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L'épidémie de grippe

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 367 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 10/03/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon certaines informations, le virus de la grippe serait impliqué dans un nombre important de décès cet hiver en Belgique. Pendant le pic de l'épidémie, jusqu'à 2 600 décès par semaine auraient été comptabilisés.

    Si les enfants, adolescents et jeunes adultes étaient surtout concernés par cette épidémie, l'élévation de la mortalité aurait davantage touché les personnes de plus de 65 ans, comme dans d'autres pays européens. En parallèle, on a observé cet hiver une nette baisse des vaccinations contre le virus de la grippe.

    Monsieur le Ministre peut-il fournir des chiffres plus précis concernant les conséquences de cette épidémie de grippe sur la mortalité en Belgique et singulièrement en Wallonie ?

    Comment les instances sanitaires expliquent-elles l'augmentation des cas de grippe ? La baisse des vaccinations explique-t-elle l'augmentation de la mortalité ?

    La vaccination des résidents en maisons de repos et en maisons de repos et de soins, bien que de la responsabilité du médecin traitant de ces résidents, est-elle recensée par l'administration ? De quelles données dispose Monsieur le Ministre eu égard à la vaccination de ce public plus vulnérable et exposé par rapport au virus de la grippe ?
  • Réponse du 25/03/2015
    • de PREVOT Maxime

    L’Institut scientifique de Santé publique (WIV-ISP) suit chaque année l’évolution de la mortalité toutes causes confondues et, grâce à la surveillance des formes sévères d’infections respiratoires aiguës graves au départ de données hospitalières, il est possible de décrire la sévérité liée à la saison grippale. Mais, ces données ne sont pas encore disponibles et il est prématuré de tirer des conclusions uniquement sur base de l’augmentation de mortalité toutes causes confondues.

    La mortalité toutes causes confondues au cours des premières semaines de l’année 2015 a, en effet, augmenté. Basé sur un modèle théorique comportant un certain nombre d’incertitudes, par rapport aux 5 dernières années, le décès de 15.193 personnes au cours des six premières semaines de l’année 2015 représente un excès de la mortalité moyenne de 17 % pour toute la population belge, c’est-à-dire que le nombre de décès est modérément plus élevé que les années précédentes. Les personnes âgées de 65 ans et plus sont les plus affectées par l’excès de mortalité pour cette période. Le modèle de suivi de la mortalité ne permet pas d’établir un lien avec une cause précise. Un lien avec l’épidémie de grippe actuelle ne peut pas encore être établi, car les données pour préciser son influence dans l’excès de mortalité constaté cette saison ne sont pas encore disponibles. Ces chiffres sont néanmoins à prendre avec prudence vu les délais habituels de transmission des attestations de décès. À la fin de cette saison grippale, l’Institut scientifique de Santé publique fera une analyse plus complète de la surmortalité hivernale.

    Le virus influenza est un virus très instable dont la virulence et l’intensité (le nombre de personnes affectées par saison) peuvent varier considérablement d’une saison à l’autre. La combinaison des sous-types qui circulent peut également varier d’une saison à l’autre.

    Depuis le début de la saison 2014-15, il y a eu cocirculation de trois sous-types : influenza A(H1N1), A(H3N2) et B, avec toujours une prédominance des virus A(H3N2). Jusqu’à présent, les virus influenza A(H1N1) en circulation sont proches des souches vaccinales correspondantes, mais la souche A(H3N2) qui circule en majorité actuellement n’est pas celle incluse dans le vaccin, ce qui a très probablement un effet sur son efficacité. Les premiers résultats provenant de l’Amérique de Nord (où l’épidémie de grippe survient plus tôt qu’en Europe) montrent effectivement une diminution de l’efficacité vaccinale cette année. C’est une des raisons qui pourrait expliquer le nombre plus élevé de cas cette année.

    Dans la vaccination contre la grippe, il y a deux éléments importants à prendre en compte : la couverture vaccinale et l’efficacité du vaccin.

    Comme mentionné ci-dessus, il y a cette saison un problème avec l’efficacité du vaccin. Quant à la couverture vaccinale (nombre de personnes vaccinées), les chiffres pour la saison 2014-2015 ne sont pas encore disponibles.

    La source des données nationales sur la couverture vaccinale pour la grippe est l’enquête de santé par interview, dont la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles sont deux des commanditaires. Cette enquête est menée depuis 1997 avec un intervalle de 4 ou 5 années. À ce jour, les données les plus récentes sont celles de l’enquête 2008 (1). Les données de l’enquête 2013 seront disponibles fin mars 2015.

    Les résultats de l’enquête de santé de l’année 2008 montrent que 52 % de la population belge à risque institutionnalisée avait été vaccinée contre la grippe au cours de la dernière saison de vaccination (entre septembre et décembre de l’année précédente) et était donc efficacement protégée contre le nouveau virus de la grippe saisonnière. Les personnes à risque sont, pour rappel, les personnes de 65 ans et plus, ou de 15 ans et plus avec une maladie chronique spécifique (asthme, bronchite chronique, pathologie cardiovasculaire, hypertension, troubles rénaux ou diabète).

    Dans la population de 75 ans ou plus (institutionnalisé(e) ou pas), ce pourcentage était de 71 % en Belgique et de 75 % en Région wallonne.

    Lorsque l’on regarde l’évolution entre 1997 et 2008 (toujours selon les données de l’enquête de santé), le taux de couverture des personnes à risque (tout âge et toutes conditions de vie) en Belgique a progressé de 32 % en 1997 à 47 % en 2004. Il s’agit d’une tendance linéaire significative sur toute la période de 1997 à 2008.

    L’évolution au cours du temps est, quant à elle, un peu différente (après standardisation pour l’âge et le sexe) d’une région à l’autre :
    - augmentation entre 1997 et 2001 en Flandre avec des taux qui plafonnent ensuite aux environs des 45 % pour atteindre 49 % en 2008 ;
    - augmentation linéaire continue de 1997 à 2008 à Bruxelles pour atteindre 43 % en 2008 et pour atteindre 42 % en 2008 en Wallonie.



    (1) https://his.wiv-isp.be/SitePages/Reports.aspx