/

La permaculture en Région wallonne

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 91 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 28/01/2015
    • de COURARD Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    La permaculture, dite aussi « culture permanente », peut se définir comme un ensemble de pratiques et d’activités qui tentent de favoriser une production agricole durable, dans le respect et la prise en compte de la biodiversité des écosystèmes en interaction. C’est un art de vivre « à l’ancienne » qui préconise une consommation d’énergie la plus minimaliste possible, laissant une grande place à la nature « sauvage ».

    En dépit du fait que ce soit une pratique encore peu répandue (même si elle tend à se développer et acquérir progressivement ses lettres de noblesse), ses défenseurs tentent de prouver qu’il est possible de produire en abondance des ressources diverses, dans une logique peu mécanisée, tout en étant simultanément créatrice d’emplois. D’ailleurs, ces capacités de production intensive ont été démontrées par l’Institut français de recherche agronomique, qui établit que « sur un petit terrain de 1 000 m2 cultivés, des récoltes maraîchères peuvent rapporter 50.800 euros par an, pour 2000 heures de travail ». Et d’ajouter « Ce n’est pas le végétal, mais la santé de la terre que l’on a mise au cœur de nos préoccupations… Tout se fait à la main, avec l’aide de chevaux de trait, dont le fumier ensemence les cultures » (Le Soir du 13 janvier 2015). Le concept est novateur et prometteur.

    Quelle est l’importance de la permaculture en Région wallonne ? Tend-elle à s’y déployer ? Combien d’emplois ont pu être créés grâce à ce mécanisme ? Des études ont-elles été réalisées sur le sujet ? Par l’affirmative, quelles en sont les conclusions ? Quels sont les résultats en termes de développement durable ? Quel est l’impact sur la préservation de l’équilibre écosystémique ?

    Par ailleurs, des subventions ont-elles été accordées pour promouvoir ce type de production en Wallonie ? Auquel cas, quelle en est l’importance ?
  • Réponse du 17/02/2015
    • de COLLIN René

    La permaculture est un système conceptuel inspiré du fonctionnement de la nature dont l’idée de base consiste à concevoir et installer des environnements écologiquement résilients, équilibrés et autosuffisants. Il s’agit d’un ensemble de pratiques et de modes de pensée visant à produire de la nourriture et des matières végétales utilisables par l’homme en développant une agriculture très économe en énergie, respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques.

    La permaculture est pratiquée en Wallonie sur de très petites surfaces. Le concept tend à se faire de plus en plus connaître chez nous, mais davantage auprès des jardiniers amateurs. Le nombre de producteurs se limite actuellement à une dizaine de professionnels. Généraliser la permaculture semble utopique, car les charges de travail et de suivi sont trop lourdes et la rentabilité économique trop faible. Elle est actuellement réservée à des productions de végétaux à forte valeur ajoutée.

    Toutefois certains de ses principes s’avèrent intéressants à développer pour tout type d’agriculture.
    En effet, la permaculture :

     repose sur la polyculture. Ce principe est intéressant pour notre agriculture, car il permet de diversifier les risques et de mieux les gérer;
     préconise une couverture végétale constante, ce qui apporte une série d’avantages phytotechniques;
     utilise les potentialités du sol et celles entre plantes et sol pour renforcer les résistances. Ces principes sont également largement utilisés en agriculture biologique;
     utilise les interactions existant entre les plantes. Ce principe est aussi utilisé à grande échelle en production fourragère avec des mélanges de légumineuses et de graminées ou des semis de graminées ou de légumineuses sous couvert de céréales.

    La Wallonie soutient, au Centre wallon de recherches agronomiques et dans les différentes facultés d’agronomie, diverses recherches utilisant ces principes et les combinant : interaction légumineuses-graminées, simplification des techniques de préparation des sols, recherche de couverts hivernaux, plante hôte d’insectes auxiliaires, etc.

    Ainsi, en appliquant des techniques comme le « strip still », en laissant les résidus de récoltes et en installant des couverts végétaux gélifs, en veillant à favoriser les vers de terre, certains des principes de base de la permaculture sont pratiqués par des agriculteurs de plus en plus nombreux et avec dans ce cas, une rentabilité avérée.

    La permaculture est soutenue en Wallonie grâce aux aides à l’agriculture biologique dont peuvent bénéficier les producteurs.

    Enfin, il faut noter que la formation professionnelle agricole contient également un volet spécifique à la permaculture.