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La gestion des économies à l'AWEx

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 120 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 17/02/2015
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Sans conteste, la Wallonie dispose d'avantages pour rivaliser avec d'autres régions auprès d'investisseurs étrangers. Il en est de même pour celles et ceux qui souhaiteraient exporter le savoir-faire wallon au-delà de nos frontières. C'est à ce titre que l'AWEx organise avec un certain succès différentes missions.

    L'essentiel de l'économie wallonne reposant en grande partie sur ses relations avec l'extérieur, nous sommes persuadés que la mise en place de politiques visant à renforcer et améliorer la présence de la Wallonie et de ses entrepreneurs comme des partenaires fiables, pour tout qui souhaiterait établir des ponts commerciaux avec notre région, est la clé de voûte de l'édifice économique wallon.

    Toutefois, il semblerait que l'AWEx se trouve elle aussi confrontée à une logique d'austérité budgétaire, la conduisant à revoir ses priorités. Faire mieux avec moins semble être devenu un leitmotiv, mais cette formule suscite chez moi quelques craintes que je vous demanderais de bien vouloir lever.

    Que nous soyons dans un contexte économique qui nous oblige à faire preuve de rigueur et de prudence, je peux le concevoir. Là où par contre, je m'interroge, c'est sur l'efficience qu'il y aurait à faire des économies dans des secteurs qui sont porteurs et créateurs de richesse.

    Mme Delcomminette, Administratrice générale de l'AWEx, indique que les exportations représentent 70 % du chiffre d'affaires des entreprises exportatrices. Dès lors, réduire les moyens de l'AWEx, ne risque-t-il pas d'avoir pour conséquence une fragilisation de nos entreprises dans un contexte géo-économique difficile ?

    Ainsi, parmi les 151 actions prévues en 2015 par l'AWEx, il serait envisagé d'augmenter le prix de participations aux foires. Cette mesure ne va-t-elle pas à l'encontre de l'objectif fixé par l'AWEx de se concentrer sur les PME de moins de cinq ans ? Augmenter l'accès à des foires, alors que les finances de ces jeunes PME sont encore fragiles, cela ne ressemble-t-il pas à ces superbes vitrines de Noël dont nombre d'enfants malheureux ne pourront jamais se payer le contenu ?

    La Région wallonne, via par exemple la Walcofin, ne pourrait-elle pas contribuer à compenser, notamment grâce à un emprunt à intérêt zéro, les difficultés que nombre de PME désireuses d'exporter rencontreraient à mobiliser les moyens financiers nécessaires pour être présentes lors de foires auxquelles l'AWEx participe ?

    Je gage que le Gouvernement et les entreprises pourraient, en s'accordant efficacement et donc en évitant des dilutions de moyens, s'inscrire sur les chemins pérennes de la rentabilité et obtenir des bénéfices pouvant être affectés à l'optimalisation de la présence de nos entreprises wallonnes à l'échelle mondiale.
  • Réponse du 23/03/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Cette question me donne l’occasion de faire le point sur le plan d’économies de l’AWEx en 2015 et de démontrer que ces réductions budgétaires n’affectent pas la capacité d’action de l’AWEx à promouvoir et à soutenir le développement international des firmes wallonnes.

    S’inscrivant pleinement dans le plan d’économies du Gouvernement wallon pour faire face aux nouveaux défis budgétaires de la Région, la dotation de fonctionnement de l’AWEx sera réduite de 5 % en 2015.

    Dans ce contexte d’assainissement budgétaire, suite à une analyse stratégique et opérationnelle interne, l’AWEx a décidé de prendre des dispositions utiles pour :
    * rationaliser les frais de fonctionnement généraux ;
    * améliorer la gestion des actions en faveur des entreprises ;
    * repositionner le réseau des Attachés économiques et commerciaux ;
    * réformer les incitants financiers disponibles pour les entreprises pour les rendre plus adéquats aux besoins des acteurs économiques wallons.

    Il ne s’agit donc pas d’économies linéaires, mais d’économies ciblées établies sur base d’un monitoring permanent de la situation budgétaire.

    En ce qui concerne les frais de fonctionnement généraux, l’AWEx a mis en place un plan d’économies correspondant à des réductions de l’ordre de 10 % en 2015 réalisées sur la téléphonie, l’informatique, les frais d’expédition, les frais de représentation, la gestion de l’économat, l’achat de consommables et sur les acquisitions patrimoniales de la logistique.

    Au niveau des dépenses relevant des missions statutaires de l’Agence (accroissement de la capacité d’exportation des entreprises), il a été décidé d’optimiser les recettes et les dépenses en lien avec la gestion des actions en faveur des sociétés exportatrices, de réduire certains frais de fonctionnement du réseau AEC et de démarrer progressivement la simplification des incitants.

    Les incitants financiers pour les entreprises exportatrices seront réduits de 6,0 % en 2015, mais cela va aller de pair avec le démarrage d’une réforme des incitants qui simplifie les procédures administratives, en accordant plus d’autonomie aux entreprises dans le cadre de leur démarche à l’export, et qui donne un coup de pouce à l’internationalisation des starters (PME de moins de 5 ans), en particulier, sans défavoriser, pour autant, les autres entreprises wallonnes.

    Concernant la gestion des actions, l’AWEx a décidé de revaloriser, à partir du 1er juillet 2015, les droits de participation des entreprises aux collectivités wallonnes et aux stands de prospection organisés dans le cadre de foires internationales. Ces droits n’ont plus été adaptés depuis 2005. Si nous tenons compte d’une inflation cumulée proche de 20 % sur les neuf dernières années, ces droits ont été actualisés de 250 à 300 euros (stands de prospection), de 500 euros à 600 euros et de 1.000 à 1.200 euros (pour les collectivités en fonction de la taille de l’entreprise).

    De façon générale, les dépenses relatives au programme d’actions 2015 diminueront de 3,9 %, mais cela s’explique principalement par la réduction des missions princières qui ne nous est pas imputable. Le nombre d’actions proposées (151) aux entreprises wallonnes en 2015 est effectivement inférieur à celui des deux années précédentes. Toutefois, cela n’affecte aucunement l’étendue de la couverture géographique et sectorielle des actions de l’AWEx. Le programme d’actions 2015 couvre 25 secteurs d’activités différents et vise 72 pays. La volonté de l’AWEx est claire : proposer à un maximum d’entreprises, qu’elles soient grandes ou petites, nouvellement exportatrices ou aguerries à l’international, une offre de services la plus diversifiée possible. Et ainsi, selon le principe de service public universel, répondre aux besoins de chacun.

    Sur le plan géographique, l’AWEx, fidèle à sa mission fondamentale de diversification géographique des exportations wallonnes, continue à stimuler en 2015 la promotion des ventes des entreprises au-delà de leurs sphères commerciales européennes traditionnelles vers les marchés dits à la grande exportation à fort potentiel de développement. En 2015, plus de 65 % du programme d’actions commerciales sont réalisés dans des régions situées à l’extérieur de l’UE15. La volonté d’amplifier la présence des firmes wallonnes sur des marchés plus lointains et difficiles se traduit par l’organisation de 25 actions dans les poids lourds de l’économie mondiale émergente que sont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

    Parmi les marchés à la grande exportation, une attention toute particulière est portée à l’Extrême-Orient avec 33 actions (22 % du programme) qui constitue encore le premier pôle de croissance de l’économie mondiale. Le Proche et le Moyen-Orient sont la cible de 13 actions, tandis que les pays d’Afrique feront l’objet de 15 actions en 2015, dont 4 en Afrique du Nord. Les marchés d’Europe centrale et orientale, avec 19 actions prévues, sont également largement pris en considération. Quant à l’Amérique du Nord et l’Amérique latine, l’AWEx y propose dans ces zones respectivement 10 et 4 actions aux entreprises wallonnes en 2015.

    La stratégie de l’AWEx sur le plan géographique va donc dans le sens d’une intensification de ses actions à la grande exportation hors des sphères commerciales habituelles européennes. Les marchés émergents représentent un facteur de croissance essentiel pour nos exportateurs en fournissant des perspectives de demande dynamique et en limitant leur dépendance commerciale vis-à-vis des grands pays voisins au sein de l’UE.

    Sur le plan sectoriel, l’AWEx, respectant sa philosophie de service universel, offre ses services d’aide à l’exportation aux firmes de toutes tailles et œuvrant dans tous les secteurs d’activités. Toutefois, en conformité avec la politique régionale de développement des clusters et des pôles de compétitivité, l’AWEx vise à renforcer en 2015 son approche sectorielle dans la prospection des marchés étrangers en encourageant des démarches internationales communes avec les regroupements sectoriels. À titre d’exemple, nous allons réaliser 37 actions en collaboration avec les clusters et pôles de compétitivité wallons, soit 25 % du programme, et cela, sans préjudice des actions mises en œuvre à destination des autres secteurs wallons.

    Le programme d’actions 2015 couvre 25 branches d’activités différentes. En prenant en compte les activités couvertes par les pôles de compétitivité et les clusters wallons, l’AWEx reste très attentive à la promotion des créneaux à haute valeur technologique que sont les biotechnologies, les produits médicopharmaceutiques, les additifs alimentaires, les technologies environnementales, les technologies énergétiques durables, les nouveaux matériaux, la mécatronique, les technologies de l’information et de la télécommunication, les équipements pour la sécurité et le contrôle et le matériel aéronautique et aérospatial. Regroupées, ces activités qui sont représentées par une génération d’entreprises wallonnes innovantes et dynamiques forment une catégorie dont le poids correspond à près de 30 % du programme d’actions. Il faut particulièrement relever le nombre élevé d’actions (20) qui sont réalisées en 2015 dans le secteur des biotechnologies et des sciences du vivant.

    En termes de financement, l’AWEx disposera également en 2015 de dotations issues du plan Marshall 4.0. Dans ce cadre, l’AWEx a soumis au Gouvernement wallon plusieurs propositions de mesures concertées avec plusieurs opérateurs publics régionaux, tels que WBI, l’AEI, la SOWALFIN et l’Agence du Numérique. Elles visent en priorité à accroître l’internationalisation des acteurs wallons et d’optimaliser l’imbrication de la Wallonie dans les flux commerciaux et d’investissements mondiaux, afin d’induire le maximum d’impact positif pour l’activité et l’emploi en Région wallonne.

    Parmi les mesures proposées, huit sont des mesures poursuivant des éléments structurants du plan Marshall 2.vert qui étaient sous la responsabilité et le financement de l’AWEx de 2010 à 2014. Ces huit mesures totalisent un budget de 4 millions d'euros en 2015 et couvrent les domaines d’actions suivants :
    - former les jeunes wallons aux métiers de l’international en collaboration avec les entreprises wallonnes exportatrices (pérennisation des dispositifs du programme EXPLORT) ;
    - poursuivre le soutien à l’internationalisation des pôles de compétitivité ;
    - optimaliser la recherche d’investisseurs étrangers dans les secteurs des pôles en s’appuyant sur les experts-prospecteurs et la veille informationnelle ;
    - renforcer l’internationalisation de la recherche et de l’innovation wallonne par un réseau international d’agents de liaison scientifique (déployé et géré par WBI) ;
    - favoriser la croissance internationale des PME wallonnes via un dispositif de « chèques coaching export » ;
    - renforcer la notoriété internationale de la Wallonie au travers de la politique de marque régionale ;
    - stimuler l’attractivité économique de la Wallonie au travers des « Welcome Offices Invest ».

    En termes de financements alternatifs, l’AWEx, via son partenariat avec la SOWALFIN et la SRIW dans la SOFINEX, met également à la disposition des entreprises wallonnes des instruments de financements internationaux auprès des institutions internationales et des banques de développement (Banque Mondiale, BAD, BEI, BERD…) qui contribuent au financement des exportations et des investissements. On peut citer :
    - les Fonds fiduciaires auprès des banques de développement permettant de valoriser l’expertise de nos consultants et/ou nos bureaux d’études ;
    - le Fonds Pays Émergents permettant d’améliorer la compétitivité de nos entreprises face à la concurrence internationale par l’octroi d’une aide de 35 % conformément aux prescriptions internationales en la matière ;
    - la garantie facilitant l’octroi par une banque à une entreprise d’un crédit afin de réaliser une opération d’exportation et/ou d’investissement ;
    - le financement direct permettant, par exemple, la création d’une filiale à l’étranger.

    Il est indéniable que ces partenariats nous permettent ainsi de créer un effet de levier pour les entreprises wallonnes, ce qui est capital dans un contexte de restrictions budgétaires.

    En conclusion, il est clair que même si l’effort budgétaire imposé est loin d’être négligeable, l’AWEx a réussi à préserver sa capacité d’action à soutenir le développement international des firmes wallonnes et les créations d’emplois qui y sont liées.