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Les dégâts occasionnés par le gibier

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 85 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 26/01/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Dans une édition récente de la revue de RND, on peut lire ce qu'un scieur de bois analyse à propos des dégâts de gibier. Je cite : parallèlement à ce type de chiffrage, un scieur wallon a évalué la perte en valeur et en volume provoqués par les dégâts de cervidés sur les épicéas à maturité destinés aux bois d'œuvre (charpente, ossature, lamellés-collés...). Analysant 17 grumes représentatives des dégâts couramment observés, la conclusion de ce transformateur se synthétise en une perte financière moyenne de 31 % par rapport à la valeur d'un bois, alors que la perte moyenne en volume avoisine les 35 %. Ces chiffres sont loin d'être anecdotiques d'autant qu'ils sont répercutés sur le prix d'achat proposé au vendeur.

    Il s'agit d'un propos interpellant non seulement pour les producteurs forestiers qui perdent de l'argent suite aux dégâts de gibier, mais également pour les transformateurs de bois si la matière première perd en qualité et en volume. Puis-je demander à Monsieur le Ministre de se positionner par rapport à cette analyse, de la confirmer ou de la corriger, voire de l'infirmer ? Dans l'hypothèse où il affirme les propos cités, puis-je lui demander de nous dire quelles sont les mesures qu'il met en place pour réduire l'impact des dégâts de gibier sur la production de matière première ?

  • Réponse du 18/02/2015
    • de COLLIN René

    L’information rapportée par l’honorable membre a valeur d’illustration. Les chiffres avancés ne peuvent pas être extrapolés à l’ensemble des grumes issues de nos peuplements d’épicéas à maturité, qui sont aujourd’hui transformées par nos scieurs wallons. On estime en effet que pour l’épicéa, le volume des peuplements sur pied avec des dégâts de gibier représente environ 8 % du volume total, toutes catégories de bois confondues. Sous-entendre, par ailleurs, que cette dévalorisation de la production forestière locale aurait aujourd’hui un impact significatif sur l’approvisionnement de nos scieries serait également exagéré.

    Ces chiffres – 31 % de pertes financières par rapport à la valeur d’un bois sain et 35 % de perte en volume – sont toutefois importants dans l’absolu. Mais il faut tout de même relever que les dégâts qui ont causé la dévalorisation des bois à maturité examinés par ce scieur wallon remontent à plusieurs années et découlent donc d’une situation de déséquilibre entre la forêt et les populations de cerfs qui prévalait à une certaine époque.

    Il n’est toutefois pas question de laisser entendre que ce problème de déséquilibre relève du passé, loin s’en faut. Ces chiffres viennent opportunément rappeler, si besoin en est encore, que la problématique des dégâts de gibier aux peuplements forestiers n’impacte pas que les seuls propriétaires forestiers, mais touche l’ensemble de la filière-bois. Ils rappellent également que l’impact de dégâts de gibier observés aujourd’hui se fait ressentir sur une très longue période.

    Ce qu’il faut peut-être craindre, c’est que la persistance de dégâts de gibier insupportables, qui sont essentiellement dus à des populations qui restent encore trop abondantes aujourd’hui, finisse par décourager les propriétaires forestiers, en particulier les plus petits, qui sont aussi les plus nombreux en Wallonie. L’abandon d’une production de bois de qualité dans leur chef pourrait alors avoir, sur le secteur de l’exploitation et de la transformation du bois, un tout autre impact que les dégâts actuels.

    Au risque de le répéter une fois encore, le Gouvernement précédent a déjà clairement indiqué sa volonté de voir les populations de grand gibier diminuer et a adopté une série de mesures dans ce sens. Monsieur le Député peut se référer utilement au plan de réduction des populations de grands gibiers adopté par le Gouvernement le 28 juin 2012.

    Je constate pour ma part que du point de vue de l’équilibre forêt-gibier, l’évolution récente des populations de cerfs – responsables des dégâts aux peuplements forestiers – est positive : entre 2010 et 2014, les populations de cerfs ont en effet diminué chaque année et on estime la diminution sur cette période à un peu plus de 20 %, soit en moyenne 5 % chaque année. Même si cette évolution suscite régulièrement des débats entre mon administration et les chasseurs à l’occasion de l’adoption des plans de tir annuels. Elle semble aller dans la bonne direction. Les mesures existantes peuvent bien entendu toujours, si nécessaire, être améliorées.

    On fera remarquer pour terminer que la voie législative, ou réglementaire, n’est pas la seule qui existe pour contraindre ou inciter les chasseurs à accentuer leurs prélèvements. Les conditions de location du droit de chasse, par exemple, peuvent également y contribuer.