/

Les chômeurs de longue durée

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 132 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 04/03/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    J’ai lu récemment dans la presse que sur les 249.295 chômeurs wallons, la grosse majorité (82 %) est sans emploi depuis moins de 5 ans. Mais il y a tout de même 10 % (25.177 personnes) qui le sont depuis 5 à 9 ans, 4 % (9.540) depuis 10 ans à 14 ans et 4 % également (9.919) depuis plus de 15 ans. Dans cette toute dernière catégorie, on en a 7.192 qui sont demandeurs d’emploi depuis une période allant de 15 à 24 ans, et 2.727 depuis 25 ans ou plus. Le manque de diplôme joue un rôle évident dans la difficulté à retrouver un travail. Ceux qui ne font pas assez d’efforts pour retrouver du travail ou qui en refusent un sont désormais plus vite sanctionnés. Avant, on était tenu de chercher du travail jusqu’à 58 ans, alors qu’à présent, c’est 65 ans.

    Avec ces chiffres, il est aisé de faire du populisme et d’accuser la politique de formation et de mise à l’emploi menant à l’échec. La situation me semble plus complexe. En effet, si le niveau insuffisant du diplôme est un fait évident, on doit se poser la question de savoir pourquoi la formation après la scolarité ne parvient pas à sortir plus de gens de cette impasse. Ou pourquoi le profil de formation n’a pas pu être adapté au fil des années, répondant aux attentes des employeurs ? Faut-il éventuellement installer après la scolarité obligatoire jusque 18 ans, une nouvelle scolarité obligatoire en cas de chômage prolongé, question de « créer au préalable des fondations solides et puis de construire un édifice par-dessus » ?

    Finalement, ne faut-il pas éviter d’engager des montants importants à des formations qui s’apparentent à de l’occupationnel, mais de réserver ces budgets à des formations qui répondent à la pénurie de main-d’œuvre dans certains métiers ? Et que dire du manque d’emplois, notamment pour les personnes titulaires d’un niveau trop faible ou inadéquat du diplôme par rapport aux exigences du marché du travail ?
  • Réponse du 31/03/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    En préambule, il est utile de rappeler qu’en Belgique, le compteur statistique de la durée d’inoccupation d’une personne n’est remis à « zéro » que si elle sort de la demande d’emploi pour une période minimale de 3 mois consécutifs. Même si elle couvre la grande majorité des cas, cette sortie ne reflète pas uniquement une mise à l’emploi, mais peut aussi être liée à une formation ou encore à une maladie relevant de l’INAMI, par exemple. Ainsi, la période où la personne est considérée comme inoccupée peut inclure des passages à l’emploi inférieurs à 3 mois, comme, c’est le cas pour beaucoup de contrats intérimaires.

    À la fin décembre 2014, le FOREm dénombrait en Wallonie (hors la Communauté germanophone), 249.295 demandeurs d’emploi inoccupés. Parmi ces personnes:
    * 82 % étaient inoccupées depuis moins de 5 ans,
    * 10 % depuis 5 à 9 ans,
    * 4 % depuis 10 à 14 ans,
    * 4 % depuis plus de 15 ans (dont 2,9 % entre 15 et 24 ans et 1,1 % depuis 25 ans et plus).

    En termes d’évolution, on observe, au cours de ces dernières années, un net recul des personnes inoccupées depuis 5 ans et plus (et particulièrement parmi celles de plus de 15 ans d’inoccupation). Ainsi, si on compare les chiffres observés à la fin décembre 2014 à ceux mesurés à la fin décembre 2008 :
    - le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés (DEI), inoccupés depuis moins de 5 ans, a augmenté de 8 % ;
    - une diminution de 14 % se confirme parmi ceux dont la durée d’inoccupation est comprise entre 5 et 9 ans ;
    - de même qu’une diminution de 17 % parmi ceux inoccupés entre 10 et 14 ans et 15 ans et plus.

    En ce qui concerne le niveau de diplôme, il est, sans conteste, un facteur déterminant de l’accès à l’emploi. Plus la durée d’inoccupation augmente, plus la part des personnes peu qualifiées est importante. Ainsi, à la fin décembre 2014, 47 % des DEI étaient tout au plus diplômés du 2e degré du secondaire ; ils sont 74 % dans ce cas parmi ceux inoccupés depuis 15 ans à 24 ans et 83 % parmi les 25 ans et plus.

    Le diplôme demeure un atout majeur pour décrocher un premier emploi, en particulier pour les jeunes sortant des études qui, par définition, sont souvent peu ou pas expérimentés. L’étude annuelle réalisée par le FOREm sur l’insertion à l’emploi des jeunes demandeurs d’emploi à la sortie des études en 2013 confirme à nouveau cette tendance.

    Par ailleurs, même si l’importance du diplôme dans la recherche d’un emploi n’est plus à démontrer, certains métiers restent néanmoins accessibles auprès des personnes sans qualification.

    Ainsi, durant l’année 2014, le FOREm a analysé le nombre d’offres d’emploi qui ne demandaient ni certificat d’enseignement secondaire supérieur, ni connaissances en langues étrangères, ni permis de conduire B, ni brevet, ni expérience professionnelle. Au terme de cette étude, il s’avère que 6 % des offres d’emploi en Wallonie et gérées par le FOREm en 2014, soit plus de 5.700 postes sur les 97.500 offres analysées, sont totalement accessibles sur base des critères définis ci-dessus. Rappelons toutefois que le FOREm ne gère pas l’ensemble des offres diffusées sur le marché de l’emploi en Wallonie.

    Pour ce qui concerne les actions à mener pour le public des jeunes adultes (18-25 ans), une série de mesures sont, d’ores et déjà, prises par le Gouvernement avec un soutien financier de l'Europe dans le cadre, notamment, de l' "Initiative pour l’emploi des jeunes". Parmi ces mesures, on peut noter :
    - un renforcement de l'accompagnement individualisé pour ce public ;
    - un renforcement de l'information au niveau des établissements d'enseignement secondaire ;
    - une nouvelle offre de services relative aux compétences clés indispensables pour accéder à l'emploi ;
    - un nouveau dispositif de formation alternée garantissant une immersion dans l'entreprise ;
    - des moyens additionnels pour la promotion des métiers et particulièrement des métiers en demande ou émergents.