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L'équilibre entre les résineux et les feuillus

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 84 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 26/01/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Le Code forestier prône un équilibre entre les résineux et les feuillus de l'ordre de 53 % par rapport à 47 %. Monsieur le Ministre ne semble pas être convaincu que cet équilibre a été respecté dans la pratique. Puis-je lui demander d'être plus explicite lorsqu'il dit qu'on ne peut plus passer sous silence le déséquilibre toujours plus prononcé alors que le Code forestier définit les pourcentages de peuplement en bois résineux et feuillus ? Est-ce la même problématique pour toutes les sous-régions de la Wallonie ? Quel sera l'échéancier nécessaire pour atteindre l'équilibre défini par le décret ?

    Comme actions concrètes, Monsieur le Ministre propose de lutter contre les surfaces inutilisées qui doivent être repeuplées. Il propose aussi qu'il faille s'intéresser à la problématique de l'écartement des résineux et aller faire des écartements moins importants. S'agit-il d'une critique à l'égard des coupes à blanc trop importantes ? Ou d'une critique à l'égard de la lenteur lorsqu'il s'agit de repeupler par des coupes à blanc ? Par exemple, les terres sur lesquelles on a coupé le résineux  sont-elles prêtes à accueillir des feuillus sans qu'elles aient eu le temps de récupérer, par exemple, en matière de l'acidité des sols ?
  • Réponse du 18/02/2015
    • de COLLIN René

    Le Code forestier prône en effet un équilibre entre les feuillus et les résineux de 53 % pour les feuillus et 47 % pour les résineux, soit en sens inverse de ce que vous indiquez. Ces proportions sont valables au niveau de la Wallonie, mais ne doivent pas s’imposer pour chaque sous-région, car les aptitudes des essences diffèrent entre celles-ci.

    Les derniers résultats fournis par l’Inventaire permanent des ressources forestières de Wallonie révèlent cependant que la proportion est passée à 57 % de feuillus et 43 % de résineux.

    On constate effectivement que des surfaces importantes en zones forestières ne sont plus activement régénérées. Le phénomène n’est pas neuf, et a démarré suite aux chablis de 1990, où beaucoup de propriétaires se sont découragés à réinvestir.

    Les surfaces inutilisées se situent essentiellement en forêts privées, et la Cellule d’appui à la petite propriété forestière, ainsi que la Société Royale Forestière de Belgique ont été chargées de sensibiliser ces propriétaires à cette problématique et de les aider dans des démarches de reboisement par des essences adaptées. Le potentiel pour la replantation de résineux, compte tenu des conditions stationnelles et hors zones Natura 2000, a été estimé à 5.500 hectares. Des conversions vers la futaie résineuse sont également possibles dans des chênaies de substitution de mauvaise qualité, telles que taillis sous futaies et taillis dégradés, avec un potentiel de plus de 13.000 hectares. Le douglas conviendrait dans la plupart de ces sites, avec une productivité élevée.

    Pour ce qui concerne les écartements, les pratiques actuelles (ne pas dépasser 2000 plants par hectare, sauf cas particulier où la reprise est difficile à cause des conditions locales et/ou du gibier) présentent des avantages. Mais le secteur s’interroge sur l’impact de cet écartement sur la qualité et le volume du bois.

    En ce qui concerne les coupes à blanc, il a été constaté qu’en épicéa, l’âge des coupes à blanc a diminué en forêt privée, suite à la demande élevée en bois : ces coupes plus précoces, suscitées par la filière et le prix avantageux des bois, contribuent également à la réduction des surfaces résineuses. Le temps d’attente avant replantation est souvent justifié par des raisons sanitaires (présence d’hylobe par exemple) et des raisons pratiques (délais d’exploitation, état du terrain après exploitation).

    Enfin, le problème d’acidification des sols après résineux n’est pas nécessairement une contrainte, sauf après plusieurs générations d’épicéas avec une sylviculture peu dynamique.

    De manière générale, les sols ardennais, et en particulier les sols de Haute-Ardenne, ont une acidité élevée. Sur le même type de sol, le pH des hêtraies et celui des pessières ne sont pas significativement différents. Ce sont surtout les pratiques anciennes et la sylviculture pratiquée qui peuvent expliquer des différences : à nouveau, une sylviculture plus dynamique permet d’améliorer le statut des sols.