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L'équilibre entre la forêt et le gibier

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 83 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 26/01/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    D'après les infos de RND du quatrième trimestre 2014 et concernant la question de l'équilibre entre la forêt et le gibier, quelque chose doit également être fait à savoir l'objectivation de comptages. Il faut arrêter de permettre la contestation en la matière et mettre en place une procédure contradictoire, acceptée de tous. La chasse est un sujet délicat, car passionnel, mais cela n'exclut pas de faire, le cas échéant, de faire de légères corrections qui pourraient s'imposer.

    La question de la surpopulation de gibier dans la forêt a déjà été discutée il y a au moins une quinzaine d'années. Il s'avère à l'heure actuelle que le problème de la surdensité est avéré et, s'il n'est pas généralisé, il est largement répandu. Tels sont les propos de propriétaires forestiers.

    Cela nous renvoie vers les réflexions suivantes.

    Comment établir des plans de tir fiables si le comptage du gibier peut à tout moment être contesté ? Comment contrôler si dans une circonscription d'un conseil cynégétique tous les chasseurs ont respecté les plants de tir ? Si le problème n'est pas généralisé, mais largement répandu, doit-on déduire de cela qu'il y a des zones où les responsables ont fait leur travail correctement alors que dans d'autres zones on est toujours dans une gestion un peu à la légère dans cette question ? Peut-on demander à Monsieur le Ministre d'être plus concret et plus explicite ?
  • Réponse du 17/02/2015
    • de COLLIN René

    L’évaluation de la population de cerfs constitue effectivement un préalable incontournable à l’attribution d’un plan de tir. Chiffrer l’importance d’une population d’animaux sauvages est et restera toujours un exercice difficile. Aucune méthode de recensement ne permet en effet de dénombrer tous les animaux présents sur un territoire donné. Ainsi, les comptages de printemps effectués par l’administration et les chasseurs pour évaluer une population de cerfs donnée ne permettent de recenser qu’une partie de celle-ci. C’est la raison pour laquelle on parle toujours d’estimation, de densité la plus probable.

    Ces dernières années, l’administration a réalisé des efforts importants pour améliorer l’approche par laquelle on parvient finalement à donner une estimation de la population de cerfs présente sur un territoire donné.

    Aujourd’hui, cette estimation se fonde la plupart du temps sur les deux éléments suivants :

    1. Le résultat de comptages nocturnes aux phares réalisés contradictoirement - c’est-à-dire associant forestiers de l’administration et chasseurs - chaque année au printemps, sur des circuits préétablis, en suivant un protocole opérationnel bien établi. Ces comptages permettent de définir pour un territoire de plusieurs milliers d’hectares à l’échelle duquel le plan de tir sera attribué, un indice nocturne d’abondance (nombre de cerfs vus par kilomètre parcouru). L’évolution de cet indice d’année en année permet de voir comment la population évolue dans le temps (tendance à la stabilité, à la baisse ou à l’augmentation).

    2. La connaissance des tirs et autres mortalités, qui sont enregistrés annuellement par les forestiers de l’administration, et du taux d’accroissement annuel de la population - pour une espèce comme le cerf, ce taux peut être estimé constant d’une année à l’autre et équivalent à un tiers de la population présente au printemps, avant les mises bas – permet de simuler comment la population aurait théoriquement évolué au cours des dernières années. Cette simulation est réalisée en fonction de différentes hypothèses de densité de la population lors de l’année de départ. On obtient ainsi différents scénarios d’évolution de la population, indiquant chacun, année après année, le niveau de la population avant naissances.
    Le scénario d’évolution de la population qui est finalement retenu, car le plus probable est celui qui colle au mieux avec l’évolution de l’indice kilométrique d’abondance au cours de la même période. Ce scénario fournit donc l’estimation de la population pour laquelle le plan de tir doit être établi.

    Cette approche, certes un peu complexe, mais validée scientifiquement, a le mérite d’être objective, contradictoire et donc peu sujette à discussion.

    Présentée l’année dernière à différents représentants du monde de la chasse lors d’une réunion organisée à l’initiative de mon prédécesseur, elle a été acceptée par ces derniers. Elle a aussi été présentée par l’administration à différents conseils cynégétiques, à l’occasion de la préparation des plans de tir 2014.

    Il n’en reste pas moins vrai qu’un accord sur la démarche à suivre pour évaluer les populations de cerfs n’exclut pas toute contestation. En effet, une fois que l’on connaît la population, encore faut-il se mettre d’accord sur l’objectif que l’on souhaite atteindre. Souhaite-t-on stabiliser la population à son niveau actuel, auquel cas le plan de tir doit imposer seulement le prélèvement de l’accroissement de la population ou, au contraire, souhaite-t-on réduire la population, auquel cas le plan de tir doit nécessairement imposer un prélèvement supérieur à cet accroissement.

    Compte tenu du niveau des populations de cerfs, estimé suivant l’approche détaillée ci-devant à plus de 45 bêtes aux 1.000 hectares boisés en moyenne pour l’ensemble de l’aire occupée par le Cerf en Wallonie, l’objectif est bien de poursuivre la réduction de ces populations enclenchée maintenant depuis 4 ans. Cet objectif a été rappelé par le Gouvernement en juin 2012, à l’occasion de l’adoption d’un plan de réduction des populations de grand gibier et l’administration inscrit nécessairement les plans de tir dans ce cadre.