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La création d'une semaine de sensibilisation à une alimentation saine

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 285 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 11/02/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le Canada a décidé de faire de la période du 1er au 7 février la semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires.

    En tant qu'initiatrice des résolutions adoptées en novembre 2013 par le Parlement wallon et le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles visant respectivement à mieux prendre en charge l'anorexie mentale et à mieux prévenir ce trouble du comportement alimentaire, cette semaine nationale instaurée au Canada me semble une initiative intéressante.

    Je serais donc tentée de plaider pour l'instauration d'une semaine du même type en Wallonie, sachant que la Région est désormais compétente en matière de prévention et de promotion de la santé.

    Toutefois, de l'avis de plusieurs experts dans les troubles alimentaires, il existe un risque non négligeable de provoquer un effet contre-productif lorsque l'on communique et tente de sensibiliser aux troubles du comportement alimentaire.

    La promotion et la sensibilisation à une alimentation saine constituent des enjeux sanitaires très importants. La malbouffe, l'obésité, le diabète, les troubles du comportement alimentaire comme l'anorexie mentale et la boulimie, qui touchent de plus en plus de personnes, l'illustrent bien. Bien que certains milieux et certains publics, comme les milieux plus défavorisés ou les plus jeunes, soient souvent plus concernés encore par ces enjeux, ceux-ci n'en demeurent pas moins des enjeux globaux.

    En Fédération Wallonie-Bruxelles, plusieurs initiatives ont été prises dans ce sens lorsque l'entité était compétente en matière de prévention santé.

    Citons par exemple le « Plan de promotion des attitudes saines sur les plans alimentaire et physique pour les enfants et adolescents de la Fédération Wallonie-Bruxelles », comprenant plusieurs dizaines de mesures dans les domaines de l’enseignement, de la santé et du sport. Citons aussi le Cahier spécial des charges de référence pour améliorer les repas de collectivité des enfants de 3 à 18 ans.

    Ce type d'initiatives est indispensable. Mais elles ont aussi des limites. Pour ce qui le concerne, le cahier des charges n'est pas obligatoire (et par conséquent tous les établissements scolaires ne proposent pas des repas comparables en termes d'équilibre, de saveurs et de durabilité [circuits courts, fruits et légumes de saison, etc.]) et l'on peut s'interroger quant aux coûts liés à sa mise en œuvre et quant à sa faisabilité. Par ailleurs ces initiatives concernent des secteurs pour lesquels la Fédération Wallonie-Bruxelles est compétente, dont l'enseignement, le sport, les centres de vacances, et ne s'adressent pas par nature au grand public.

    Afin donc de sensibiliser le public de la manière la plus large possible sur les enjeux sanitaires liés à l'alimentation, que pense Monsieur le Ministre de la création par le Gouvernement wallon d'une Semaine «  Mon alimentation, ma santé », dans le même esprit que la « Semaine antistress » ?
  • Réponse du 26/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    La Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires qui s’est déroulée au Québec entre le 1er et le 7 février 2015 avait pour but de conscientiser la population aux troubles alimentaires pathologiques que sont principalement l’anorexie et la boulimie. Ces troubles sont des troubles de santé mentale complexes qui doivent être pris en charge par des services spécialisés. La prévalence de l’anorexie est d’environ 1.5 % chez les femmes (environ 0.5 % chez les jeunes filles) et se déclare souvent entre 10 et 19 ans. La boulimie à une prévalence sur la vie entière de 1-3 %.(1)

    L’alimentation saine quant à elle concerne tout le monde et est, en effet, un important enjeu de santé (diabète, hypertension, maladies cardio-vasculaires, etc.). L’éducation à une alimentation saine doit se faire très tôt chez les enfants, car les bonnes habitudes alimentaires prises jusqu’à l’adolescence sont généralement conservées à l’âge adulte. Ceci relève de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

    Comme cela a déjà été dit en réponse à une question parlementaire précédente (« QO 14 - PECRIAUX - SAS - l'obésité chez les Belges », séance publique de la commission des travaux publics, de l'action sociale et de la santé du 6 janvier 2014), les campagnes pour bien manger et bien bouger ont un impact limité.

    Quant à l’organisation d’une semaine de l’alimentation et de la santé, cela n’aurait de sens que dans un plan plus global avec des actions à long terme. L’amélioration de la qualité de la santé de la population ne peut se résumer à une campagne de communication fusse-t-elle de sensibilisation.



    (1) Garfinkel, Paul, Elizabeth Lin, Paula Goering, and Cathy Spegg: Bulimia nervosa in a Canadian community sample: prevalence and comparison of subgroups. The American Journal of Psychiatry 1995; 152: 1052-1062.
    Bushnell, JA, E. Wells, AR Homblow, Oakley-Browne, and P Joyce: Prevalence of three bulimia syndromes in the general population. Psychological Medicine 1990; 20: 671-680.