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Le rôle économique de la forêt

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 80 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 26/01/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu l'interview avec Monsieur le Ministre dans la dernière édition de la revue "les infos de RND". En effet, en matière de forêt, les chantiers ne manquent pas: équilibre entre feuillus et résineux, exportation de grumes non valorisés, difficultés des scieries de feuillus, densité de gibier, etc.

    Dans cet interview Monsieur le Ministre dit, et je le cite, que quand on dit que la forêt a notamment une vocation économique, cela veut dire qu'on doit prendre la mesure des enjeux économiques et mener une politique qui consolide le poids économique de la forêt dans la région. Il considère que tous les ministres doivent axer prioritairement leur politique sur le développement économique et sur l'emploi parce que c'est le programme prioritaire de la Wallonie.

    Monsieur le Ministre fait d'ailleurs appel aux consommateurs économiques du bois pour qu'ils contribuent à valoriser cette ressource essayant de lui assurer la plus grande plus-value.

    Dans la même interview Monsieur le Ministre dit qu'on est peut-être allé trop loin à un moment donné par rapport à des préoccupations qui étaient légitimes, mais qui ont pu mettre en difficulté la dimension économique de la forêt. Il affirme que le rôle économique de la forêt doit être soutenu à la fois dans les comportements politiques et administratifs, mais aussi dans les actions nouvelles qui seront menées.

    Je peux partager la thèse de Monsieur le Ministre dans la mesure où la forêt est productrice de matière première qui fait vivre toute une filière de première et deuxième transformation de bois, comme je peux comprendre la thèse qui dit que la fonction économique de la forêt est composée d'un ensemble de fonctions telles que le tourisme, les équilibres écologiques et la production de matières premières, etc.

    Puis-je donc savoir à quoi Monsieur le Ministre pense lorsqu'il critique qu'on soit peut-être allé trop loin à un moment donné ? Trop loin dans quoi ? À quel moment donné ? Par rapport à quelles préoccupations légitimes ?

    Qu'entend Monsieur le Ministre par la confirmation selon laquelle le rôle économique de la forêt doit se traduire dans les comportements politiques et administratifs ? Cela n'a-t-il pas été le cas lors de la dernière décennie ? Puis-je lui demander de préciser ? En quoi a-t-il modifié le comportement politique et administratif ? Quelles sont les nouvelles actions qu'il mettra en place pour soutenir le rôle économique de la forêt ?
  • Réponse du 17/02/2015
    • de COLLIN René

    Je l’ai dit dans l’article que l’honorable membre cite, ma volonté est de veiller à ce que chaque fonction remplie par la forêt s’incarne très concrètement dans la politique menée. Mais je serai particulièrement attentif à la vocation économique de celle-ci.

    De manière générale, la vente des bois est une source importante de revenus bruts (80 %) pour les propriétaires publics. La location du droit de chasse représente18%, et les revenus divers 2 %. Environ 20 % du revenu brut sont réinvestis en forêt. Le revenu net global des propriétaires avait été évalué à 74 millions d’euros par an pour la période 1998-2003. Mais le rôle économique ne s’arrête effectivement pas au bois et à la filière-bois. Selon l’Office économique wallon du bois, cette filière représente 7.800 entreprises et 18.800 emplois directs, le plus souvent en zones rurales.

    Quand je dis que nous sommes peut-être allés trop loin par rapport à certaines préoccupations, c’est surtout en regard de l’équilibre entre d’autres fonctions comme celles écologiques ou de loisir avec la fonction économique alors qu’elles peuvent être complémentaires.

    Le volet touristique par exemple est un élément important du rôle économique de la forêt, car il est un élément d’appel pour de nombreux touristes. Ce volet génère des emplois par nature non délocalisables. Une étude réalisée pour la DGO3 par l’Université de Namur évalue au minimum à 472 millions d’euros les flux touristiques annuels liés à la forêt.

    En parallèle, nos forêts remplissent une fonction incomparable et inestimable économiquement en termes environnemental et écologique. Il s’agit en effet de la lutte contre le réchauffement climatique, de la sauvegarde de notre biodiversité, de la préservation des ressources en eau, de la lutte contre l’érosion des sols.

    Et donc, un peu paradoxalement, utiliser des arbres pour des raisons économiques, pour la construction, l’ameublement ou le chauffage, contribue à la préservation des ressources naturelles de notre Région. L’exploitation raisonnée de la forêt participe donc pleinement au développement durable.

    Le dialogue et l’échange d’idées entre l’administration, les propriétaires, les exploitants forestiers, mais aussi d’autres acteurs comme les acteurs touristiques, les chasseurs, les associations régionales ou locales, les Parcs naturels et le public d’une manière générale sont nécessaires à la gestion forestière multifonctionnelle de notre forêt.