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L'accroissement de l'écart entre les riches et les pauvres

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 298 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 17/02/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    « L’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de croître. La crise financière n’y a rien changé. Et les politiques menées dans différents pays ont favorisé ces inégalités. L’an dernier, le 1 % le plus riche de l’humanité possédait 48 % du patrimoine mondial (insatiable richesse : toujours plus pour ceux qui ont déjà tout). En 2016, les richesses détenues par ce 1 % d’humanité franchiront le cap des 50 % du PIB planétaire. Aux États-Unis, le 1 % le plus riche a confisqué 95 % de la croissance postcrise financière depuis 2009, tandis que les 90 % les moins riches se sont appauvris. En Europe, les 10 % les plus riches ont vu leur part des revenus totaux augmenter. La richesse combinée des dix personnes les plus riches d’Europe dépasse le coût total des mesures de relance mises en œuvre en Union européenne (UE) entre 2008 et 2010 (217 milliards d’euros contre 200 milliards d’euros). Fiscalité de moins en moins redistributrice, car reposant en grande partie sur les seuls revenus du travail, mesures d’austérité, pressions fiscales sur les classes moyennes, réduction des budgets alloués aux politiques sociales. Ce fossé toujours plus grand n’est pas sans danger pour la démocratie. Cette répartition disproportionnée de la richesse pourrait générer à terme des tensions sociales, lesquelles pourraient conduire à un durcissement des politiques sécuritaires. Il est grand temps de rééquilibrer le partage du gâteau. »(Le Soir du 20 janvier 2015).

    Après avoir dressé le tableau sur le plan international, je souhaiterais savoir comment la situation se présente chez nous en Région wallonne.

    Quel est le pourcentage de la richesse wallonne et en particulier du patrimoine wallon, qui est entre les mains des 5 % des plus riches de la population wallonne ? Quel est le taux de Wallons qui vivent avec un revenu inférieur à 60 % du revenu médian (seuil de pauvreté) ? Quelles sont les catégories de ménages les plus exposées au risque de pauvreté ? Quelle en est l’évolution depuis l’éclatement de la crise en 2008 ?

    La Région wallonne est-elle compétente sur le plan fiscal pour instaurer un régime qui vise à plus d’équité fiscale (taxation des revenus, du capital, des richesses immobilières, …) ?
  • Réponse du 06/03/2015
    • de PREVOT Maxime

    Depuis plusieurs années, la Direction générale Statistique et Information économique du SPF Économie publie chaque année pour l’ensemble des Communes et des Régions des statistiques relatives aux revenus soumis à l’impôt des personnes physiques (IPP).

    Dans le cadre de cette publication, un indice de richesse (rapport entre le revenu moyen par habitant d’une commune ou d’une région avec le revenu moyen par habitant belge) est publié. L’indice de richesse de la Belgique équivaut à 100. Si l’indice de la commune ou la région est inférieur (supérieur) à 100, cela signifie que le revenu moyen par habitant de la commune ou de la région est inférieur (supérieur) au revenu moyen par habitant national.

    Au niveau régional, la tendance lourde est toujours la même : la Flandre dispose d’un indice de richesse de 106-107 alors que la Wallonie voit son indice de richesse tourner autour des 94-95. Au niveau communal, l’indice de richesse le plus élevé se retrouve soit dans certaines communes brabançonnes soit dans certaines communes de la périphérie liégeoise alors que l’indice le plus faible se retrouve généralement dans les communes du Hainaut.

    En septembre 2013, une étude sur la pauvreté en Belgique et Wallonie a été publiée par l’IWEPS sous l’intitulé « Regards sur la pauvreté et les inégalités en Wallonie ».

    En matière de pauvreté, le taux de risque de pauvreté est défini comme le pourcentage de la population disposant d’un revenu inférieur à un seuil placé à 60 % du « revenu équivalent médian national » (le revenu médian est le revenu qui partage en deux la population, notion que maîtrise l'honorable membre). Il s’agit d’un indicateur purement monétaire. Le revenu est constitué des revenus du travail, revenus du capital et de la propriété, des transferts sociaux directs.

    Cette étude nous apprend que le taux de risque de pauvreté est de 15,3 % en Belgique soit une personne sur sept. Ce chiffre se porte à 19,3 % pour la Wallonie, soit une personne sur cinq.

    En Wallonie, les groupes les plus fragilisés sont surtout les familles monoparentales, les isolés (hommes ou femmes), les chômeurs, les inactifs et les ménages à faible intensité de travail et les travailleurs pauvres (disposant de bas salaires).

    En Belgique le nombre de personnes concernées par la pauvreté était de 2.138.000 en 2008. L’objectif était d’arriver à 1.814.000 personnes pauvres en 2020. Ces chiffres sont évidemment des objectifs statistiques et les politiques visent à améliorer la situation de toute la population.

    Malheureusement, la crise économique nous a éloignés de cet objectif et l’effort qui reste à accomplir est encore plus grand.

    La notion de déprivation matérielle est également mise en exergue par l’IWEPS dans une étude récente. Avec un taux de 7,4 sur 10, la situation de la Wallonie est considérée comme sévère, sachant que le taux moyen de la Belgique s’élève à 5,7 sur 10. On parle de privation matérielle grave lorsqu'une personne n’est pas en mesure de faire face à au moins 4 des 9 situations suivantes :

    1) Payer un loyer ou des factures courantes ;
    2) Chauffer correctement son domicile ;
    3) Faire face à des dépenses imprévues ;
    4) Consommer de la viande, du poisson ou un équivalent de protéines tous les deux jours ;
    5) S’offrir une semaine de vacances en dehors du domicile ;
    6) Posséder une voiture personnelle ;
    7) Posséder un lave-linge ;
    8) Posséder un téléviseur couleur ;
    9) Posséder un téléphone.

    Au niveau fiscal, la Région wallonne dispose évidemment de certaines compétences pour lutter contre l’accroissement de l’écart entre les riches et les pauvres. Compétences accrues depuis la sixième réforme de l’État, la Région disposant par exemple d’une autonomie en matière d’impôt des personnes physiques.

    Le Ministre-Président a dans ses compétences la politique transversale de lutte contre la pauvreté. Je me dois donc de renvoyer l'honorable membre vers lui.

    Mais pour ce qui concerne mes compétences, j’ai mis l’accent sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités vécues par la famille monoparentale et sur la question de l’accès à l’habitat de qualité au travers de ma priorité en habitat permanent et des dispositifs d’accompagnement du « housing first »…