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L'avenir du photovoltaïque

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 108 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 11/02/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    « Personne ne semble donc remettre en cause Qualiwatt sur le court terme. Dans quelques années, le photovoltaïque pourrait devenir rentable sans subside. L’intégration architecturale des panneaux pourrait devenir la norme. C’est-à-dire que l’on trouverait des panneaux de taille réduite dans les briques, tuiles ou encore dans le verre. La Wallonie doit préparer le futur grâce à ses investissements dans la recherche de technologies plus performantes. »(Le Soir du 22 janvier dernier).

    Il me semble qu’il y a là des perspectives à creuser. Perspectives qui permettent, sur base d’efforts en matière de recherche, de relancer le moteur économique dans un secteur où l’imagination va de pair avec l’innovation et la compétitivité. Est-ce, aux yeux de Monsieur le Ministre, une technologie qui mérite d’être diversifiée pour être intégrée dans l’architecture, après avoir gagné du terrain sur le plan de la performance ?
  • Réponse du 07/05/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’énergie que nous consommons au quotidien peut être de deux types : verte ou grise. La première est produite à partir de sources d’énergies renouvelables. La seconde est quant à elle générée à partir de combustibles fossiles ou nucléaires. Le coût de production de l’énergie dite verte est supérieur à celui de l’énergie grise. En contrepartie, celle-ci présente l’avantage majeur de ne pas générer – ou à taux très faible – de CO2 lors de sa production. À l’heure où le réchauffement climatique est à l’agenda politique de nombreux gouvernements, il n’est pas étonnant de constater que l’Union européenne et les gouvernements nationaux décident de mettre en place des mécanismes favorisant la mise en place de structures permettant la production d’énergie verte.

    Dans ce contexte, la question du photovoltaïque peut-être abordée de plusieurs points de vue : l’intérêt que représente cette technologie pour l’environnement ; le surcoût qu’engendre l’utilisation de cette énergie pour les ménages qui ne disposent pas d’installations photovoltaïques ou encore, les perturbations, souvent méconnues, que génère ce type de technologie dans la gestion du réseau de distribution.

    Le photovoltaïque est une source d’énergie renouvelable qui, au même titre que d’autres énergies vertes, permet de lutter contre le réchauffement climatique. Ce type d’énergie permet de contribuer au triple objectif de l’initiative « 20-20-20 » d’ici 2020 qui vise une réduction de 20 % de la consommation d’énergie primaire de l’Union et des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que l’inclusion de 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergies.

    Il existe, en Wallonie, un mécanisme de soutien qui s'applique aux petites installations solaires photovoltaïques (moins de 10 kW) mises en service depuis le 1er mars 2014 : Qualiwatt. Ce mécanisme prévoit la compensation entre les prélèvements et les injections d'électricité sur le réseau (« le compteur qui tourne à l'envers ») et le versement d'une prime annuelle pendant cinq ans par le gestionnaire du réseau de distribution pour les installations neuves répondant à certains critères définis dans le contrat type Qualiwatt.

    Pour comprendre la problématique de la hausse générale des prix de l’énergie, il convient de revenir sur un autre mécanisme de soutien wallon aux producteurs d’énergie verte : le certificat vert (CV). Le CV est un bien immatériel émis lorsqu’un producteur a généré une quantité déterminée d'électricité verte au cours d'un intervalle de temps donné. Le CV correspond à la production d’1 MWh électrique sans émission de CO2. Il est racheté par un fournisseur d’énergie au prix minimum de 65euros, ce prix pouvant fluctuer en fonction de l’offre et la demande, soit un prix supérieur au coût de production d’1 MWh d’énergie non renouvelable. Il résulte de cet achat une augmentation générale du prix de l’électricité dans le chef des ménages qui ne disposent pas d’installations photovoltaïques puisque les autres ménages produisent eux-mêmes l’énergie dont ils ont besoin.

    Cette augmentation de prix est renforcée par un autre élément : les coûts de distribution de l’énergie électrique restent semblables (les installations existent), à la différence qu’il y’a désormais moins de clients à fournir (nombre d’entre eux s’autoalimentent désormais avec leurs propres panneaux photovoltaïques). Dès lors, vu la diminution du nombre de clients d’une part et, d’autre part, vu le maintien des coûts de distribution, les prix augmentent.

    L’énergie solaire a enfin un impact sur la gestion du réseau de distribution. En effet, il faut toujours un équilibre entre la consommation d’électricité et la production de celle-ci. Ainsi, à chaque instant, la production doit s’adapter à la consommation afin de permettre l’équilibre. La difficulté réside dès lors dans l’injection, au sein du réseau de distribution, de l’énergie électrique produite à partir de panneaux photovoltaïques décentralisés puisque cette production est toujours dépendante de l’exposition au soleil qui n’est, en rien, une variable sur laquelle nous avons une maitrise. Dans ces conditions, l’injection d’énergie solaire dans le réseau perturbe le réseau, complexifie son mode de gestion et en accroit significativement le coût.

    Ainsi, la question du photovoltaïque soulève plusieurs questions et enjeux. Indépendamment de ceux-ci, l’honorable membre attire aujourd’hui l’attention du Ministre de l’Économie sur le potentiel de développement des technologies liées au photovoltaïque. Le Ministre de l’Économie soutiendra tout projet de recherche qui permettra aux industriels wallons de développer des technologies de ruptures susceptibles de permettre la création de valeur ajoutée et d’emploi sur le sol wallon. Au regard des éléments avancés par l’honorable membre, les technologies liées au photovoltaïque pourront, elles aussi, faire l’objet d’une aide à la recherche, le tout dans le respect des règles édictées dans le nouveau décret recherche qui est, à ce jour, sur la table du Parlement wallon.