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L'intégration de l'imprimante 3D dans le système économique

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 124 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 17/02/2015
    • de DURENNE Véronique
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    De plus en plus, l’essor de l’imprimante 3D est mis en avant. Certains, dont d’éminents Professeurs universitaires, n’hésitent pas à avancer que celle-ci constitue le chainon manquant à l’apparition d’une nouvelle ère économique.

    En effet, l’imprimante 3D permettra à l’avenir, une certaine production personnelle d’objets, et ce, directement chez soi. Évitant ainsi l’ensemble des coûts liés à la manutention, au transport, etc.

    Si elle peut à la fois faire peur en termes de disparition d’emploi par exemple, elle peut aussi être une opportunité pour l’ensemble de la société. Elle accompagne, de manière plus générale, l’apparition d’une certaine transversalité des éléments de la société comme le pouvoir, la connaissance et l’énergie.

    La question de l’emploi et du maintien de l’emploi n’en reste donc pas moins, en réalité, celle des revenus d’un ménage. Comment dès lors, compenser les pertes d’emploi, si tant est qu’il y en ait, dues à ce tournant industriel par la mise en place de revenus alternatifs ? N’est-il pas opportun, par exemple, de pousser les gens à investir davantage dans l’économie réelle pour s’assurer ainsi des revenus supplémentaires, voire pour se passer d’un emploi ?

    Quelle est l’analyse de Monsieur le Ministre sur la question ? Quel crédit donne-t-il à l’imprimante 3D ?

    Comment dès lors, le Gouvernement entend-il intégrer de manière efficace ce nouvel outil dans les référentiels systémiques actuels ? Comment le Gouvernement voit-il à moyen et long termes l’intégration de ce nouveau type d’outils dans l’économie de manière plus large ?

    Quel cadre le Gouvernement va-t-il mettre en place pour permettre le développement de l’imprimante 3D, aussi bien dans les entreprises que chez l’individu ?

    Pour l’heure, combien d’entreprises se sont lancées dans le développement d’imprimantes 3D en Wallonie ? Que représente actuellement ce marché, tant en termes d’emploi que de revenus ? Quel est le profil, en Wallonie, des utilisateurs de l’imprimante 3D ? Des hôpitaux, des entreprises privées, des ménages ?
  • Réponse du 07/05/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’impression 3D est véritablement au cœur de la transformation digitale et ouvre des perspectives nouvelles pour l’industrie ou la logistique. En soi, la « fabrication additive » n’est pas une innovation technologique récente, puisque le procédé existe depuis près de 30 ans.

    L’explosion de cette technologie résulte essentiellement de deux facteurs :
    - l’Internet, qui favorise la création et le partage de fichiers 3D ;
    - l’apparition d’imprimante 3D grand public.

    En outre, l’impression 3D rencontre le besoin toujours plus important de personnalisation des produits, ce qui implique des fabrications en très petites quantités qui sont difficilement gérables par les systèmes de production traditionnels.

    Bien que disponibles à prix abordables, les imprimantes 3D de qualité ne sont pas encore véritablement répandues dans le grand public.

    Au niveau des secteurs industriels, on peut souligner l’intérêt particulier pour :
    * l’aéronautique, qui nécessite des pièces légères, souvent complexes et en faibles quantités ;
    * le secteur médical, et plus particulièrement la fabrication d’implants ou prothèses (appareils auditifs ou d’orthodontie, reconstruction faciale, …) ou encore d’outils chirurgicaux spécifiques ;
    * le secteur créatif (bijoux, coques de GSM, photogrammétrie/photo en 3D, statuettes, etc.) ;
    * les industries nécessitant des maquettes : architecture, design, ….

    Au niveau wallon, l’Agence du numérique suit de près à la fois les nouveaux usages, mais aussi différentes startups telles que, par exemple, l’entreprise namuroise Vigo-Universal, lauréate des Gazelles 2014 du Trends Tendances. Il convient toujours de distinguer les usages liés à une imprimante 3D « grand public » et la production professionnelle de modèles d’objets tridimensionnels.

    Ceci ouvre notamment la voie à des logiques de lieux de fabrication, comme les Hub Creatifs ou les Fab Labs déployés en Wallonie. Plusieurs d’entre eux sont d’ores et déjà ouverts et accessibles à Liège, Mons, Namur, …

    On peut notamment souligner des initiatives telles que RAIS3D à Charleroi ou bien encore le ReplicationCenter à Namur.

    Ceux-ci sont destinés aux architectes, concepteurs industriels, responsables marketing, artistes, designers, particuliers, etc. En outre, au travers de cette technologie, il est désormais possible d’imaginer la création de labels du type « fabriqué localement ». En outre, il y a un effet positif de réduction de l’empreinte écologique et sociétale.

    En Wallonie, du côté industriel, l’un des acteurs significatifs est Sirris. Ce centre de R&D dispose d’une expertise remarquable ne matière d’« additive manufacturing ». Il dispose à Liège et à Charleroi d’une quinzaine d’imprimantes 3D professionnelles (coût entre 50.000 et 500.000 euros) qui sont mises à disposition dans le cadre de projets de recherches développés par des entreprises locales.

    Dans le cadre du développement de la plateforme digitale pour la Wallonie dénommée digitalwallonia.be, l’Agence du Numérique mettra en œuvre une cartographie des entreprises et acteurs ICT de Wallonie, notamment organisés par grappes technologiques. L’une d’elles concernera les acteurs de l’impression 3D. Cette nouvelle plateforme sera mise prochainement en ligne.

    Il ne faut donc pas voir l’impression 3D comme une menace pour l’économie et l’emploi, mais plutôt comme un levier de réindustrialisation pour la Wallonie, dans une logique d’Industrie 4.0, logique qui est d’ailleurs présente au cœur du plan Marshall 4.0.