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Les pertes enregistrées dans les ruchers wallons

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 139 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 17/03/2015
    • de MORREALE Christie
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Depuis le début du mois de mars, relativement doux, les apiculteurs ont constaté que les abeilles sortaient tout doucement de leur ruche. Déjà, ils ont pu faire leurs comptes : certains crient au secours. En effet, à certains endroits, on a enregistré de sérieuses pertes. Comme nos voisins français lors de l’hiver 2013, nos ruches semblent avoir énormément souffert des conditions climatiques, trop douces. La présidente de la Fédération des apiculteurs de Belgique a notamment perdu 25 ruches sur 29. Même si ce constat n’est pas homogène, les apiculteurs sont, généralement, au-dessus des pertes autorisées.

    Ces pertes sont causées par le temps, trop doux, de l’année 2014. À cause de cela, le varroa, un acarien parasite, a pu se propager. De plus, il semblerait que les traitements antivarroa ne permettent plus de lutter efficacement contre celui-ci. Le parasite est devenu résistant. Monsieur le Ministre dresse-t-il la même constatation ? Si c’est le cas, quelles sont les pistes de solution évoquées pour mieux le combattre ?

    Si ce parasite est pointé du doigt pour expliquer l’affaiblissement des colonies, les causes sont évidemment multifactorielles. Je pense notamment au manque de diversité de l’environnement, mais aussi, aux pesticides. Pourtant, depuis le 1er décembre 2013, la Commission européenne interdit l’utilisation de 3 insecticides néonicotinoïdes. Nous avions déjà eu l’occasion de discuter des conséquences de cette interdiction au sein de cette commission.

    Quand connaîtrons-nous le monitoring des pertes de 2014 ? Si celui-ci confirme les premières constatations des apiculteurs, comment pourrons-nous leur venir en aide ?
  • Réponse du 29/04/2015
    • de COLLIN René

    Comme le mentionne l'honorable membre, les pertes posthivernales sont très variables d’un apiculteur à l’autre et même d’un rucher à l’autre. Le varroa n’est donc probablement pas le seul facteur à incriminer, même s’il demeure une source de préoccupation très importante.

    Il est indispensable de lutter correctement et efficacement contre le varroa sous peine de lourdes pertes dans les colonies. Certaines mortalités massives observées pourraient en effet être dues à des traitements inadéquats. Une évaluation de l’efficacité de chaque traitement doit également être réalisée par l’apiculteur.

    Comme le souligne l'honorable membre, les traitements peuvent perdre de leur efficacité. Il est actuellement conseillé d’utiliser des produits combinant plusieurs molécules afin de réduire les risques de résistance. L’AFSCA rappelle dans son « avis de lutte contre la varroase 2015 : une approche uniforme en Belgique » qu’une combinaison de traitements est nécessaire.

    Des méthodes de lutte dites « biotechniques » doivent aussi être envisagées : élimination des mâles, traitement thermique du couvain, élimination de couvain operculé pour rompre le cycle du varroa, etc.

    Pour aider les apiculteurs, l’information est importante en matière de lutte : l’avis de l’AFSCA ci-dessus a été rédigé en concertation avec le secteur. Les revues apicoles traitent le sujet régulièrement. Le CARI, soutenu par la Wallonie, diffuse régulièrement sur son site ou dans sa revue des informations relatives aux évolutions en matière de lutte, un dossier « Varroa » fait le point périodiquement et est publié grâce au cofinancement européen acquis via le « Programme Miel ».

    Les résultats du monitoring des pertes 2014 - 2015 seront connus, comme chaque année, au mois de juin.

    Je n’ai cependant pas attendu d’obtenir ces résultats pour agir. Outre le fait qu’il faut stimuler l’activité d’élevage au niveau professionnel en Wallonie et que j’ai demandé au CARI de travailler sur cette piste, j’ai octroyé récemment un subside de 32.000 euros pour aider les sections apicoles locales à constituer des ruchers « tampons » ou « de sauvegarde » en leur sein. Ce soutien collectif est destiné à permettre aux sections qui le souhaitent d’acquérir au minimum cinq et au maximum huit couples de ruches - ruchettes destinés à constituer un rucher-tampon au sein de la section. Le subside s’élève à maximum 1.200 euros par section. Tout apiculteur subissant des pertes anormales pourra s’adresser à sa section pour obtenir une ou plusieurs colonies - au maximum au prix coûtant - destinées à relancer son activité.

    Cette opération est d’ores et déjà un succès : 28 sections locales ont répondu à l’appel et se sont engagées dans la démarche pour un total de 169 paires de ruches/ruchettes. L’intérêt est tel que d’autres pouvoirs publics apportent leur soutien à l’opération : ainsi, l’intercommunale IDELUX va héberger trois de ces ruchers-tampons dans ses stations d’épuration.