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Les formations inhérentes aux métiers du bâtiment

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 111 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 04/02/2015
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Comme tous les métiers, ceux liés au bâtiment évoluent. En raison de certains impératifs environnementaux, de nouvelles professions apparaissent comme les mécaniciens « électroniques », les couvreurs pour les panneaux photovoltaïques ou tout autre métier lié à l'énergie. Dès lors, cela impose, des formations spécifiques. À cet effet, il faut bien évidemment, au sein du FOREm, des formateurs afin d'enseigner ces nouveaux processus.

    Concrètement, qu'en est-il de ces nouvelles formations ? Comment la Wallonie s'adapte-t-elle à cette évolution ? Existe-t-il une cellule des nouveaux métiers liés aux nouvelles qualifications ? Quelles sont les formations exactes dispensées ? Est-ce que ces cours répondent bien à la demande, car il me revient que les employeurs refusent ou hésitent souvent à suivre une formation en raison d'un manque de temps, du coût élevé de ces formations, etc. ? Ne pourrait-on pas envisager des marchés publics qui soient réservés à ceux qui ont suivi des formations et, donc, à mettre des clauses d'écoconditionnalité dans les cahiers des charges ? Cela serait-il possible ?

    Qu'en est-il exactement ? Car n'oublions pas que l'émergence de ces nouveaux métiers est aussi riche de nouveaux emplois.
  • Réponse du 09/03/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    Le Gouvernement wallon est très attentif aux évolutions des métiers et des secteurs d’activité, dont celui de la construction, notamment parce que ces évolutions impactent notre économie et les emplois y afférents. C’est pourquoi, sur la base de la veille technologique menée en particulier au niveau des centres de compétence, l’ensemble des opérateurs de formation adaptent, chaque année, leur catalogue de formations de manière à assurer la meilleure adéquation possible entre les compétences qu’ils permettent à leurs stagiaires de développer et les attentes du monde professionnel.

    Le FOREm a, par exemple, initié un projet centré sur la détection de métiers d’avenir pour la Wallonie d’ici les cinq prochaines années. Ce projet vise non seulement à adapter et améliorer l’offre de prestations en regard des évolutions du marché, mais aussi à l’anticiper.

    Dans cette optique, le FOREm adopte une approche prospective à deux dimensions :
    - une prospective et une veille générale des évolutions sectorielles qui balaient largement les différents facteurs de changement et leurs effets probables sur l’évolution des métiers. Parmi les 26 secteurs étudiés, un secteur traite plus particulièrement des métiers de la construction.
    - une dimension « Prospective - Métiers » qui fournit une analyse plus fine et permet de dégager les implications concrètes des évolutions des métiers en termes de compétences et les mesures à mettre en place pour y faire face. En 2014, le FOREm a notamment analysé deux métiers relatifs au secteur de la construction : ventiliste et nettoyeur de panneaux solaires.

    Il est prévu en 2015 et 2016 d’élargir, d’intensifier ce travail d’analyse en profondeur, à une trentaine de métiers dont un métier de la construction : responsable/coordinateur PEB.

    Par ailleurs, le FOREm a mis en place un nouveau dispositif, développé pour la construction d'un bâtiment à Frasnes-lez-Anvaing : le chantier vert, un outil didactique unique en Wallonie ! La particularité du chantier vert tient dans le fait que les stagiaires du FOREm vont collaborer à la conception d'un des bâtiments.

    Cette pédagogie innovante de formation pour les demandeurs d'emploi sera mise en œuvre en synergie avec les différents corps de métier. Il est prévu d’intégrer dans ces modules de formation les nouvelles normes énergétiques européennes impactées par la Performance énergétique des Bâtiments (PEB), mais également de développer les compétences liées aux métiers verts, compétences attendues par de nombreux employeurs. Les formations enchaîneront les modules liés au bureau d'étude, au gros oeuvre, aux techniques spéciales et au parachèvement. Elles se déroulent sur chantier, en conditions réelles de travail.

    Les Centres de Compétence ConstruForm développent en outre, avec les partenaires du secteur, un outil collaboratif en ligne : le portail www.Veilleconstruction.be. Ils le font en collaboration avec le secteur de la construction qui se doit d’organiser, comme tout autre secteur, une « auscultation » permanente de son devenir pour augmenter son adaptabilité ou favoriser sa réactivité. La veille est précisément ce mécanisme d’auscultation qui vise à récolter des informations. En ce sens, la veille est « stratégique », car elle permet d’orienter nos politiques par la prise de conscience des difficultés ou des innovations qu’elle met en lumière. C’est la raison pour laquelle la « veille » fait partie des critères de labellisation des Centres de Compétence.

    Dans le cadre de la formation continue des travailleurs du secteur de la construction, le FOREm travaille en partenariat avec le Fonds de Formation professionnelle de la Construction (FFC) et Construtec, depuis de nombreuses années. À ce titre, il propose des formations en période hivernale (de novembre à mars) durant laquelle les travailleurs sont mis en chômage pour formation ou pour raison d’intempéries, soit des formations durant les heures de travail via notamment le recours aux chèques formation. Il est à noter également que le FFC et Construtec interviennent dans la mise en œuvre de ces formations en participant à la fois au cofinancement de l’opérateur de formation et en apportant un complément financier à l’entreprise de manière à limiter les coûts des actions, pour l’entreprise, et à éviter toute perte de revenus, pour les travailleurs en formation.

    Enfin, concernant la réservation de marchés, celle-ci a été prévue dans la législation sur les marchés publics (article 22 de la loi du 15 juin 2006 relatives aux marchés publics et à certains marchés de travaux, de fournitures et de services). Néanmoins, si cet article traite de la réservation de marchés en faveur d'emplois protégés ou d'entreprise d'économie sociale d'insertion, il ne permet pas d'être utilisé pour réserver un marché à ceux qui ont suivi certaines formations.

    Par contre, il est possible, dans le respect des principes du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, de cibler certaines professions lors de la sélection qualitative des soumissionnaires dans le cadre de l'attribution des marchés et à condition de prouver le lien direct avec l'objet du marché. Ce ciblage sera d'autant plus opérant que la profession concernée est protégée par la législation et que son exercice est sanctionné par un accès à la profession, qui suppose notamment, pour l’entreprise, d'avoir obtenu une certification liée à la maîtrise de compétences développées dans le cadre de formations qualifiantes.

    Quant à l'« écoconditionnalité », cette dernière consiste à subordonner le marché public au respect de certains critères environnementaux. Cette problématique doit être associée à l'objet même du marché et donc à l'étude préalable du besoin exprimé. Pour rappel, la conception de l’objet d’un marché doit tenir compte des contingences légales liées à la nature de ce dernier (par exemple dans le cadre de la construction d'un bâtiment, des normes PEB doivent être respectées) ou de la volonté du pouvoir adjudicateur d'employer des matériaux ou techniques respectueux de l'environnement (utilisation de produits régionaux ou naturels pour l'isolation, limitation de l'impact CO2 des matériaux de construction, …), le tout dans le respect des principes du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.

    En d'autres termes, l'« écoconditionnalité » et la « réservation de marchés » à certaines professions ne peuvent ni l’une ni l’autre affecter ou restreindre les principes de libre concurrence, de libre circulation, de libre établissement, … repris dans le droit primaire européen et dans le droit dérivé européen des marchés publics. Néanmoins, de plus en plus de voix d’élèvent pour faire évoluer la législation européenne en matière de marchés publics notamment dans le cadre de la lutte contre le dumping social ou des politiques environnementales et d’achat durable.