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La prévention du SIDA et des autres IST

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 439 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 02/04/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En Belgique, toutes les infections sexuellement transmissibles voient leur nombre augmenter d'après les données de l'Institut scientifique de santé publique (ISP). Ce n'est pas nouveau, puisque l'augmentation s'observe depuis plus d'une dizaine d'années.

    Ce constat a d'ailleurs fait l'objet de quelques questions et discussions en commission parlementaire.

    J'ai pu lire récemment, dans le cadre de l'opération Sidaction en France, que selon un sondage de l'IFOP de plus en plus de jeunes ne se protègent pas et considèrent le SIDA comme une maladie banale.

    On peut légitimement penser que la situation est similaire chez nous, car il s'agit semble-t-il d'un phénomène générationnel, dans la mesure où les 35 ans et plus ont connu l'époque où le SIDA ne bénéficiait pas comme aujourd'hui de traitement permettant de ralentir voire de stopper l'évolution du virus.

    Les pouvoirs publics, tous niveaux confondus, développent des campagnes et soutiennent des projets divers et variés pour lutter contre le sida et autres I.S.T. Pour ce qui concerne la Région, Monsieur le Ministre les a rappelées pas plus tard que le 9 décembre dernier.

    Mais, même si la prévention en la matière est complexe, on doit réfléchir aux résultats de nos actions, car la tendance à la hausse de ces maladies ne semble pas s'inverser.

    Je sais que les collaborateurs de Monsieur le Ministre ont rencontré les acteurs de la prévention du SIDA et autres IST, afin d'identifier les besoins prioritaires dans ce domaine.

    Par conséquent, peut-il me faire part des besoins soulevés par les experts, les professionnels, les acteurs du secteur, je pense par exemple aux centres de planning, à la plate-forme Prévention SIDA, à l'Observatoire du SIDA et des sexualités ?

    Par rapport à ces besoins, quelles sont les pistes explorées pour renforcer la prévention de ces maladies ?

    Monsieur le Ministre envisage-t-il des mesures ciblées renforcées par rapport à certaines tranches d'âges et catégories de personnes et si oui lesquelles ?

    Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, j'ai déjà plaidé auprès de la ministre Milquet pour une généralisation plus rapide de l'EVRAS dans les écoles. Car bien que ce soit un objectif, l'EVRAS est loin d'être une généralité et tous les élèves ne bénéficient pas pour l'instant de la même sensibilisation en cette matière. J'ose espérer que l'appel, qui émane surtout du terrain, sera entendu. C'est d'ailleurs sous-entendu dans l'action 15 du Plan SIDA 2014-2019. Quoi qu'il en soit, par rapport aux plus jeunes, des initiatives nouvelles vont-elles être prises en concertation avec la ministre Milquet et, si oui, lesquelles ?
  • Réponse du 23/04/2015
    • de PREVOT Maxime

    La prévention du VIH (virus de l’immunodéficience humain) et autres IST (infections sexuellement transmissibles) était une des compétences exercées, jusqu’il y a peu, par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

    La tendance à la hausse de ces infections doit être relativisée.
    Plus on favorise le dépistage de ces infections, plus le nombre de personnes dépistées positives au VIH et autres IST sera élevé.
    Ceci ne veut pas forcément dire qu’il y a plus de personnes infectées, mais seulement qu’elles sont mieux dépistées.
    Les stratégies de dépistages dites « délocalisées » permettent de dépister davantage de personnes infectées par le VIH et autres IST que les stratégies de dépistages traditionnelles (médecins généralistes, centres de planning, hôpitaux, etc.).

    Face au nombre élevé de personnes séropositives détectées chaque jour (environ 3 par jour) et face au constat de leur dépistage tardif dans notre pays, les autorités compétentes (fédérale, régionales, etc.) ont réalisé un bilan des politiques de préventions, de dépistages et de soins et élaboré un Plan national comportant de nombreuses recommandations en vue d’améliorer notamment la politique de prévention du VIH et autres IST dans notre pays.

    Comme ces recommandations ont été rédigées en étroite collaboration avec les opérateurs du secteur de la prévention du VIH, certaines de ces recommandations sont déjà intégrées dans les programmes de prévention réalisés par ces opérateurs depuis 2014.

    Voici un bref rappel des priorités dégagées suite à l’élaboration du Plan national.

    Le Plan national VIH montre que la Belgique présente des particularités en matière d’épidémie du VIH :
    * la Belgique compte 10.7 cas de contamination au VIH pour 100.000 habitants, contre 5.7 cas en moyenne en Europe ;
    * le dépistage quotidien de nouveaux cas d’infection reste élevé ;
    * le dépistage de l’infection n’est pas réalisé de manière suffisamment précoce ;
    * les taux élevés de contamination concernent deux populations en particulier : les homosexuels et certains groupes de migrants ;
    * l’accès au dépistage précoce semble notamment freiner par des problèmes de stigmatisation et de discrimination envers les PVVIH (Personne Vivant avec le Virus de l’Immunodéficience Humaine).

    Un projet de plan relatif à la prévention du VIH a été élaboré par l’Administration de la Fédération Wallonie - Bruxelles pour rencontrer les objectifs du Plan VIH 2013.
    Certaines de ces recommandations sont :

    - poursuivre la généralisation de l’EVRAS (éveil à la vie relationnelle, affective et sexuelle) en milieu scolaire et extrascolaire en y intégrant systématiquement la prévention des IST et du VIH ainsi que la lutte contre les préjugés et les discriminations liées au genre, à la sexualité, à la culture, …
    - préconiser la prévention combinée (usage du préservatif et recours au dépistage en cas de prise de risque) ;
    - favoriser l’accès permanent aux préservatifs gratuits pour les publics les plus à risque ;
    - renforcer la lutte contre les discriminations (homophobie, sérophobie) dans la population générale.
    - participer, avec les autres niveaux de pouvoir, à la démultiplication et la diversification des stratégies de dépistage afin d’augmenter considérablement l’accès au dépistage précoce des publics les plus à risques et parfois peu en contact avec les lieux traditionnels de soin.

    C’est pourquoi, comme certains acteurs le suggèrent, il me paraît indiqué de réfléchir à un dépistage décentralisé et démédicalisé.

    Par ailleurs, il devrait y avoir un lien plus étroit entre le dépistage du Sida et les autres IST pour des raisons évidentes d’efficience de nos actions de prévention, de dépistage et de traitement.

    Plusieurs de ces priorités ne peuvent être assumées par les Régions seules. L’appui des autres niveaux de pouvoir (Fédéral pour les politiques de dépistage, FWB pour les politiques de généralisation de l’EVRAS et de lutte contre les discriminations) reste plus que jamais nécessaire.