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Le phénomène de burnout dans les entreprises wallonnes

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 130 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 26/02/2015
    • de REUTER Florence
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Depuis septembre 2014, le burnout est reconnu par la loi. L’employeur se doit de prendre des mesures de prévention pour éviter les risques psychosociaux, alors que l’employé peut plus facilement demander de l’aide.

    En l’espace de trois ans, il y a eu une évolution significative dans la pression du travail, la contrainte des trajets domicile-travail et la charge physique, selon une experte-chercheuse dans les ressources humaines. Dans le pire des cas, le stress débouche sur un burnout.

    Ce phénomène en évolution croissante présente des conséquences pour les entreprises : des employés moins efficaces et plus souvent absents. Ce qui représente un coût pour l’employeur qui peut atteindre plus de 20 000 euros par travailleur.

    Selon Securex, certaines entreprises ont décidé de ne pas fermer les yeux sur ce phénomène et parviennent à réduire le nombre de cas de burnout en menant une politique de prévention, de soutien et d’information.

    Une enquête belge sur le burnout des travailleurs en entreprise révèle que 37 % des travailleurs wallons ressentent un excès de stress. C’est beaucoup plus qu’en Flandre ou en Région bruxelloise.

    Malgré que la prévention des risques psychosociaux dont le burnout est une matière fédérale, Monsieur le Ministre peut-il nous préciser si certains mécanismes sont mis en place dans nos entreprises wallonnes ? Comment explique-t-il que c’est dans notre Région que l’on retrouve le nombre le plus élevé de cas de burnout ? A-t-il eu des contacts avec le ministre de la Santé, M. Prévot, ou encore avec son homologue au Fédéral à ce propos ? Si oui, qu’en ressort-il ?
     




  • Réponse du 23/03/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    L’évolution des conditions de travail a été marquée ces dernières années par des changements organisationnels au sein des entreprises. Une des modalités de changement a été d’accroître la flexibilité du travailleur dans le but de maintenir la rentabilité et de garantir une certaine compétitivité des entreprises. Cette évolution peut avoir des répercussions sur le bien-être des travailleurs en entraînant, notamment, des manifestations individuelles d’épuisement professionnel, également appelées burn-out. 

    Les chiffres relatifs au burn-out sont à prendre avec précaution et il me paraît délicat de commenter des pourcentages sans disposer de précisions quant à l’identification des situations.

    Depuis le 1er septembre 2014, la législation fédérale relative au bien-être des travailleurs a été renforcée. Désormais, la prévention concerne tous les risques psychosociaux, y compris le stress ou le burn-out. Cette nouvelle réglementation met l’accent sur l’importance de la prévention, en particulier au niveau de l’organisation du travail.
    Ainsi, lors de la mise en œuvre de la politique globale de prévention, l’employeur doit tenir compte de tous les risques psychosociaux dans son plan global de prévention.


    Tous les employeurs sont tenus de mener une politique active de prévention du stress. Cela signifie qu’ils doivent détecter les risques de stress éventuels liés au contenu du travail, à l’environnement de travail, aux conditions de travail et aux relations de travail et prendre ensuite les mesures adéquates pour éviter les situations de stress et y remédier.

    Si la réglementation incite les entreprises à développer des mesures utiles pour lutter contre ce phénomène, il n’en reste pas moins que tous les patrons ne prennent pas suffisamment en compte le syndrome d’épuisement professionnel. Il est important de conscientiser les entreprises pour qu’elles relèvent le défi.

    L’administration fédérale, à partir d’une recherche, a mis au point un outil de détection précoce du burn-out et a formulé des pistes de recommandation en matière de prévention. La synthèse de cette recherche est disponible sur le site du SPF Emploi (www.emploi.belgique.be).

    Par ailleurs, des entreprises wallonnes se sont déjà vu récompenser pour des initiatives prises en matière de lutte contre le stress ou le burn-out.
    Sous la précédente législature, le SPW a mené une enquête concernant le bien-être des travailleurs et a identifié des mesures à mettre en place pour améliorer ce bien-être. À titre d’exemple, les travailleurs belges de certaines entreprises se voient proposer du télétravail ou des horaires calqués sur la garde des enfants. En Allemagne, certaines sociétés interdisent aux travailleurs la consultation de leurs mails en dehors des heures de travail.
    Un panel de mesures est envisageable, mais il convient surtout qu’elles soient adaptées à l’organisation, à sa culture et à son public.

    Pour ma part, je soutiens pleinement le développement d’une véritable politique de prévention dans les entreprises et le principe de repenser l’organisation du travail. Je suis d’ailleurs à l’initiative de « la Semaine antistress » organisée annuellement depuis 2011. Cette campagne de sensibilisation dont l’organisation est aujourd’hui reprise par mon collègue en charge de la Santé, vise, au travers de diverses actions, à conscientiser les citoyens, les professionnels, les organisations et les autorités publiques à l’importance de prendre soin de sa santé mentale, autant que de sa santé physique.

    Dans le cadre de cette organisation, le prix « Entrepri’Santé » a également été décerné lors du Grand Prix Wallon de l’Entrepreneuriat.
    Ce prix concernait les entreprises ayant développé un projet spécifique en matière de santé psychologique, démontrant que la santé d’une entreprise passe aussi par la santé de ses travailleurs.
    En effet, de nombreuses recherches ont démontré que des projets liés au bien-être, en plus de bénéficier aux travailleurs, profitent aux entreprises, puisqu’ils participent à l’augmentation de la productivité, à la fidélisation des travailleurs, à la diminution des coûts liés à l’absentéisme, à une plus grande implication dans le travail, ainsi qu’à une image de marque positive et responsable.