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L'éducation à la citoyenneté

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 140 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 06/03/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Dans l’Avenir du 20 janvier dernier on pouvait lire : « L’objectif est que l’enseignement libre développe aussi, une heure par semaine, un cours de citoyenneté, mais je ne peux, à l’inverse de l’enseignement officiel où c’est prévu pour la rentrée 2016, pas l’imposer, avait expliqué Joëlle Milquet. Aucun politique n’a le pouvoir d’imposer quelque cours à la citoyenneté que ce soit. Sauf à changer la Constitution et à faire trembler les piliers sur leur base.

    Selon une enquête de l’association des parents de l’officiel, plus de 8 directeurs de l’enseignement officiel sur 10 se prononcent cependant pour la suppression pure et simple des cours philosophiques existants (catholique, juif, islam, morale…) et pour leur remplacement par un cours d’éducation citoyenne. Or le projet 2016 est de couper la poire en deux en créant un cours d’une heure de citoyenneté et en laissant en place l’heure de religion ou morale actuelle. Sous la législature précédente, les chefs de tous les cultes et les pouvoirs organisateurs s’étaient mis d’accord pour introduire un référentiel commun avec trois compétences communes à tous les cours de religions : les questions philosophiques, le dialogue interconvictionnel, l’éducation à la citoyenneté. Une belle avancée. Mais là, le veto était venu du côté des profs de morale. ».

    Ce qui peut sauter aux yeux, tant qu’on organise les cours de citoyenneté pour les enfants et les adolescents, tomberait tout de suite sous le tabou dès qu’on aborde la question pour les adultes et, notamment, pour les travailleurs. Or, c’est aussi à ce niveau que le choc interculturel (interrégions) se fait remarquer avec toutes ses répercussions sur le monde des jeunes.

    En effet, tout porte à croire que les jeunes mimeront plutôt le modèle des parents, qu’ils ne suivront les enseignements pendant deux heures de cours à l’école. La réaction politicosociale suit toujours le même schéma dès qu’une question se pose, on rajoute encore une tâche à toutes celles qu’on a déjà confiées aux écoles, et après cela le problème disparait de notre vue (du moins temporairement). De ce fait, il me semble qu’on ne doit pas réserver l’exclusivité des cours de citoyenneté aux écoles, mais qu’ils doivent aussi être offerts aux adultes dans un contexte de formation et de travail, aux autochtones comme aux allochtones. Faute de quoi tout effort d’intégration reste au niveau du slogan politique, au niveau d’une enveloppe vide de contenu.

    Quelle est la conclusion de Madame la Ministre ? Quels seront les efforts qu'elle mettra en place ? Avec quels moyens ? Et selon quel calendrier ?

    Dans un article du Soir du 22 janvier dernier, le collègue de Madame la Ministre, M. Prévot, plaide d’ailleurs pour que des cours de citoyenneté soient aussi offerts à titre obligatoire aux adultes qui arrivent chez nous. Y a-t-il eu concertation entre son collègue et elle sur cette question ? Est-elle d’accord avec son collègue sur le caractère obligatoire des cours de citoyenneté aux adultes ? Je trouve l’idée séduisante.
  • Réponse du 31/03/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    L’éducation à la citoyenneté est primordiale pour comprendre les principes de la démocratie et de gouvernance représentative, connaître et comprendre l’organisation institutionnelle de l’État, le paysage des partis politiques et, plus fondamentalement, pour créer du « liant » dans une société, pour donner un sens collectif, pour développer l’esprit critique et permettre à chacun et chacune d’exercer pleinement ses droits et devoirs de citoyen. Ce sont des clés que tout jeune devrait détenir au moment où il quitte l’enseignement obligatoire.

    Si le débat est ouvert dans le domaine de l’enseignement, la question ne se pose pas avec la même acuité pour les publics d’adultes, même si l’éducation à la citoyenneté est effectivement une thématique de l’éducation permanente et qu’elle répond à un véritable besoin, indépendamment de l’origine des publics cibles. De nombreuses initiatives existent et ont d’ores et déjà fait leurs preuves.

    Dans les compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l'action associative dans le champ de l'éducation permanente s’inscrit dans cette perspective d’éducation à la citoyenneté. Elle vise l'analyse critique de la société, la stimulation d'initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l'exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux et économiques dans une perspective d'émancipation individuelle et collective des publics en privilégiant la participation active des publics visés et l'expression culturelle.

    Au niveau wallon, en matière d’intégration, le parcours d’accueil des primo-arrivants comprend également une dimension d’éducation à la citoyenneté. Dès la phase d’accueil, la personne reçoit en effet une information sur ses droits et devoirs en tant que résident en Belgique. Ensuite, un module de formation à la citoyenneté lui est proposé, comprenant des informations de base sur le fonctionnement de la société, sur les relations sociales dans notre pays et sur le fonctionnement des institutions publiques pour pouvoir participer pleinement à la vie sociale, associative et culturelle.

    Enfin, les dispositifs d’insertion socioprofessionnelle intègrent généralement, dans les phases d’accompagnement social une approche d’« éducation à la citoyenneté ». Parmi les acteurs qui intègrent cette dimension avec le plus de conviction et de mobilisation, tant en raison des missions qui leur sont confiées par le législateur que par leur attachement historique aux principes de l’éducation permanente, c’est bien le secteur des EFT et des OISP (entreprises de formation par le travail et organismes d’insertion socioprofessionnelle).

    Des modules de citoyenneté sont ainsi proposés à des publics d’adultes faiblement qualifiés et souvent fragilisés en raison de difficultés sur le plan social, financier ou de santé. Ces modules font partie de l’accompagnement psychosocial des stagiaires en formation, à côté des intervisions de groupe, des entretiens individuels, du suivi des problématiques sociales et autres. Ces pratiques représentent, en vertu du décret qui régit le secteur, au minimum 10 % des heures suivies par les stagiaires.