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Le Blanc Bleu Belge

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 187 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 22/04/2015
    • de BONNI Véronique
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Dans notre pays, la race Blanc Bleu Belge est la race numéro 1 du marché viandeux. En quelques décennies, l'exploitation systématique du caractère viandeux de l'animal a modifié certaines caractéristiques de la race. Ainsi, la musculature s'est plus que considérablement développée et le poids du veau à la naissance a augmenté. C'est pourquoi aujourd'hui, dans 95 % des cas, les vêlages se déroulent avec césarienne. En effet, l'hypertrophie musculaire maternelle cumulée à un poids plus élevé du veau à la naissance rendait le vêlage trop difficile. Par ce choix technique de césarienne, on évite toute traction. Il en résulte une mortalité périnatale bien plus faible.

    Si cette généralisation de la césarienne ne semble pas soulever d'importantes objections dans notre Région, on ne peut pas en dire autant dans d'autres pays européens et plus particulièrement dans des pays situés dans le nord de l'Europe. En effet, ces derniers, pour des raisons relatives au bien-être animal, se positionnent contre ces césariennes systématiques qui, selon eux, engendreraient des souffrances pour les animaux.

    Si l'Europe décide de suivre les arguments des pays nordiques sur ce point, que va-t-il advenir du BBB ?

    Quid des entreprises agricoles spécialisées en la matière ? Quelle est la position de Monsieur le Ministre sur le sujet ? Comment va-t-on pouvoir défendre notre Région face à ces possibles positions européennes ?
  • Réponse du 27/05/2015
    • de COLLIN René

    Du point de vue strictement zootechnique, il y a longtemps que les pays nordiques tentent d’empêcher l’utilisation des reproducteurs de la race Blanc-Bleu Belge sur leur territoire.

    La jurisprudence de la Cour de Justice européenne fait mention d’un jugement sur un conflit qui opposait la Suède à des éleveurs locaux qui avaient importé des doses de sperme de taureaux Blanc-Bleu en provenance de Belgique. Ce jugement, datant de novembre 1998, a été rendu sur base de l’interprétation des directives et décisions européennes réglementant la reproduction des bovins de race pure.

    Ce jugement confirme qu'un État membre ne peut, par une réglementation nationale, interdire ou soumettre à autorisation l'utilisation sur son territoire de la semence de taureaux de la race Blanc-Bleu Belge (BBB), pour autant que ces taureaux aient été admis à l'insémination artificielle dans un autre État membre, en l’occurrence la Belgique, sur la base de tests zootechniques conformes à la réglementation européenne.

    En Wallonie, ces tests sont organisés par l'ASBL Association wallonne de l’Élevage, en collaboration avec le Herd-Book de la race BBB.

    L'autorité nationale de n’importe quel État membre n'est donc pas en droit de refuser l'utilisation de la semence de BBB au motif qu'elle est porteuse du gène de l'hypertrophie musculaire ou que l'utilisation de la semence serait de nature à entraîner des souffrances pour les animaux, à affecter leur comportement naturel, ou encore que la race serait considérée par cette autorité nationale comme porteuse de tares génétiques.

    À ma connaissance, il n’y a pas eu d’autre cas jugé, et la réglementation zootechnique est restée la même depuis lors.

    Cette réglementation zootechnique fait toutefois actuellement l’objet d’une révision en profondeur.

    Au Parlement européen, le rapport établi par le député Michel Dantin suite aux débats dans la Commission Environnement ne laisse pas présager de modifications des dispositions actuelles en matière de circulation des races bovines dans l’Union, ce qui est une bonne chose pour le BBB, mais ce rapport doit encore être soumis à l’assemblée plénière.

    Au Conseil, la proposition de règlement de la Commission est toujours en discussion dans le groupe de travail des experts des 28 États membres. Les représentants de mon administration qui participent à ces réunions sont particulièrement attentifs à ce que les intérêts des espèces et races agricoles wallonnes, dont le BBB, ne soient pas mis en péril par un changement de règlementation.

    Du point de vue bien-être animal, qui est une compétence de mon Collègue le Ministre Di Antonio, il n’y a actuellement aucun dossier ouvert sur le sujet et la question n’a plus été abordée depuis de nombreuses années. La pratique de la césarienne lors du vêlage des vaches de la race Blanc Bleu Belge est effectivement courante et généralisée au sein des élevages wallons. Cette pratique est devenue une spécialité des vétérinaires belges qui ont acquis une réelle expertise dans le domaine et ont développé une technique de césarienne rapide et efficace reconnue par les initiés au niveau international. Cette expérience permet notamment de pratiquer cet acte vétérinaire dans de bonnes conditions et d’ainsi diminuer le stress vécu par les animaux lors de dystocie tout en diminuant les risques de complications postopératoires.

    À ma connaissance, il n’y a aucune étude permettant de valider le chiffre de 95 % des vêlages se faisant par césarienne. Sur base volontaire, des efforts pour diminuer le pourcentage de césariennes dans la race ont été effectués par certains centres d’insémination. Au niveau de la sélection, l’aptitude au vêlage naturel a par ailleurs été intégrée dans la cotation des taureaux.

    Je ne suis donc pas inquiet, mais resterai attentif à l’évolution du dossier vu son importance pour notre agriculture.