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La sécurisation de rochers en contrefort de la RN 90 à Thon-Samson et l'analyse de l'incident survenu en février 2015

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 492 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 29/04/2015
    • de HAZEE Stéphane
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    En novembre 2013, j'interrogeais le prédécesseur de Monsieur le Ministre sur les travaux entrepris par le SPW pour sécuriser, de manière durable et définitive, la paroi rocheuse située le long de la N90 à Thon-Samson.

    À la conclusion du marché public initié par la Région, l'entreprise choisie, Explotech, avait commencé et réalisé, fin 2013, ces travaux tant attendus par les riverains, les usagers et les autorités communales. À l'époque, un entrepreneur de la région spécialisé dans ce genre de chantiers avait soulevé des questions à la suite d'erreurs et anomalies relevées dans le cahier des charges spécialisé et de contradictions du cahier des charges par rapport à certaines prescriptions de l'étude commandée par la SOFICO ainsi que par rapport à certaines normes européennes.

    Interrogé entre autres sur la durabilité des matériaux et équipements spécifiques utilisés et sur leur conformité avec le cahier des charges, le prédécesseur de Monsieur le Ministre m'avait répondu que « certaines erreurs ou omissions supposées dans les documents d'adjudication » « n'ont pas empêché la remise d'offres et n'auront pas de conséquences négatives en termes de fiabilité et de durabilité des travaux » et en garantissant que ceux-ci « peuvent, donc, être considérés comme fiables, solides et durables ».

    Aujourd'hui, plus d'un an après la finalisation du chantier, je reviens vers Monsieur le Ministre à la suite d'un incident survenu à la mi-février 2015 qui a vu l'un des ancrages de l'écran pare-pierres se rompre et se laisser glisser dans le filet de protection qu'il est censé maintenir.

    L'entreprise qui a inspecté l'endroit avec le SPW opte pour l'explication d'une défectuosité de l'ancrage et non pas pour le résultat d'un éboulement de pierres. L'ancrage défectueux va ainsi être analysé et remplacé prochainement par cette même entreprise.

    Par contre, selon l'analyse du même entrepreneur spécialisé qui était intervenu en 2013 et a à nouveau alerté les autorités, l'incident survenu résulte d'une chute de pierres de petit volume, dont il a estimé l'impact à 100 kJ, alors que le dispositif est prévu pour résister à une charge 30 fois plus élevée.

    Monsieur le Ministre a indiqué, en commission du 10 mars 2015, que l'administration avait constaté la rupture d'un des ancrages sans pouvoir identifier, à ce stade, l'origine du problème, mais il a confirmé des investigations et des contacts avec un expert français ainsi que le remplacement de l'ancrage rompu. Il concluait en indiquant que son administration « ne partage pas » l'analyse émise par l'entrepreneur de la région précité et que les riverains et les usagers « sont en grande sécurité ».

    Je souhaite revenir vers Monsieur le Ministre au sujet des explications données à cet incident de février 2015, quant à ce qui a pu se produire et quant aux garanties offertes par les systèmes de protection choisis.

    Monsieur le Ministre indiquait alors que les investigations devaient se poursuivre. Son administration dispose-t-elle désormais de davantage de précisions ou d'informations complémentaires pour comprendre ce qui a pu se passer et déterminer de façon certaine la cause de l'incident ?

    Il a annoncé l'intervention d'un expert pour accompagner ses services dans ce cadre. Quel est l'expert retenu ? Peut-il préciser les garanties requises en termes de spécialisation technique, d'une part, et en termes d'indépendance, d'autre part ?

    Sur quoi portent plus précisément les investigations menées ? Seront-elles centrées sur l'ancrage abîmé ou viseront-elles plus largement l'ensemble de l'ouvrage, par mesure de précaution ? Ces investigations réexamineront-elles la conformité de l'ouvrage (phases 1 et 2) avec le cahier des charges et avec l'étude préalable ?

    Monsieur le Ministre est-il à présent en mesure de nous annoncer le calendrier de conclusion du rapport d'analyse technique ? Quand pense-t-il que ce rapport sera disponible et rendu public ?

    Des conclusions, même intermédiaires, sont-elles d'ores et déjà disponibles ? Le cas échéant, quelle en est la teneur ? Quels sont les éléments avancés pour identifier le problème survenu et limiter les risques éventuels ?

    À côté de cela, quelles garanties l'entrepreneur Explotech a-t-il données aux services de Monsieur le Ministre pour confirmer que la sécurité des riverains et des usagers ne court aucun risque ?

    Des tests seront-ils menés pour vérifier la validité du dispositif ?

    Enfin, la réception de l'ouvrage a-t-elle déjà eu lieu ? Comment a été appréciée la problématique de la conformité de l'ouvrage au cahier des charges ?
  • Réponse du 20/05/2015
    • de PREVOT Maxime

    Suite à l’incident survenu en février 2015, aucune chute importante de pierres n’a été constatée pouvant expliquer la rupture d’un des ancrages.

    Des investigations ont été menées sur l’ensemble des ancrages indiquant que plusieurs d’entre eux présentaient une déformation anormale sans être rompus.

    Des contacts ont, en effet, été pris avec un expert français, spécialisé dans le domaine.  La France possède une expérience largement supérieure à la nôtre dans le domaine.  C’est ce même expert qui avait effectué précédemment l’étude de confortement de la paroi rocheuse.  En France, plusieurs ancrages se sont également rompus dans des circonstances similaires.

    Un test de rupture en flexion a été réalisé en laboratoire sur une barre d’ancrage similaire pour vérifier le comportement en flexion de ce type d’ancrage. Au vu des résultats, on peut affirmer que la barre d’ancrage présente un comportement à la flexion tout à fait normal.

    Toutefois, les efforts à reprendre ne sont pas compatibles avec une sollicitation en flexion de la barre d’ancrage. Normalement, cet ancrage ne devra pas être sollicité en flexion, car il est placé dans un terrain qui le soutient. Dans le cas présent, les terrains rocailleux superficiels autour de la barre d’ancrage se sont rompus créant ainsi un bras de levier trop important et une mise en flexion de l’ancrage.  Cet état des choses n’était pas prévisible étant donné la difficulté de connaitre précisément la nature et la cohésion des remblais rocheux superficiels dans une zone d’éboulis.  Cette difficulté existe également en France où de nombreux ancrages présentent aussi parfois des déformations.

    Cependant tout est mis en œuvre pour remédier au plus vite à l’incident. Les travaux étant toujours sous garantie, l’entrepreneur a fixé un nouvel ancrage à la base de la falaise rocheuse et a prolongé le câble du hauban, solution, par ailleurs, validée par le fabricant de l’écran de filet.

    La réception de l’ouvrage n’a pas encore été donnée, elle sera « octroyable » lorsque les ancrages présentant une situation comparable seront remplacés et que mon administration aura validé l’ensemble du dispositif.