/

La coqueluche

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 289 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 12/02/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    La libre Belgique du 6 février dernier publiait : « Les derniers chiffres des maladies infectieuses montrent une forte augmentation des cas de coqueluche rapportés en Wallonie. On est ainsi passé de 110 cas en 2012 à 823 cas en 2014. Une explosion difficile à comprendre quand on sait qu’un vaccin, gratuit, existe et est même proposé aux femmes enceintes afin de protéger l’enfant in utero, depuis janvier. Mais les mouvements antivaccin font de plus en plus d’adeptes. ».

    Nous nous trouvons ici dans le cas classique de la prévention en matière de santé. N’est-il pas utile d’informer le public quant au danger d’une non-vaccination ? Et de responsabiliser ceux qui mènent des campagnes antivaccin ? Je veux bien accepter toutes les libertés d’opinion et de parole, mais la limite est atteinte dès que la santé d’autrui est menacée.

  • Réponse du 26/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    Comme j’ai eu l’occasion de le préciser tout récemment dans ma réponse à la question écrite de Madame la Députée Virginie Gonzalez Moyano sur le même sujet, la recrudescence des cas de coqueluche est effectivement une réalité en Belgique et en Région wallonne.

    Je ne reviendrai pas ici sur les détails fournis à cette occasion quant à la stratégie vaccinale en rapport avec la coqueluche.

    Il est important de souligner que les raisons de l’augmentation de cas de coqueluche sont multifactorielles et pas uniquement liées aux refus de la vaccination qu'évoque l'honorable membre. N’oublions pas que le taux de couverture vaccinale est proche de 98 % pour les trois premières doses et de 90 % pour la quatrième dose. Les raisons de cette recrudescence de cas de coqueluches sont liées entre autres :

    * Au système de surveillance des maladies infectieuses avec :
    - une augmentation des déclarations des cas de coqueluche ; cette amélioration est le résultat, notamment de la collaboration avec les laboratoires de référence qui communiquent tous les résultats positifs à la cellule de surveillance des maladies infectieuses de la Communauté française depuis 2013.
    - une meilleure sensibilisation des médecins à l’existence et à la réémergence de la maladie qui a, sans doute, contribué à une augmentation des examens de laboratoire et du nombre de cas.
    Mais il faut néanmoins noter, que, malgré cette amélioration, il reste encore très probablement une sous-estimation du nombre réel de cas et qu’il est difficile, voire impossible de quantifier, à ce stade, la part réelle d’augmentation des cas de celle liée à une meilleure reconnaissance et déclaration des cas.

    * Au développement de meilleurs tests diagnostiques.
    * À la baisse de l’immunité avec le temps (y compris l’immunité naturelle postmaladie). Celle-ci est largement rapportée, souvent après 5 à 10 ans, mais les chiffres diffèrent selon les études. En fait, il n’existe pas encore de consensus au niveau international et scientifique pour établir avec certitude la durée de l’immunité vaccinale.
    * A la circulation du pathogène dans la population : des études mettent en évidence la présence d'un réservoir de Bordetella pertussis dans la population «saine» belge adulte. En fait, une nouvelle épidémiologie de la coqueluche apparaît dans les pays où les nourrissons sont bien vaccinés. Du fait de la perte de la protection vaccinale et faute de contact avec la bactérie, les adolescents et les adultes peuvent présenter une infection. Leur coqueluche est souvent atypique, peu ou pas diagnostiquée et donc non traitée à temps et ils contaminent les nourrissons très jeunes non vaccinés, en général leur propre enfant ou membre de leur famille.


    Le Conseil supérieur de la santé recommande depuis 2014 la vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes entre 24 et 32 semaines ainsi que la vaccination cocoon chez le partenaire ainsi que les adolescents et les adultes en contact avec un nouveau-né. Cette recommandation étant relativement récente, ses effets ne sont pas encore mesurables. Il est utile de noter à cet égard que, depuis le 1er janvier 2015, l’O.N.E. met gratuitement, via les médecins qui participent au programme de vaccination (essentiellement ici les généralistes et les gynécologues), le vaccin contre la coqueluche à disposition des femmes enceintes. Il faut encore lancer la communication vers les professionnels de santé qui participent au programme de vaccination.

    Quant à la question portant sur la nécessité d’informer le grand public sur les dangers d’une non-vaccination, je rappelle que la politique de vaccination chez les enfants (et donc sa promotion et l’information des publics cibles) est une compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) confiée à l’O.N.E. C’est donc à celle-ci qu’il incombe de décider les éventuelles mesures à prendre en matière de sensibilisation et/ou de responsabilisation des uns et des autres.