (frottis) soit totalement remboursé, à raison d’un frottis réalisé tous les trois ans, il reste donc un pourcentage de femmes à convaincre.

    Des actions de sensibilisation au dépistage et à la vaccination HPV ont déjà été organisées à la demande de Madame Fadila Laanan, lorsqu’elle était Ministre de la Santé en Fédération Wallonie-Bruxelles.

    En 2011, une campagne de sensibilisation au HPV a accompagné l’organisation de la vaccination gratuite pour les jeunes filles de 13 à 14 ans ; le dépliant a été réactualisé en juin 2014.

    De 2012 à 2013, une campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du col de l’utérus s’est adressée aux médecins généralistes et aux gynécologues via des référentiels-médecins, des affiches et des flyers destinés à leur patientèle. La diffusion des documents a été élargie aux Centres Locaux de Promotion de Santé, aux maisons médicales, aux centres de planning familial, aux consultations prénatales, aux mutualités, aux mouvements féminins ainsi qu’un projet pilote d’« ambassadeur prévention » auprès des médecins généralistes.

    Suite au récent transfert de compétences, m’incombe la responsabilité de l’organisation de la promotion de la santé et des programmes de médecine préventive. Les éléments repris ci-dessus illustrent la nécessité d’une réflexion approfondie avant la mise en œuvre d’un programme de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, tout en poursuivant le travail de sensibilisation déjà mené par de nombreux intervenants.

    Je ne manquerai pas de demander à mes collaborateurs de suivre l’évolution des recommandations scientifiques en rapport avec le test HPV, d’étudier la pertinence de mettre en place un programme de dépistage par ce test HPV, sa faisabilité et son impact financier.