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L'état des ruchers wallons

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 131 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 11/03/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Depuis près de 20 ans maintenant, on constate un taux de mortalité élevé dans les colonies d'abeilles en Wallonie, mais également dans tous les pays industrialisés. Les causes de cette surmortalité sont connues : présence du varroa, utilisation massive des pesticides et manque de diversité dans l'accès à la nourriture.

    L'année 2014 semble marquée en plus par l'influence d'un climat trop doux ce qui a permis au varroa de se multiplier.

    Disposons-nous déjà de données précises sur l'état sanitaire des ruchers wallons pour l'année 2014 ?

    Il demeure que pour beaucoup d'acteurs du secteur, les principaux responsables de cette situation sont les pesticides et plus particulièrement ceux contenant des néonicotinoïdes. Monsieur le Ministre entend-il mener une politique particulière en la matière comme le font d'autres États membres ? Une interdiction est-elle envisageable sur le territoire wallon ?
  • Réponse du 16/03/2015
    • de COLLIN René

    Les pertes de colonies constatées à la fin de l’hiver 2014-2015 sont une fois de plus très variables et plutôt ponctuelles. La majorité des apiculteurs semblent rester dans la limite - considérée comme normale - de 10 % de pertes, mais certains, parfois même considérés comme des références dans le secteur en matière de technique apicole, subissent des pertes incompréhensibles allant de 30 à 90 % de leur cheptel. Le manque de technicité des apiculteurs wallons, cité parfois comme un des facteurs intervenant dans les dépérissements observés chez nous, n’est donc certainement pas à mettre en cause. On pourrait attribuer ces mortalités anormales à un automne et un hiver relativement doux, favorisant la multiplication du varroa sur des abeilles non physiologiquement préparées à l’hivernage, mais l’hiver 2014-2015, ainsi que l’automne qui l’a précédé, ont été beaucoup plus frais que ceux de l’année précédente, pourtant moins problématique en termes de mortalité.

    Difficile donc une fois de plus d’isoler une cause avec certitude.

    Il est à noter cependant que l’abeille noire indigène (abeille noire de Chimay) semblerait mieux tirer son épingle du jeu. La colonie noire type présente un instinct d’amassage élevé sans développer un élevage excessif, une population forte par rapport au couvain (longévité) et un stockage du miel près du couvain. Le cycle de développement de la colonie est également plus adapté à nos conditions climatiques, et même lorsque les hivers sont peu marqués, une rupture de la ponte plus nette est observée, ce qui rend la colonie plus résistante au varroa et moins énergivore. Ces éléments en font une abeille plus rustique, plus apte à affronter des aléas météorologiques, par exemple. Moins productive cependant, elle pourrait être le fer de lance d’une apiculture extensive.

    En matière d’évaluation de l’état du cheptel belge et wallon, il est encore beaucoup trop tôt pour se prononcer. Les chiffres ne devraient être connus qu’à la fin du printemps, les monitorings se mettant seulement en place.

    Concernant les fameux néonicotinoïdes, ils sont en effet fortement décriés, mais sans qu’on ait prouvé avec certitude leur rôle dans le dépérissement des abeilles. Comme le sait l'honorable membre, la Commission européenne a suspendu depuis le 1er décembre 2013 pour deux ans l’utilisation de trois d’entre eux sur certaines cultures. Cette interdiction est bien entendu appliquée en Belgique. L’application de cette mesure est contrôlée par le Fédéral dans le cadre légal général lié à l’utilisation des pesticides. Cependant, la non-interdiction totale des néonicotinoïdes - encore applicables en enrobage de semences de céréales d’hiver - entretient un « bruit de fond » qui rendra probablement malaisée la mise en évidence d’un éventuel effet positif de la suspension proclamée par l’Europe. Par ailleurs, il est acquis que les dépérissements de colonies d’abeilles ont une origine multifactorielle. Au terme de deux ans seulement de suspension des produits incriminés, il sera probablement difficile d’isoler l’impact de cette mesure.

    Je prendrai cependant connaissance du rapport de la commission avec beaucoup d’attention lorsqu’elle évaluera l’impact de cette suspension.