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Le redressement wallon

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 181 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 26/03/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Le jury des pôles de compétitivité a rendu au Gouvernement wallon un rapport assez sévère. Cette politique ne crée pas assez d’emplois.

    En 2006, quand les pôles de compétitivité sont devenus opérationnels, les projets de recherche étaient nombreux et mûrs. Ils avaient une capacité de créer plus d’emplois et surtout rapidement. Aujourd’hui, les nouveaux projets que nous recevons débutent beaucoup plus en amont au niveau de la recherche. Il y a un facteur temps qui rend la création d’emplois plus longue et incertaine. Il faut plus de projets d’investissements.

    Les pôles ont créé près de 6.000 postes. On arrive à 10.000 emplois quand l’ensemble des projets qui sont sur la table arrivera au bout. Le coût d’un emploi créé dans le cadre des pôles revient à 40.000 euros l’unité. Avec 200.000 chômeurs, cette politique ne résoudra jamais tous les maux wallons.

    Si les efforts de la Région wallonne en matière de redressement mettent tellement de temps pour se traduire en termes de création d’emplois, ne faut-il pas s’interroger sur le fait de savoir s’il n’y a-t-il pas lieu d’ajouter aux pôles actuels d’autres qui offriraient un potentiel d’emplois plus important et surtout plus rapide - notamment en développant un « pôle de la construction » -. En effet rien n’est plus stimulant pour le redressement que la réussite des projets, et ce d’autant plus que nous avons grand besoin de créer du logement de qualité. Une condition s’impose cependant : lutter plus efficacement contre le dumping social (le secteur est très sensible à cet aspect).

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre par rapport à cette question ? Quels sont les arguments qui empêchent d’en faire des pôles d’excellence ?
  • Réponse du 07/05/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le Ministre de l’Économie a lancé, en 2006, la politique des pôles de compétitivité. Un certain nombre d'objectifs d'emplois ont alors été mentionnés.

    Si l’on analyse la création d'emplois dans les secteurs des pôles de compétitivité, on s'aperçoit que ces secteurs sont, nonobstant la crise, ceux qui ont permis une augmentation considérable de la valeur ajoutée et de l'emploi.

    Monsieur Vansteenkiste affirme que l'on atteindra les 10 000 emplois tel que prévu, mais qu’aujourd’hui, on en serait qu’à 6 000. Il n'y a donc pas de révision à la baisse du projet, mais bien une quantification à plus long terme des choses.

    La question qui se pose est la suivante : les pôles ont-ils atteint leur objectif ? Lorsque le Ministre de l’Économie était, encore récemment, avec Sa Majesté le Roi lors de l'inauguration d'un nouveau centre de recherche d'une entreprise basé dans notre Région, tant les scientifiques représentant les universités que les industriels représentant le monde économique ont indiqué que les pôles de compétitivité étaient une véritable révolution dans le paysage de la Wallonie et que, au-delà des projets spécifiques qui ont été réalisés, les pôles ont apporté la capacité de décloisonner complètement la recherche et le travail collaboratif avec les entreprises. Cela a permis de faire en sorte qu'aujourd'hui, beaucoup de PME sont d'une part sollicitées par les plus grandes entreprises pour servir de cotraitants et, d'autre part, que la relation avec l'ensemble du bassin économique soit plus forte.

    À titre d’exemple, UCB a, au travers de la politique des pôles, noué avec les universités francophones des liens puissants. Aujourd'hui, ce sont ces universités francophones qui sont le principal partenaire d'UCB alors que précédemment, il s'agissait de la KUL.

    Le Ministre de l’Économie y voit là, à long terme, une augmentation du savoir de nos chercheurs ainsi qu’un ancrage plus important de cette entreprise dans notre bassin.

    Trois entreprises ont par ailleurs réalisé le meilleur chiffre d'affaires de leur histoire cette année : Techspace Aero, la FN et CMI. Ce sont trois entreprises très actives dans les pôles de compétitivité et qui ont pris, pour 2015, des engagements relativement significatifs d'augmentation du volume de l'emploi. Doit-on mettre ces augmentations du volume de l'emploi dans la comptabilité des pôles de compétitivité, alors qu'il n'y a pas nécessairement un lien mécanique entre l'activité telle qu'elle se développe et le projet de recherche ? En tout cas, le fait de faire des projets de recherche et d'augmenter ces activités est un signe de la pertinence de ces projets.

    Il est par ailleurs utile de rappeler que chaque emploi de pointe créé dans les pôles génère mécaniquement des emplois de plus faible qualification.

    En ce qui concerne la réorientation de la politique des pôles, le Ministre de l’Économie déposera prochainement une nouvelle stratégie pour les pôles de compétitivité pour les années à venir. En effet, tout comme cela avait été le cas en 2009 en début de législature, il est toujours opportun de revisiter les dispositifs et d'en assurer leur pertinence.
  • Réponse du 06/08/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude
    La responsabilité des pouvoirs publics est de créer un cadre incitatif qui supporte les entrepreneurs et les entreprises souhaitant se développer.

    Aujourd’hui, les entrepreneurs wallons ont à leur disposition une palette d’outils en matière d’accompagnement, de subsides à l’investissement, d’aides à la recherche, ou de possibilités de financement via la SRIW, la Sowalfin ou les invests.

    À cet effet, et comme d’autres outils publics, la SRIW communique proactivement au sujet des services qu’elle offre. Pour soutenir financièrement les entreprises, elle combine deux approches :

     d’une part, elle répond à des demandes directes provenant des entreprises, des banques ou de l’AWEx, comme le dossier Xtratherm ;

     d’autre part, elle mène une politique de prospection, ce qui représente souvent un travail de plus long terme. En effet, le besoin de financement n’est pas toujours immédiat chez les prospects contactés.

    De plus, certains chefs d’entreprise, parfois focalisés sur la gestion quotidienne, n’envisagent pas de possibilités de croissance, notamment à l’international, par méconnaissance des moyens existant pour les financer. Il est clair que la partie prospective est donc appelée à se développer, surtout dans les domaines des pôles de compétitivité.

    Le volume d’investissement de la SRIW atteint aujourd’hui des niveaux record. Il pourrait parvenir à 200 millions d’euros cette année.

    En ce qui concerne le management de la SRIW, il est vrai que les statuts prévoient un comité de direction de quatre membres et que seules trois personnes sont actuellement en place.

    Cet état de fait doit être imputé au contexte de renforcement des collaborations entre les différents outils, qui influera sur les profils à rechercher. Le ministre de l’Économie espère que la SRIW pourra avancer prochainement à ce sujet.