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La recrudescence de la coqueluche

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 260 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 04/02/2015
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Dans l’édition du Soir du 15 janvier, on apprenait que la coqueluche revenait en force en Wallonie et à Bruxelles. En Wallonie, 409 cas de coqueluche ont, en effet, été recensés en 2013. C’est trois fois plus que l’année précédente selon le rapport établi par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Aucun décès n’a cependant été déclaré.

    Des jeunes aux moins jeunes, tous peuvent en être atteints, mais c’est chez le nourrisson que le risque de mortalité est plus important.

    Les quintes de toux provoquées par la maladie peuvent sérieusement endommager les voies respiratoires du bébé jusqu’à l’étouffement, ou engendrer des petites hémorragies à la tête. La coqueluche touche tout le monde, mais n’est mortelle que pour les enfants de moins d’un an.

    En 2008, 195.000 enfants sont décédés dans le monde. Cette augmentation n’est pas propre à la Wallonie, mais s’est répandue en Europe. La meilleure prévention reste la vaccination. La solution en cas d’infection est d’éviter le contact avec les enfants et de prendre des antibiotiques.

    Les médecins s’accordent pour rappeler qu’il est primordial que l’entourage du bébé se fasse vacciner. Le trio tétanos-diphtérie-coqueluche est conseillé pour le rappel tous les 10 ans, après la vaccination des adolescents de 15-16 ans.

    Le président du Groupe Vaccination assure que « le meilleur moyen et le plus rapide de protéger le bébé reste de vacciner la mère durant son dernier trimestre de grossesse. Le bébé est dépourvu d’anticorps à la naissance, et ce, jusqu’à 2 ou 3 mois. En vaccinant la mère, celle-ci passe au foetus, via le placenta, les anticorps nécessaires se forment pour que son enfant soit protégé face à la coqueluche. On comprend dès lors toute l’importance d’une vaccination chez les adultes.

    Face à cette recrudescence, une campagne de sensibilisation des adultes à l’importance de ce vaccin et ses rappels est-elle envisagée ?

  • Réponse du 26/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    En effet, la coqueluche reste un problème de santé publique important, car la pathologie est dangereuse pour les nourrissons de moins d’un an (et surtout de moins de 6 mois) et parce que, malgré une bonne couverture vaccinale, la recrudescence amorcée depuis deux à trois décennies en Amérique et en Europe se poursuit et n’épargne pas la Belgique. Pour information, la coqueluche reste la première cause de décès par infection bactérienne chez les nourrissons de moins de 3 mois (hors nouveau-né).

    En Belgique, malgré un taux de couverture vaccinale proche de 98 % pour les trois premières doses et de 90 % pour la quatrième, l’augmentation du nombre de cas est confirmée depuis 1997. Un premier pic a été recensé en 2007 et un second en 2012. L’augmentation des déclarations de cas s’est poursuivie en 2013 et en 2014.

    Nous ne pouvons pas confirmer le chiffre de 1.200 cas pour les dix premiers mois de 2014 sur l’ensemble de la Belgique. Par contre, pour la Région Wallonne, le nombre de cas de coqueluche notifiés au service de surveillance des maladies infectieuses (via le système de surveillance avec déclaration obligatoire) était :
    * en 2012 : de 112 cas ;
    * en 2013 : de 409 cas ;
    * en 2014 : de 854 cas (1).

    Si l’on ramène ces déclarations à la population, le taux de notification (nombre de cas déclarés par 100.000 habitants) est compatible avec un phénomène épidémique comme vécu dans d’autres pays européens et américains.

    La stratégie vaccinale en Belgique, qui a opté pour le vaccin acellulaire le 1er janvier 2001, est conforme à celle actuellement adoptée par la plupart des pays occidentaux. Le schéma vaccinal classique est de 3 doses consécutives à 2, 3 et 4 mois de vie, suivie d’une 4e dose à 15 mois et d’une 5e dose vers 5-7 ans. Il faut au minimum 2 doses de vaccins acellulaires pour obtenir une certaine protection.

    Les raisons de cette augmentation de cas de coqueluches sont multifactorielles et liées, entre autres :
    * Au Système de surveillance des maladies infectieuses avec :
    - Une augmentation des déclarations des cas de coqueluche ; cette amélioration est le résultat, notamment de la collaboration avec les laboratoires de référence qui communiquent tous les résultats positifs à la cellule de surveillance des maladies infectieuses de la Communauté française depuis 2013 (intégrée à la Région wallonne depuis le transfert de compétences santé).
    - Une meilleure sensibilisation des médecins à l’existence et à la réémergence de la maladie qui a, sans doute, contribué à une augmentation des examens de laboratoire et du nombre de cas.
    + Il faut néanmoins noter que, malgré cette amélioration, il reste encore très probablement une sous-estimation du nombre réel de cas.
    + Il est difficile, voire impossible de quantifier, à ce stade, la part réelle d’augmentation des cas de celle liée à une meilleure reconnaissance et déclaration des cas.
    * Au développement de meilleurs tests diagnostiques.
    * À la baisse de l’immunité (le vaccin acellulaire utilisé est moins immunogène que celui utilisé précédemment).
    * A la circulation de l’agent pathogène dans la population : des études mettent en évidence la présence d'un réservoir de Bordetella pertussis dans la population «saine» belge adulte. En fait, une nouvelle épidémiologie de la coqueluche apparaît dans les pays où les nourrissons sont bien vaccinés. Du fait de la perte de la protection vaccinale et faute de contact avec la bactérie, les adolescents et les adultes peuvent présenter une infection. Leur coqueluche est souvent atypique, peu ou pas diagnostiquée et donc non traitée à temps et ils contaminent les nourrissons très jeunes non vaccinés, en général leur propre enfant ou membres de leur famille.

    Pour pallier à cette augmentation de cas et au changement dans l’épidémiologie, pour protéger l’individu lui-même et pour réduire le réservoir du germe susceptible de contaminer des nourrissons non ou incomplètement vaccinés, il faut favoriser et renforcer les stratégies de vaccination. Le Conseil supérieur de la santé recommande d’ailleurs depuis 2014 la vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes entre 24 et 32 semaines ainsi que la vaccination dite « cocoon » chez le partenaire ainsi que les adolescents et les adultes en contact avec un nouveau-né.

    La politique de vaccination des enfants et la protection des nouveau-nés (et donc sa promotion et l’information des publics cibles) sont une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles (confiée à l’O.N.E.), mais je puis néanmoins dire que celle-ci a décidé de mettre gratuitement, via les médecins qui participent au programme de vaccination (essentiellement ici les généralistes et les gynécologues), le vaccin contre la coqueluche à disposition des femmes enceintes. Ces prestataires de soins seront tenus informés par l’Administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles de la mise à disposition du vaccin via le système « e-vax ».



    (1) Ce chiffre n’est pas définitif, le nettoyage de la base de données pour le dernier trimestre est toujours en cours.