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Le dépôt de bilan de la menuiserie Martin à Bièvre

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 190 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 31/03/2015
    • de HAZEE Stéphane
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    L'annonce du dépôt de bilan de la menuiserie Martin est une mauvaise nouvelle pour l'économie et l'emploi dans la commune de Bièvre et pour l'Ardenne namuroise. Fondée en 1970, cette entreprise est spécialisée dans la construction de châssis en bois et elle réalise également des travaux de menuiserie générale. Elle constitue une des cinq principales menuiseries de notre Région.

    Même s'ils ont été temporairement réengagés par le curateur en vue de finaliser les commandes, une quarantaine de travailleurs voient aujourd'hui leur avenir professionnel menacé. Toutes les pistes doivent donc être étudiées afin de permettre de sauver ces emplois autant que l'outil, dont certaines composantes sont très récentes. À ce sujet, il apparaît que le curateur envisagerait de solliciter une aide de la SOGEPA.

    De manière plus générale, le dépôt de bilan de la menuiserie Martin est illustratrice de deux phénomènes.
    - d'une part, on constate une frilosité du secteur bancaire à soutenir les acteurs de l'économie réelle, à commencer par les PME, que ce soit pour financer des investissements ou pour traverser une conjoncture plus difficile notamment lorsque des clients sont eux-mêmes défaillants.
    - d'autre part, la filière bois, qui représente 18 000 emplois en Wallonie, est mise sous pression par une concurrence étrangère déloyale. Au vu de ce volume d'emplois et du rôle économique et environnemental que joue cette filière, il convient de réfléchir à la meilleure manière de la soutenir, en particulier dans la chaîne de production de valeur.


    De quelles informations Monsieur le Ministre dispose-t-il quant à la situation des Ateliers Martin ?

    Une aide de la SOGEPA a-t-elle été sollicitée ? Le cas échéant, quelle suite y sera accordée ?
    La SOGEPA pourrait-elle agir en partenariat avec le BEP ?

    Quelles mesures sont envisagées afin de soutenir davantage et renforcer la filière wallonne du bois et plus particulièrement la transformation ?
  • Réponse du 05/08/2015
    • de MARCOURT Jean-Claude

    En 2014, la SOGEPA est intervenue à hauteur de 700.000 euros au bénéfice de la Menuiserie Martin, aux côtés d’autres investisseurs privés – dont BNP Paribas Fortis, ING, la Financière du Bois et Namur Invest – dans le but, notamment, d’investir dans un nouvel outil de production et de procéder à une réorganisation de l’activité. Aucun des engagements pris par M. Martin n’a été respecté, la réalisation du plan d’affaires a pris un retard important et plusieurs personnes disposant de compétences-clés pour la continuité de l’entreprise ont présenté leur démission.

    Depuis le prononcé de la faillite, aucune nouvelle aide n’a été sollicitée. La SOGEPA se tient prête à examiner toute nouvelle demande qui respecterait ses règles d’intervention, éventuellement aux côtés d’autres organismes financiers régionaux. Les interventions financières au bénéfice d’entreprises ne figurent en effet pas dans les missions du BEP.

    En Wallonie, la filière bois regroupe près de 8.000 entreprises, 19.000 emplois directs, dégage un chiffre d’affaires annuel d’environ 5 milliards d’euros et dispose d’un savoir-faire d’excellence – comme en témoigne la structure en bois du pavillon belge de l’Exposition universelle de Milan, réalisée par une entreprise de la région liégeoise.

    C’est un secteur qui est aussi en pleine mutation, avec l’émergence de la filière de l’énergie. Les ressources qu’offrent les forêts n’étant pas infinies, il convient de mener une réflexion de fond sur la gestion du bois disponible pour que chaque filière y trouve son compte.

    C’est également un secteur qui doit faire face au défi de la mondialisation. Il ne s’agit pas de militer inutilement pour un protectionnisme accru, mais bien en faveur de règles du jeu qui seraient applicables à tous, sans distinction. Et là, force est de constater que la Commission européenne se montre très laxiste quand d’autres puissances mondiales influencent les lois en faveur de leurs entreprises.

    Ainsi, ont été consécutivement créés la Financière du bois, chargée du financement du secteur puis l’Office économique wallon du bois, dont l’objectif ambitieux est de faire exister la filière wallonne sur la carte du monde. Le morcellement du secteur et la taille réduite des entreprises sont effectivement des freins au développement à l’international.

    Plus récemment, le Plan Marshall 4.0 a mis en avant l’évolution numérique dans l’économie. Ici encore, la filière bois se doit de profiter de toutes les opportunités technologiques qui se présenteraient, pour s’ouvrir à de nouveaux horizons.

    En articulation avec le Plan Marshall 4.0, le SBA wallon 2015-2019 entend relever le défi de la croissance des PME wallonnes. Ce SBA comporte plusieurs axes, dont un spécifique lié au financement et au soutien à l’investissement des PME.

    Trois initiatives majeures sont en cours, dans le cadre du SBA afin de pallier les difficultés de financement des PME.

    La première consiste en un plan d’action concerté avec le secteur bancaire, qui a pour objectif d’identifier notamment les principaux points « bloquants » lors de demandes de crédits de PME et apporter des solutions concrètes aux causes identifiées, afin de mobiliser un maximum le crédit bancaire destiné aux PME.

    La seconde initiative consiste en un important renforcement des moyens mis à disposition des outils financiers de la Région Wallonne, en particulier ceux destinés aux PME :

     la Socamut, par exemple, filiale de la Sowalfin, qui propose des instruments financiers particulièrement adaptés aux starters, qu’ils soient indépendants, artisans, commerçants, et aux professions libérales, verra ses moyens considérablement augmenter ;

     les invests, interlocuteurs de financement de proximité, qui aident les entreprises à consolider leur structure financière dans une optique de moyen et long termes, verront également leurs moyens augmenter ;

     la Sowalfin a récemment rejoint EuroQuity, réseau européen qui met en relation des sociétés en levée de fonds – avec une ouverture au capital des startups, spin-off, spin-out et sociétés matures – et des investisseurs tant publics que privés. L’objectif est d’adapter le niveau de fonds propres des PME à leurs projets de croissance et de développement. Cette amélioration des fonds propres permet naturellement un accès plus facile aux crédits bancaires.

    Enfin, la troisième initiative relève de la diversification des sources de financement, afin de rendre nos PME moins dépendantes du secteur bancaire :

     d’une part, des contacts avancés sont en cours entre la Sowalfin et le Fonds européen d’investissement sur les programmes Innovfin et Cosme afin de faciliter le financement de projets d’entreprises innovantes, mais également le financement d’entreprises actives dans des secteurs plus traditionnels via une garantie qui serait donnée par le FEI à la Sowalfin sur ses activités ;

     d’autre part, une première expérience est également en cours de préparation. Elle permettra aux particuliers de prêter, avec un incitant fiscal, une partie de leur épargne à de jeunes entreprises ou indépendants, afin de faciliter le développement de l’activité de ceux-ci.

    Enfin, un groupe de travail baptisé « Construction » a été récemment lancé. Il a pour mission de définir des règles équitables pour tous, afin que la concurrence puisse pleinement jouer son rôle. La possibilité d’inclure des clauses sociales et environnementales dans les marchés publics y sera analysée en profondeur.