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Le taux de suicides en Wallonie

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 513 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 07/05/2015
    • de LECOMTE Carine
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Selon plusieurs statistiques recoupées par la mutualité Solidaris, le taux de suicide en Wallonie dépasse la moyenne belge. Il est l’un des plus élevés d’Europe.
    En effet, chaque année 773 personnes en moyenne mettent fin à leurs jours en Wallonie.

    La Province de Luxembourg affiche un taux de suicide particulièrement important : l’isolement, la ruralité et les mentalités (« les psys, c’est pour les fous », entend-on encore) sont pointés du doigt comme des facteurs propices aux idées noires !

    Des comparaisons qui interpellent … Le taux de suicide en Wallonie (deux personnes mettent fin à leurs jours quotidiennement) est 22 % plus élevé qu’en Flandre, 28 % plus élevé qu’en France, 84 % plus élevé qu’au Grand-Duché du Luxembourg, 85 % plus élevé qu’en Allemagne et 136 % plus élevé qu’aux Pays-Bas !

    Les politiques liées à la problématique du suicide sont (totalement) régionalisées depuis le 1er janvier 2015.

    Compte tenu de l’ampleur de la problématique du suicide en Wallonie et particulièrement en province de Luxembourg, quelles nouvelles actions comptez-vous mettre en place ?

    Des outils existent comme le Centre de référence infosuicide qui se définit comme une structure de soutien théorique et pratique destinée aux acteurs de terrain sur la thématique du suicide.

    Monsieur le Ministre avait évoqué qu’il était susceptible d’initier un plan de lutte contre le suicide. Qu’en est-il actuellement ?

    Les Provinces wallonnes étant inégalement touchées par l’ampleur de ce fléau, une collaboration spécifique et renforcée est-elle envisageable avec les plus concernées ?

    Quelles initiatives Monsieur le Ministre pense-t-il prendre visant à faire changer les mentalités à l’endroit des professionnels de la santé mentale ?
  • Réponse du 27/05/2015
    • de PREVOT Maxime

    La Wallonie, en matière de prévention du suicide, n’a pas attendu la 6e Réforme de l’État pour se mobiliser. Pour faire face à cette problématique, la Région soutient, depuis 2009, l’initiative de l’ASBL « Un pass dans l’impasse » qui a été reconnue, en 2013, comme « Centre de Référence Info-Suicide ».

    Bien avant cette reconnaissance, l’ASBL offrait déjà un lieu d’écoute aux personnes directement ou indirectement confrontées à la problématique du suicide, quel que soit leur âge (enfant, adolescent et adulte) et y compris les professionnels. L’association sert aussi de relais afin d’orienter les personnes en souffrance vers des services appropriés à leurs besoins (centres hospitaliers, services de santé mentale, centres psycho-médico-sociaux, services d’assistance aux victimes, etc.). Enfin, elle met en place des groupes de parole pour les personnes confrontées au suicide et ayant perdu un être cher.
    Des services existent donc, mais nous savons qu’un grand nombre de personnes ayant des pensées suicidaires ou qui font des tentatives de suicide ne font pas d’appel à l’aide auprès de leurs proches ou de professionnels.

    Selon les études, concernant les taux de suicide, il existe en effet des différences entre les régions ; en donner une explication est difficile. La manière dont les causes de décès sont déclarées en est probablement une. Les habitudes de déclarations peuvent fortement varier en fonction des sensibilités des médecins qui remplissent le certificat de décès. Il semblerait par exemple que, depuis quelques années, on assisterait à un problème de sous-déclaration des décès par suicide à Bruxelles, ce qui pourrait expliquer une apparente diminution des suicides dans la capitale. Ceci dit, la différence entre Flandre et Wallonie est observée depuis longtemps et d’autres possibilités d’explications doivent être étudiées. Il s’agit par exemple de la disponibilité de services de prises en charge des personnes présentant des idées suicidaires ou encore des différences de mentalité qui font que certaines personnes, et notamment les hommes, ont de la peine à chercher de l’aide en cas de problèmes de ce type.

    Les taux avancés concernant la Province de Luxembourg ne peuvent nous laisser indifférents.

    Par ailleurs, j’ai effectivement demandé au Centre de référence info-suicide de me transmettre certaines données accessibles concernant l’accueil des personnes « suicidaires » au sein, notamment, des services d’urgence. Je peux déjà dire que cette ASBL a de nombreux contacts avec les hôpitaux en vue de concrétiser une collaboration et d’assurer un suivi possible pour ces personnes.

    « Un pass dans l’impasse » me transmettra ces renseignements dans les prochaines semaines. Je ne peux donc, au stade actuel, fournir de plus amples informations.

    Enfin, l’Observatoire Wallon de la Santé, en collaboration avec l’AIGS, l’ULB et le Centre de référence info-suicide consacrera prochainement une publication aux chiffres et initiatives prises dans le domaine de la prévention primaire et secondaire du suicide.