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Le relèvement des salaires et la création d'emplois

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 165 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 26/03/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Les 200 managers belges sont nettement plus prudents que leurs homologues européens. L’enquête a été menée dans sept pays d’Europe : Allemagne, Autriche, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse et Belgique. En moyenne, 38 % des 1.200 responsables RH issus de ces pays pensent que les salaires vont augmenter cette année. Avec 24 %, la Belgique se situe donc bien en-dessous de cette moyenne. Elle est même en dernière position du classement européen. Même constat en ce qui concerne les bonus.

    Pourquoi une telle différence ? Les augmentations de salaire sont un moyen incontournable d’attirer et de retenir les talents, attirer et fidéliser leurs collaborateurs. Près d’un tiers (33 %) des responsables RH flamands estime que les salaires vont augmenter. C’est nettement plus qu’à Bruxelles (21 %) ou qu’en Wallonie (18 %). Les managers RH flamands sont plus nombreux (42 %) à vouloir créer des postes supplémentaires dans l’entreprise pendant le premier semestre de 2015 que les managers RH bruxellois (24 %) et wallons (18 %).

    Si la Belgique occupe la dernière place sur l’échiquier européen, la Wallonie occupe la dernière au sein de la Belgique, tant en ce qui concerne les salaires qu’en ce qui concerne la création de postes supplémentaires. Ceci est interpellant ! Est-on en train de rater le train ? Madame la Ministre dispose-t-elle des éléments et analyses qui peuvent expliquer ceci ? Peut-on y remédier, notamment en attirant en Région wallonne des managers RH qui luttent plus efficacement contre ce pessimisme wallon ?

    Si déjà les dirigeants n’ont pas suffisamment le moral, comment vouloir que la Wallonie progresse rapidement, la question du redressement industriel étant pour une large part une question d’état d’esprit.
  • Réponse du 20/04/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    Concernant la politique salariale en Wallonie, l’enquête mentionnée, « Tendances salariales internationales en 2015 – Enquête dans sept pays » (1) montre que les directeurs de ressources humaines wallons sont plus réservés que leurs homologues flamands quant à une augmentation salariale de leurs employés. En effet, seulement 18 % des responsables ressources humaines wallons pensent augmenter les salaires de leurs employés contre 33 % de leurs homologues flamands interrogés.

    Cette prudence peut en partie être imputée aux décisions de l’accord de gouvernement fédéral en termes de salaire. En effet, les dernières tendances économiques de l’IWEPS (2) soulignaient que « l’évolution salariale devrait rester très limitée en raison du saut d’index décidé par le nouveau gouvernement fédéral ainsi que des négociations interprofessionnelles de fin 2014 qui impliqueront, probablement, une croissance réelle des salaires, très modeste, en 2015 ».

    De plus, dans une perspective de comparaison européenne, la dernière analyse de l’enquête sur les salaires de 2010, réalisée par le SPF économie (3) montre que le salaire mensuel brut moyen d'un équivalent temps plein en Belgique se trouve dans le peloton de tête. En effet, seuls quatre autres États membres de l’Union européenne offrent globalement des salaires plus élevés (Finlande, Irlande, Luxembourg et Danemark en tête).

    Toujours selon l’enquête sur les salaires du SPF économie, le lieu d’emploi semble avoir un impact déterminant sur le salaire. Ainsi, travailler à Bruxelles augmenterait la probabilité de recevoir un salaire élevé. Les salaires seraient les plus bas dans la province de Luxembourg et en Flandre occidentale.

    Par ailleurs, l’hypothèse défendue, selon laquelle « les augmentations de salaire sont un moyen incontournable d’attirer et de retenir des talents » peut être nuancée. En effet, l’étude à laquelle fait référence l'honorable membre souligne, d’une part, qu’une politique de rémunération compétitive s’adapte aux préférences générationnelles et individuelles des employés. Par exemple, tous les employés n’accordent pas la même importance à l’avancement de leur carrière. D’autre part, le salaire n’est pas le seul élément déterminant : les avantages extra-légaux ont également une valeur ajoutée pour les employés.

    Concernant la création d’emplois supplémentaires, les dernières estimations de l’ONSS indiquent une hausse, à un an d’écart, du nombre postes de travail salarié en Wallonie au 4e trimestre 2014 de l’ordre de +0,4 % (soit + 3.744 postes). Ce résultat fait suite à trois hausses successives de l’emploi intérieur wallon au 1er, 2e et 3e trimestres (respectivement +0,1 %, +0,7 % et +0,1 %). Sur l’ensemble du pays, le nombre de postes de travail a également augmenté, sur une base annuelle, au 4e trimestre 2014 (+0,6 %).

    Ces données ne sont pas ventilées par secteurs au niveau des Régions. Sur le plan national, le nombre de postes de travail augmente surtout dans les activités de services administratifs, de soutien et de services spécialisés (+4,4 %) ainsi que dans les secteurs de la santé humaine et de l’action sociale (+2,5 %). À l’opposé, le nombre de postes de travail salarié diminue dans la construction (-2,3 %), les « industries, production et distribution d'électricité, de gaz et d'eau, gestion des déchets » (-1,9 %), les activités financières et assurances (- 0,9 %), l’administration publique et l’enseignement (-0,4 %).

    De plus, selon les dernières perspectives économiques régionales publiées par l’IWEPS , le PIB wallon enregistrerait une croissance positive de 0,8 % en 2014. Cette reprise se renforcerait légèrement en 2015 à + 1,3 %. Au niveau du marché de l’emploi, les prévisions tablent sur une croissance de 1.200 emplois pour 2014 et de 6.000 pour 2015 en moyenne annuelle. Il convient toutefois de noter que ces prévisions ont été revues à la baisse par rapport à celles émises en juillet par l’IWEPS et le Bureau fédéral du Plan (B.F.P.), dans leurs perspectives économiques régionales 2014-2019.

    Au niveau belge, l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) a également réduit ses prévisions d’évolution du PIB pour 2014 et 2015. Alors qu’en juillet, l’institut tablait encore sur une croissance du PIB de l’ordre de +1,5 % pour 2014 et de +2,0 % en 2015, l’IRES évalue désormais cette croissance à +1,1 % pour 2014 et à +1,6 % pour 2015. Cette croissance de l’activité entraînerait la création de quelque 16.000 emplois en 2014 et 35.000 en 2015.



    (1) Enquête effectuée par le bureau indépendant d’études Market Probe, pour le compte du cabinet de recrutement Robert Half
    (2) IWEPS, Tendances économiques n°47, octobre 2014 http://www.iweps.be/tendances-economiques-ndeg47
    (3) http://statbel.fgov.be/fr/binaries/Lonen_FR_A5_tcm326-239244.pdf