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L'hépatite A

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 291 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 12/02/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon La libre Belgique du 6 février dernier, on recenserait 16 cas d'hépatite A à cause d’une seule famille. « L’hépatite A est passée de 57 cas en 2013 à 128 cas en 2014. Il existe un vaccin, mais qui est plutôt administré lorsqu’on voyage dans des pays à risque. La maladie peut vite se propager puisqu’elle est contagieuse deux semaines avant que les premiers symptômes n’apparaissent. L’an dernier, 16 cas ont été comptabilisés dans le Hainaut, un papa a contaminé ses enfants, les enfants ont eux aussi contaminés certains camarades de classe. ».

    Quelles sont les pistes de prévention que Monsieur le Ministre conseille d’adopter dans un cas pareil ? Que faut-il mettre en place pour couper court à cette contamination ? Ne faut-il pas revoir la notion de pays ou de zone à risque ?

    Bref, tout cas d’hépatite A est un cas de trop : comment prévenir plus efficacement ?
  • Réponse du 26/02/2015
    • de PREVOT Maxime

    Pour rappel, l’hépatite A est une maladie virale qui se transmet principalement par voie féco-orale (transmission interhumaine) ou par la consommation de boissons ou d’aliments souillés, tels que les fruits de mer ou les crudités notamment lors d’un voyage.
    Les symptômes sont rares chez le jeune enfant (seuls 10 % des moins de 6 ans développent un ictère) et sont fréquents chez l’adulte. Un cas d’hépatite A est donc régulièrement asymptomatique chez un enfant, d’où la difficulté de le diagnostiquer. Le malade est contagieux environ 2 semaines avant l’apparition des symptômes et jusqu’à la disparition de ceux-ci.

    La Belgique, comme la plupart des autres pays européens, n’est pas reconnue par l’OMS comme étant un pays endémique pour l’hépatite A, son incidence étant bien en deçà des pays endémiques. Les pays les plus touchés se situent en Amérique centrale, en Amérique du Sud, en Afrique, en Inde, au Moyen-Orient et en Asie. Les taux les plus bas d’hépatite A sont enregistrés en Amérique du Nord, au Japon et en Europe de l'Ouest.

    Une partie des cas évoqués par la Libre Belgique du 6 février provenaient d’une contamination interhumaine en Belgique et les autres d’une contamination lors d’un voyage dans un pays endémique.

    Comme j’ai eu à le dire dans ma réponse à la question orale de Madame la Députée Sophie Pécriaux ce mois-ci, il n’est pas opportun de parler de recrudescence d’hépatite A en Wallonie, car cette maladie se présente souvent sous forme de petites épidémies très localisées, ce qui signifie que le nombre de cas déclarés d’hépatite A peut varier d’une dizaine de cas d’une année à l’autre. Selon le réseau de surveillance des laboratoires vigies, aucune recrudescence d’hépatite A n’a été enregistrée depuis 2009 en Belgique. Signalons d’ailleurs que deux pics d’hépatite A ont été observés durant cette dernière décennie: l’un en 2004 (n=375) et un autre en 2008 (n=357). Ils correspondent à deux épidémies : une en Flandre (270 en 2004 et 146 en 2008) et une à Bruxelles (164 en 2008).

    Pour répondre à la question, je rappelle les diverses mesures existantes en cas de déclaration de cas d’hépatite A.

    L’hépatite A est une maladie à déclaration obligatoire en Région wallonne : tout cas diagnostiqué doit être déclaré dans les 24h au médecin inspecteur d’hygiène. Les chiffres cités dans la presse proviennent d’ailleurs de la déclaration obligatoire.
    Lors de chaque déclaration, les mesures suivantes sont prises :
    * La réalisation d’une enquête épidémiologique et une collecte de données épidémiologiques : recherche d’une exposition à risque (voyage, consommation spécifique d’aliments à risque d’hépatite A,…) et enquête alimentaire en collaboration avec l’AFSCA si la source de l’infection parait être alimentaire ; recherche de personnes à risque d’être contaminées autour du cas déclaré (famille et collectivité) ; recherche d’autres cas symptomatiques autour du cas déclaré.
    * La recommandation d’une vaccination pour les personnes vivant sous le même toit si le premier contact avec le malade remonte à moins de 14 jours.
    * La recommandation de mesures d’hygiène autour du cas, c'est-à-dire le lavage des mains avant de manger et après être allée aux toilettes, éviter l’échange des verres, couverts, augmentation du nettoyage des toilettes, etc.
    * L’information des milieux collectifs concernés et la prise de mesures d’hygiène appropriées.

    Dans le milieu scolaire, il existe un arrêté du Gouvernement de la Communauté française relatif aux mesures de prévention des maladies transmissibles dans le milieu scolaire et étudiant (arrêté du 14 juillet 2011, modifié le 22 mai 2014) traitant notamment de l’hépatite A. Cet arrêté recommande, outre la déclaration de la maladie par le médecin scolaire aux médecins inspecteurs d’hygiène, toute une série de mesures préventives lors d’un cas d’hépatite A, par exemple l’éviction scolaire, la vaccination de certains cas de figure, la prise de mesures d’hygiène, etc.

    Quant à la vaccination systématique : celle-ci ne figure pas dans le calendrier vaccinal établi par le Conseil Supérieur de la Santé (CSS). Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a jugé insuffisant le rapport coût/efficacité d’une éventuelle vaccination universelle contre l’hépatite A à l’âge de 1 an. La vaccination aurait le rapport coût/efficacité le plus favorable chez les enfants de 1 à 12 ans voyageant dans des régions endémiques pour l’hépatite A. Le vaccin est cependant recommandé par le CSS pour les groupes suivants : les voyageurs vers les zones endémiques, les hommes homosexuels et bisexuels, les candidats à une transplantation hépatique, les patients atteints de pathologies chroniques du foie (patients atteints d’hépatite B et C), les hémophiles, les personnes en contact avec un patient atteint d’hépatite A, le personnel et les résidents d’institutions pour handicapés mentaux, les enfants et les adolescents d’émigrants qui retournent dans leur pays d’origine, les personnes qui sont actives et impliquées dans la chaîne alimentaire, les personnes en contact étroit avec un enfant récemment adopté qui provient d’un pays à haute prévalence d’hépatite A.

    Malgré ces mesures préventives, il est impossible d’éviter tous les cas d’hépatite A. Premièrement, une partie des cas sont des contaminations durant un voyage dans un pays endémique et si la vaccination est alors recommandée, elle ne peut en aucun cas être obligatoire.

    Deuxièmement, certaines difficultés sont rencontrées pour éviter au maximum la transmission de la maladie de personne à personne. Tout d’abord, les enfants étant souvent asymptomatiques, il est difficile de faire le diagnostic de la maladie qui se répand ainsi dans les milieux collectifs ou dans la famille. Ensuite, les petites épidémies rencontrées touchent régulièrement des familles précarisées pour qui l’adoption des mesures d’hygiène plus strictes est difficile et qui ne souhaitent pas toujours une vaccination.

    Enfin, il n’existe pas de zones plus à risque en Wallonie par rapport à l’hépatite A. Des cas sont retrouvés dans toutes les provinces.

    Au vu de l’ensemble de ces considérations, il peut être estimé que les mesures sont prises.