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La lutte contre le tabagisme

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 258 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 03/02/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon la Fondation contre le cancer, la Wallonie comptait en 2014 30 % de fumeurs, contre 31 % en 2013 et 22 % en 2012. Pour la Belgique, les chiffres étaient de 26 % en 2014, 27 % en 2013 et 22 % en 2012.

    Les chiffres des enquêtes de santé par interview (HIS, soutenue par la Wallonie) laissent également entrevoir une augmentation du tabagisme en Wallonie depuis quelques années.

    La Fondation explique en partie cette augmentation par le succès du tabac à rouler bon marché, en particulier au sein des milieux plus défavorisés (53 % choisissent ce type de tabac), les Wallons (43 %) et les plus de 65 ans (41 %).

    D'autres données récentes amènent également à prôner un renforcement des mesures de lutte contre le tabagisme.

    C'est le cas par exemple du projet européen SILNE, réalisé en Belgique en 2013 par des chercheurs de l'Institut de Recherche en Santé et Société (IRSS) de l'UCL. Cette enquête a révélé que le nombre de jeunes fumeurs à l'école reste élevé, et que les acteurs de l'enseignement peuvent jouer un rôle important dans la lutte antitabac.

    C'est le cas aussi de résultats de travaux publiés dans la revue Annals of Oncology, selon lesquels le taux de mortalité lié au cancer du poumon pour les Européennes (le tabagisme étant responsable de près de 9 cancers du poumon sur 10) devrait pour la première fois en 2015 dépasser le taux de mortalité lié au cancer du sein. Selon les projections des auteurs de l'étude, projections à considérer avec précaution, mais néanmoins interpellantes, le taux de mortalité du cancer va continuer à diminuer, sauf le cancer du poumon pour les femmes et le cancer du pancréas pour les hommes.

    La lutte contre le tabagisme, qui demeure un enjeu très important de santé publique, requiert pour être efficace un ensemble cohérent de mesures. En Belgique les différents niveaux de pouvoirs sont impliqués et peuvent encore renforcer leur arsenal pour réduire le nombre de fumeurs et les effets néfastes de la cigarette sur la santé.

    La Wallonie dispose notamment d'un Plan wallon sans tabac (PWST). En 2014, ce dispositif qui a fortement évolué au fil du temps a fêté ses 10 ans d'existence.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il faire part d'un bilan précis des mesures mises en œuvre dans le cadre du cinquième PWST lancé en mai 2012 par son prédécesseur ?

    Dans un second temps, peut-il nous faire part du travail mené dans le cadre de la prochaine version du PWST ? Quels axes de travail et quelles priorités seront privilégiés ?

    Des adaptations majeures de la politique wallonne en matière de lutte contre le tabagisme sont-elles envisagées compte tenu de l'augmentation significative de la proportion de fumeurs en Wallonie ?

    Les appels à la ligne Tabacstop augmentent, indiquant le réel besoin d'accompagnement et d'aide des fumeurs désireux d'arrêter le tabagisme. Comment Monsieur le Ministre compte-t-il répondre à ce besoin croissant ?

    Enfin, quelles synergies sont et seront développées avec les autres niveaux de pouvoir face à cet enjeu, et en particulier avec le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour ce qui concerne notamment la prévention et l'accompagnement des jeunes en milieu scolaire d'une part et la prévention et l'accompagnement des futurs ou jeunes parents fumeurs d'autre part (puisque l'on sait par exemple que le tabagisme pendant la grossesse a pour conséquence un capital santé plus faible pour le nouveau-né, et que le tabagisme prénatal et postnatal augmente très significativement le risque de mort subite du nourrisson) ?
  • Réponse du 25/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    La problématique du sevrage tabagique reste encore et toujours d’actualité. Les objectifs du Plan Wallon sans Tabac, que mentionne l'honorable membre, consistent à sensibiliser, à mobiliser, à outiller et à soutenir les professionnels de santé pour qu’ils puissent apporter une aide adaptée et répondre aux besoins de la population de manière à éviter les comportements de consommation problématiques et les dépendances.

    Dans le cadre du transfert de compétences, la Région s’implique également dans la promotion de la Santé et veille à renforcer le suivi et l’optimalisation du Plan wallon sans tabac, notamment en y intégrant des projets qui bénéficiaient d’un subventionnement du Gouvernement fédéral via le fonds assuétudes-tabac. C’est donc l’occasion pour chacun des partenaires de définir comment il voit l’intégration de ses activités « Promotion santé » et «campagnes fédérales » dans le Plan et les éléments qu’il souhaite voir se pérenniser.

    Quant au 5e Plan wallon Sans Tabac évoqué, celui-ci courrait sur la période 2012-2013. Il a développé sur ces deux années, douze axes de travail transversaux, dont voici les réalisations :

    * Axe 1 : Concertation et synergie des dynamiques wallonnes et développement de stratégies au niveau d’un Comité de pilotage

    * Élargissement du Comité de pilotage aux dentistes, en vue d’amplifier la sensibilisation sous l’angle de l’hygiène dentaire et tabagisme, ainsi qu’à Tabacstop (FCC).
    * Abord des kinésithérapeutes par le biais de ponts réalisés avec la campagne fédérale « sevrage pour tous » en mettant l’accent sur le risque BPCO et la dimension « kinérespiratoire » dans l’aide au sevrage (publications dans différentes revues de kinésithérapie).



    * Axes 2 et 12 : Déploiement de liens et stratégies communes en matière d’accompagnement de personnes ayant des problèmes de polyconsommations et/ou de comorbidités.

    Rapprochement entre le secteur de l’aide aux fumeurs et le secteur Assuétudes – Réduction des risques. En effet, le critère le plus souvent mentionné dans la littérature médicale est l’arrêt complet, cependant d’autres signifiants existent, et peuvent être évalués. Il s’agit, par exemple, de la qualité de vie, de l’évolution psychomédicosociale de la personne et de la mise en place de changements dans d’autres comportements de santé.

    Création, offre de formations et d’ateliers « tabac/assuétudes »-  « réduction des risques » en partenariat avec des intervenants locaux.



    * Axes 3, 5 et 9 : Mobilisation de professionnels de santé / d’intervenants sociaux à la question du tabac - Offre de formations de base et spécialisées aux professionnels de santé

    Animations d’ateliers « tabac, alcool » avec et auprès des médecins généralistes.

    * Formations en lien avec « tabac et précarité » s’adressant à des professionnels de la santé et du social portant sur l’estime de soi du patient.
    * Conception et mise en œuvre d’un module de formation sur la légitimé à parler du tabac.
    * Mobilisation continue de professionnels de santé dans des formations de base et/ou spécialisées en tabacologie et à l’entretien motivationnel santé.
    * Divers lieux de vie sont désormais touchés : milieu carcéral, maison de repos, hôpitaux psychiatriques, services ONE, CPAS, centre de réinsertions (requalification) professionnelles, etc.



    * Axe 4 : Développement de spécificités liées aux publics précarisés et fragilisés dans une perspective d’égalités des chances

    * Initiation de projets pilotes dans différents milieux de vie (pénitencier, déficience mentale, etc.), en complément de ce qui est initié au plan fédéral sur l’axe « tabac et précarité » (brochure, vidéo, actions clin d’œil, formations, etc.).
    * Réalisation d’un document portant sur le travail réalisé avec une équipe d’éducateurs actifs en milieu résidentiel pour personnes déficientes mentales.



    * Axes 6 et 11 : Communication autour de l'aide au sevrage en accord avec les besoins des publics bénéficiaires. - Création et/ou diffusion d’outils à l’intention des professionnels de santé/ intervenants sociaux

    * Poursuite de la diffusion de la brochure « Tabac et précarité », d’une vidéo « BPCO » et d’une autre illustrant des paroles de fumeurs en prise avec un changement initiés dans la cadre de la campagne « Arrêter de fumer c’est possible pour tous ! ».
    * Diffusion d’un numéro de la revue Santé conjuguée (décembre 2012) consacré essentiellement au tabagisme
    * Deux cahiers destinés à outiller les professionnels et les parents sur « comment aborder la question du tabac avec les jeunes fumeurs » ont été réimprimés
    * Création d’un folder « Embrassez un non-fumeur, goutez la différence » destiné aux patients fréquentant un cabinet dentaire.



    * Axe 7 : Contribution à une meilleure « coordination et cohérence » dans la mise en œuvre des compétences des entités fédérées et fédérale

    * Le colloque initié par le FARES sur les thèmes : Naître et grandir sans tabac, la campagne « Arrêter de fumer, c’est possible pour tous ! » ont été l’occasion pour les partenaires wallons de se retrouver afin d’y partager leur expérience de terrain tout en mobilisant de nombreux autres professionnels.
    * Renforcement de l’action clin d’œil fédérale (graines de bleuet) « Cultivez votre santé ».
    * Le réseau des tabacologues se renforce (328) et les Centres d’Aide aux Fumeurs (36) mobilisent les structures hospitalières qui les hébergent au même titre que les professionnels qui gravitent autour.



    * Axe 8. Evaluation

    Aujourd’hui, les membres du Comité de pilotage du PWST ont fait le choix d’ancrer le plan dans la durée. Décision a donc été prise, plutôt que d’initier un 6e Plan, d’inscrire celui-ci dans la continuité, sans se fixer d’échéance contraignante. Le Plan wallon sans Tabac perdure donc bel et bien.

    La 6e réforme de l’État a transféré aux Régions les compétences relatives aux assuétudes. Le tabagisme en fait partie. Je serai donc très attentif aux informations qui me seront adressées par les milieux scientifiques et les acteurs de terrain afin d’intensifier de manière plus ciblée les campagnes de sensibilisation aux effets néfastes du tabac. Comme la prévention et la promotion de la santé concernant les mineurs d’âge restent de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles, je compte travailler de commun accord avec celle-ci pour lutter très efficacement contre le tabagisme très présent chez les jeunes.

    L'honorable membre soulève la question du tabagisme chez les futurs et jeunes parents. Le risque de diminuer le capital-santé des nourrissons est bien réel. Les campagnes de sensibilisation et le soutien à l’arrêt de fumer viseront particulièrement ce groupe cible.