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L'accessibilité aux formations

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 135 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 04/03/2015
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Ce mercredi 25 février 2015, le site de RTBF info publiait un article sur la formation professionnelle qui évoquait clairement l'insuffisance de formations disponibles. L'accent était particulièrement mis sur les formations d'alphabétisation qui constituent une base indispensable dans le cadre d'un processus de réinsertion professionnelle.

    Selon les acteurs de terrain, ces formations font cruellement défaut, eu égard au nombre d'illettrés et à celui des places disponibles. Ainsi, les demandeurs de ce type de formation se trouvent dans les meilleurs des cas sur une liste d'attente de quelques mois, voire de quelques années dans le pire des cas. À lire l'article, cette situation découle d'un choix des acteurs publics en matière de ressources, les moyens octroyés pour ce type de formation étant insuffisants.

    Pendant ce temps, l'implacable politique d'exclusion mise en place par l'État fédéral continue son triste ouvrage, en excluant sans réserve des demandeurs d'emploi et en les considérant comme coupables de ne pas trouver un emploi qui n'existe pas, mais aussi et surtout coupables de ne pas s'investir en vue d'assurer leur éventuelle employabilité en suivant des formations auxquelles ils n'ont cependant pas accès eu égard à l'inexistence et/ou à l'indisponibilité de celles-ci.

    Monsieur le Ministre conviendra comme moi qu'ils subissent là une double et injuste sanction, poussant chaque jour un peu plus ces milliers d'hommes et de femmes dans la précarité et l'exclusion, à laquelle, demain, il faudra trouver une solution qui risque d'être plus coûteuse encore.

    S'il est admis qu'il est difficile d'intervenir quant à l'emploi, je pense qu'il est possible, au niveau régional, d'agir sur la formation. Peut-être existe-t-il un programme en cours visant à solutionner cette situation ? Si tel est le cas, Madame la Ministre peut-il me dire quel est-il ? Sur base de quel agenda sera-t-il, le cas échéant, mis place ? Si, par ailleurs, aucun programme ne devait exister en ce sens, ne serait-il pas envisageable de solliciter d'autres acteurs de formation, actifs sur le terrain et disposant d'une grande expertise en matière de formation et d'éducation ? Je pense en l'occurrence aux écoles de promotion sociale qui proposent pour la plupart des cours de remise à niveau en français ou en mathématiques pour des personnes qui souhaiteraient suivre des études, mais qu'un accident de la vie a contraint un jour à quitter les bancs de l'école.

    N'est-il pas envisageable pour le FOREm d'envisager des conventions avec ces écoles de promotion sociale pour organiser et coordonner ensemble une série de cours et de formations favorisant la remise à niveau des personnes en recherche d'emploi et, surtout, de reconnaissance de la part de l'administration de leur volonté d'insertion et d'intégration sociale et professionnelle ?
  • Réponse du 31/03/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    La formation est un élément clé du processus de recherche d’emploi. Elle fait partie des priorités du Gouvernement, qui s’est engagé, via la DPR, à renforcer les politiques de formation, à mieux articuler formation, enseignement et emploi et, sur la base de l’analyse des besoins, à mieux orienter, en amont, les demandeurs d’emploi.

    Dans le champ de l’insertion socioprofessionnelle, les formations en alphabétisation revêtent, en outre, un caractère transversal. Elles participent, en effet, aux objectifs d’insertion socioprofessionnelle, mais aussi d’inclusion sociale, d’éducation permanente, de citoyenneté. Dans nos sociétés, on ne peut pas exercer pleinement sa citoyenneté, vivre de manière autonome et épanouie, si l’on ne sait ni lire ni écrire. L’alphabétisation est un véritable droit pour chaque citoyen et, à ce titre, bénéficie d’une attention particulière du Gouvernement wallon.

    Au niveau wallon, les politiques d’alphabétisation sont donc largement et structurellement soutenues, dans le cadre de la formation professionnelle, via l’agrément et le subventionnement OISP (organisme d’insertion socioprofessionnelle). Les actions hors champ de la formation socioprofessionnelle des demandeurs d’emploi, telles que la formation des travailleurs, la sensibilisation, l’alphabétisation d’un public en désaffiliation sociale font, depuis quelques années, l’objet d’un financement et d’un suivi dans le cadre d’une convention entre l’ASBL Lire et Ecrire en Wallonie et la Région wallonne. Des actions structurelles en alphabétisation sont également soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles, à travers les services d’éducation permanente et les établissements de l’enseignement de promotion sociale.

    Je suis convaincue qu’une partie de la solution à la problématique des listes d’attente, outre le renforcement de l’offre, consisterait à améliorer les pratiques d’orientation. On constate, en effet, que les demandeurs d’emploi sont parfois orientés vers l’alphabétisation ou le français langue étrangère sans véritable pertinence. Un travail précis d’orientation, avec un diagnostic reposant sur des cadres et références communs, ainsi que le travail avec un réseau de partenaires, permettra de mieux cibler les besoins des publics. J’entends donc renforcer l’orientation dans le cadre du Plan Marshall 4.0.

    Quant aux conséquences des politiques fédérales, les publics exclus du bénéfice des allocations de chômage et les publics en fin de droit aux allocations d’insertion constituent un des enjeux de nos politiques wallonnes d’emploi et de formation. Nous nous devons, au niveau du Gouvernement wallon, d’offrir une réponse adaptée aux publics qui subissent de plein fouet les politiques d’exclusion, leur assurer un accompagnement et des opportunités de formation, et éviter que ces publics soient finalement oubliés des mécanismes de sécurité sociale et de solidarité.

    Plusieurs pistes sont d’ores et déjà à l’étude au sein de mon département. Il s’agit avant tout d’objectiver la situation et d’analyser précisément l’ampleur de la problématique. Cette analyse est opérée avec le FOREm, la Fédération des CPAS et l’Observatoire de l’Emploi, qui ont été sollicités.

    Sur base de l’expertise engagée, il s’agira de développer les collaborations entre le FOREm et les CPAS dans la prise en charge de ces publics. En effet, dans ce contexte où le FOREm et les CPAS sont de plus en plus amenés à accompagner un même profil de public, les collaborations et la mutualisation des expertises et des ressources entre ces deux institutions sont primordiales. La convention entre la Région wallonne, le FOREm et la Fédération des CPAS fournit un cadre à cette collaboration et permet d’amplifier les synergies entre les politiques d’insertion des CPAS et celles du FOREm de manière à optimiser l’insertion socioprofessionnelle des bénéficiaires des CPAS.

    La plus-value de cette convention est indéniable. Nous souhaitons par ailleurs la renforcer en y intégrant de nouvelles actions, de nouvelles synergies (notamment axées sur le jobcoaching ou l’insertion en entreprise), permettant notamment une action conjointe, dans le respect des spécificités de chaque institution, et au bénéfice des publics en recherche d’emploi.

    Enfin, il conviendra d’orienter davantage encore les publics exclus ou en fin de droit vers des opérateurs tels que les EFT, les OISP et les MIRE.