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L'e-consommation

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 119 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 17/02/2015
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    L'économie se diversifiant toujours davantage, l'e-commerce est devenu une pratique d'achat confirmée bien plus qu'une tendance. Les derniers chiffres publiés par COMEOS (Fédération du commerce et des services) semblent indiquer clairement que le Belge fait de plus en plus ses achats en ligne.

    Ces chiffres sont suffisamment significatifs pour qu'en cette période de crise, nous prenions la peine de nous y intéresser et d'envisager de nouvelles pistes pour, d'une part, proposer des pistes utiles aux acteurs wallons actifs dans les métiers du commerce - que ce soit en qualité de grossistes ou de détaillants - et, d'autre part, inscrire durablement la Wallonie sur le chemin de la croissance en offrant à ses citoyens des produits et services conformes à leurs attentes.

    COMEOS indique que le chiffre d'affaires du commerce en ligne connaît une croissance de quelque 15 %, pour culminer à quasiment 5,62 milliards d'euros. Ce montant équivaut à 6,44 % du chiffre d'affaires total du commerce belge. Il équivalait à 5,6 % de ce total en 2013. COMEOS s'accorde pour dire que le comportement d'achat concerné devient « normal ». Elle qualifie cette tendance d'évolution positive.

    Si l'évolution est positive, convenons toutefois que chaque médaille a son revers. Si le citoyen belge effectue ses achats en ligne, il semble que ses achats ne se font pas nécessairement en Belgique.

    C'est sur ce champ que porte ma question.

    COMEOS observe que le Belge consomme en moyenne 30 % local. On peut aisément supposer que, si l'on extrapole ces chiffres au niveau wallon, ils ne devraient pas varier sensiblement, tandis qu'aux Pays-Bas, la consommation « locale » est de l'ordre de 72 %, pour 51 % en France.

    L'objet de ma question vise à savoir comment favoriser l'émergence d'une e-offre locale étendue.

    Monsieur le Ministre pourrait-il m'indiquer comment, selon lui, il serait possible d'inciter les acteurs wallons à être davantage présents sur le e-commerce ? Pourrions-nous, à l'instar des incitants visant à favoriser la consommation locale, étendre cette pratique à l'e-commerce ? Comment pourrions-nous par ailleurs aider de petits acteurs locaux à ouvrir une vitrine sur le web ? Ne pourrions-nous pas, dans ce cadre, envisager, comme il existe des centres favorisant le co-working, la création d'une plateforme numérique simple et accessible favorisant le co-e-Business ?
  • Réponse du 07/05/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Dans son dernier baromètre TIC de la Wallonie, l’Agence du Numérique s’est intéressée spécifiquement au développement de l’e-commerce en Wallonie. Toutes les informations relatives au dernier baromètre entreprises se trouvent sur son site.

    L’agence a identifié 10 % d'entreprises wallonnes vendant en ligne (B2C et B2B) en Wallonie. C'est un petit point de mieux qu'en 2012.

    Il n'est pas aisé pour une entreprise belge, a fortiori wallonne, de répondre à toutes les exigences des cyberconsommateurs. Notre marché intérieur est petit, de même que la taille de ses entreprises. Les acteurs belges de l'e-commerce n'ont pas les moyens de rivaliser avec les grandes enseignes généralistes qui pratiquent des prix très bas, en raison des gros volumes commandés.

    Cela se marque particulièrement au niveau du prix du transport et de la gestion de la logistique en flux tendu. Le coût de ces deux postes est plus que jamais hors de portée des PME qui veulent se lancer dans l'e-commerce. De plus, nos PME n'ont pas toujours la culture du partenariat qui leur permettrait de grouper leurs volumes pour obtenir des prix abordables en la matière.

    Enfin, le tableau de bord de la stratégie numérique de l'UE pour 2015 montre que la Belgique n'est pas une exception en ce qui concerne la difficulté de ses entreprises à vendre en ligne. En effet, l'ensemble des petites entreprises européennes (employant moins de 250 travailleurs) est à la traîne en matière d'e-commerce puisque seulement 14 % vendent en ligne alors que l'objectif de l'UE pour 2015 était de 33 %.

    L’Agence du numérique a demandé aux 90 % d'entreprises wallonnes ne vendant pas en ligne les raisons de ce choix. L'inutilité perçue de la vente en ligne par rapport à l'activité de l'entreprise reste un frein majeur. Le travail de sensibilisation des dirigeants d'entreprise au potentiel des TIC en matière de développement du chiffre d'affaires et de la productivité reste vraiment nécessaire.

    Les freins évoqués par les entreprises sont les suivants :
    * pas de nécessité d'accroître la visibilité de l'entreprise, canal de vente inutile ou inadapté à l'activité (53 % des entreprises qui ne vendent pas en ligne) ;
    * offre de produits et services sur mesure ou alors périssables inadaptés à la vente en ligne (16 %) ;
    * problèmes logistiques liés à l'e-commerce (stockage, transport et livraison) (16 %) ;
    * coût d'un bon site de vente en ligne (16 %) ;
    * coût de la réorganisation du travail à cause du site de vente (6 %) ;
    * déjà suffisamment de commandes en cours (6 %) ;
    * difficulté à gérer les retours de marchandises (5 %) ;
    * manque de confiance dans la sécurité des paiements électroniques (4 %) ;
    * concurrence entre les magasins et le site (3 %) ;
    * difficulté de trouver des partenaires dans le cadre des projets d'e-commerce (1 %).

    Relevons que l'appellation « offre de produits/services sur mesure » résulte souvent d'une perception erronée de la spécificité de ceux-ci. Beaucoup sont en fait des produits/services standard que l'on peut paramétrer selon les souhaits du client. Un site web bien conçu permettrait dans certains cas de prendre en charge de façon plus souple et économique ce paramétrage et, partant, d'apporter une plus-value dans le service au client.

    À ces freins perçus, on peut également ajouter des obstacles structurels et économiques au commerce électronique en Wallonie :
    - la petite taille des entreprises (dont 94 % emploient moins de 50 travailleurs) ;
    - le degré moyen de technophilie des principaux secteurs de l'économie régionale (industries, construction, commerce de détail) qui ne favorise pas l'expansion de l'e-commerce ;
    - la volonté d'une partie des TPE de conserver le même niveau de taille et de volume de clientèle, pour ne pas être confrontées aux difficultés de croissance d'une entreprise (recrutement de personnel qualifié, augmentation et complexification des démarches administratives, nécessité d'automatiser les processus de travail, nécessité de professionnaliser le stockage et la logistique, etc.).

    La vente en ligne de produits locaux se fait souvent soit directement via les sites des producteurs soit via des plateformes de ventes en ligne. En Wallonie, plusieurs initiatives de vente en ligne de produits locaux, la plupart alimentaires, existent : Made In BW, La Grelinette, CPL Promogest, Paysans-Artisans, Topino, e-Farmz, la Ruche qui dit oui, LeClicLocal, Li terroir … Le développement de ces plateformes de vente en ligne se frotte souvent à des problématiques de logistique. En effet, la logistique nécessaire à l’organisation de ce type de circuit de vente peut-être lourde au niveau financier et organisationnel.

    À côté de ces plateformes de ventes, ils existent également des initiatives telles que Local Eat, TerroirLux.be, circuit-court.be,… qui font du référencement des circuits courts et des producteurs locaux.

    Le Centre de Référence des Circuits courts de l’Agence de l’Entreprise et l’Innovation a réalisé une capsule sur Topino, qui est une plateforme de vente en ligne de produits locaux, visant à susciter l’envie chez des entrepreneurs de travailler en circuit court. Cette dernière sera disponible dans les prochaines semaines.

    Venons-en au programme « Dynamisation commerce » mené par l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation.

    Les ateliers thématiques organisés en 2014 ont regroupé 651 participations représentant un peu plus de 430 commerces répartis sur l'ensemble de la Wallonie.

    Par ailleurs, il faut également mentionner qu’en 2013 et 2014, l’Agence du Numérique s’est largement investie dans un partenariat avec l’UCM dans le cadre d’une action de sensibilisation pour le développement de l’e-commerce chez les indépendants et dans les TPE/PME, les AfterWorks de l’UCM.

    De nombreux ateliers et conférences ont été organisés aux 4 coins de la Wallonie, et notamment à Tournai, Liège, Bastogne, Saintes, Nivelles, Mons, Wavre, Jodoigne, Visé, Namur, Limelette, Hannut, Sambreville, … L’Agence du Numérique les a tous animés, essentiellement en soirée afin de toucher le public le plus large possible et plusieurs centaines de participants y ont assisté. Les informations relatives à cette action sont accessibles sur awt.be/ucm.

    L’un des messages clés était de sensibiliser ce public particulier que l’Internet et plus particulièrement le marketing digital n’est pas uniquement réservé qu’aux entreprises qui pratiquent l’e-commerce, c’est-à-dire qui vendent en ligne.

    L’Agence du Numérique a largement insisté sur le phénomène de ROPO (Resarch Online, Purchase Offline) qui illustre le fait que ne pas être visible en ligne revient pour un commerce traditionnel, même de proximité, à fermer son magasin physique.

    Mais elle a également encouragé ces mêmes commerçants à se lancer dans l’e-commerce, notamment via la mise en lumière de plusieurs succès stories d’e-commerçants wallons.

    Enfin, un accent particulier a été mis sur le commerce connecté. En effet, le numérique envahit désormais les magasins physiques, notamment via les technologies mobiles.

    Plusieurs études récentes relatives à l'évolution du commerce en ligne, notamment celle de la FEVAD en France, tendent à montrer que le magasin physique revient en force dans les habitudes d'achats des consommateurs. Néanmoins, ce magasin physique ne sera plus jamais le même, car le smartphone y joue désormais un rôle essentiel.

    Dans le cadre de la nouvelle organisation de l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation et sa filiale l’Agence du Numérique, il conviendra d’examiner les possibilités de mise en commun de ces deux initiatives afin de donner une plus grande cohérence aux soutiens des commerçants en matière d’e-commerce.

    Enfin, le volet e-commerce sera également abordé dans le cadre du plan de transition numérique auquel je travaille actuellement.