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Le binge drinking en Région wallonne

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 310 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 17/02/2015
    • de REUTER Florence
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    L’Agence intermutualiste (AIM) rapporte des données très inquiétantes quant aux ravages du binge drinking en augmentation chez les jeunes. En effet, les intoxications alcooliques peuvent être à l’origine de séquelles irréversibles chez les jeunes : la masse blanche dans le cerveau est détruite et ne se régénère jamais. Il existe aussi des conséquences d’une forte consommation d’alcool comme l’agressivité, les comportements sexuels à risque ou les accidents.

    De plus, la proportion d’adolescents entre 12 et 17 ans arrivant en état d’ébriété très avancée dans les services des hôpitaux belges est beaucoup plus importante en Wallonie. Le sud du pays serait plus laxiste par rapport à la consommation d’alcool.

    Quelles sont les pistes ou actions mises en place pour contrer ce phénomène en Région wallonne ?

    Comment expliquer l’ampleur du phénomène en Wallonie ?

    Comment responsabiliser les jeunes à une consommation d’alcool plus raisonnable ? Une collaboration existe-t-elle avec la ministre Milquet pour trouver des solutions au phénomène du binge drinking ?
  • Réponse du 06/03/2015
    • de PREVOT Maxime

    Dans notre pays, 2.376 jeunes de 12 à 17 ans en état d'intoxication alcoolique présumée se sont retrouvés à l'hôpital en 2013. Ce nombre est en augmentation par rapport aux années précédentes, rapporte l'Agence inter mutualiste (AIM) qui a mené l'enquête en collaboration avec l'Université et l'Hôpital universitaire d'Anvers.

    Chez les jeunes, ces admissions sont, le plus souvent, le résultat d'un binge drinking.
    La moitié des cas sont survenus pendant le weekend ou lors d'un jour férié. Environ 7 % des jeunes se retrouvent plus d'une fois par an à l'hôpital pour ce motif.

    L'intoxication alcoolique chez les jeunes n'est pas anodine. À plus long terme, le cerveau peut être endommagé avec, en corollaire, une diminution définitive du quotient intellectuel et des conséquences sur la capacité d'étude. Ce risque est sérieux et n'est pas encore suffisamment connu.

    Par la publication de ces chiffres, l'AIM, l'Université d'Anvers et l'hôpital universitaire d'Anvers (UZA) veulent sensibiliser les jeunes, tout en lançant un appel aux parents, aux mouvements de jeunesse et aux clubs sportifs pour qu'ils renforcent leur contrôle social. Notons que 20 pays de l'Union européenne appliquent déjà une interdiction d'alcool pour les jeunes de moins de 18 ans, tant dans l'HORECA qu'au niveau de la vente de boissons alcoolisées.

    L'AIM, l'Université d'Anvers et l'UZA plaident parallèlement pour la mise au point d'un système adéquat de collecte de données, afin d'obtenir une vue complète de l'ampleur et de la gravité de cette problématique.

    Le phénomène du binge drinking est connu depuis plusieurs années déjà dans notre pays. Il est un peu plus important chez les 12-17 ans en Wallonie :
    * 43 jeunes par tranche de 10 000 jeunes en Wallonie ;
    * 34 jeunes par tranche de 10 000 en Flandre ;
    * 19 jeunes par tranche de 10 000 à Bruxelles.

    Même si le phénomène est inquiétant pour toutes les raisons qu'évoque l'honorable membre (séquelles irréversibles, etc.), j’estime que le travail de prévention mis en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles est à souligner tout en rappelant que la prévention concernant les mineurs d’âge reste de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

    Comme je le précisais précédemment, la stratégie privilégiée en promotion de la santé vise à agir sur l’ensemble des facteurs qui incitent les jeunes à consommer de l’alcool :
    - l’accessibilité à l’alcool ;
    - les représentations sociales liées à sa consommation ;
    - l’impact de la publicité, du marketing, du packaging (ex : berlingots d’alcool qui imitent le packaging des berlingots de compote pour enfants), etc. ;
    - l’importance du lobby des alcooliers ;
    - les raisons qui poussent certains jeunes à consommer l’alcool de manière abusive.

    Les données révélées par l’AIM semblent indiquer que les jeunes en situation plus précaires seraient davantage touchés par le risque d’alcoolisation importante. Ce point mérite d’être approfondi afin de savoir si le travail de prévention ne doit pas s’étendre au-delà des écoles et des clubs sportifs.

    Je rappelle que l’ASBL Univers Santé (ASBL, implantée sur le site de l’Université de Louvain-la-Neuve) réalise un travail remarquable que la Région continue à financer. Cette association pilote notamment un réseau d'associations « Jeunes, alcool et société », réseau qui regroupe 12 associations actives auprès des jeunes. Ce réseau est notamment chargé de définir des stratégies et des actions de plaidoyer visant à mieux faire connaître le problème et à proposer des pistes de solution telles que celles qui figuraient dans le « plan alcool ».
    J'invite l'honorable membre à visiter le site web « jeunes et alcool » pour qu'elle se rende compte de la qualité du travail déjà réalisé : www.jeunesetalcool.be.

    Par ailleurs, différentes associations de prévention des assuétudes offrent aux institutions (écoles, AMO, maisons de quartier, etc.) des formations, des accompagnements de projets et des outils pour travailler la question des consommations avec les jeunes.
    La Wallonie en finance actuellement déjà plusieurs d’entre elles dans le cadre du transfert des compétences en « promotion de la santé pour les adultes » vers les Régions : Infor Drogues, Citadelle, le service prévention de la Ville de Mons, Nadja, Prospective Jeunesse, etc.

    Comme je l’ai également dit précédemment, je suis disposé à collaborer tant avec le Fédéral (modification éventuelle de la législation) qu’avec la Fédération Wallonie-Bruxelles compétente en la matière afin d’atténuer au maximum les dérives alcoolisées de certains adolescents et jeunes adultes.