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Les jeunes sans formation ni emploi

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 200 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 13/05/2015
    • de PREVOT Patrick
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    En Belgique, selon des chiffres récemment publiés par Eurostat, 12 % des jeunes âgés entre 15 et 24 ans sont sans emploi, mais également sans formation, ce qui correspond à plus de 150 000 jeunes. En ce qui concerne la Wallonie, le taux est quant à lui de 14,7 %.

    Les mauvaises conditions économiques jouent en défaveur de l'accès à l'emploi pour les plus jeunes. Face à celui-ci, le politique n'a finalement qu'une marge de manoeuvre limitée. C'est moins le cas en ce qui concerne les formations. Or une formation pertinente devient primordiale pour décrocher un premier job durable et équilibré. En Belgique, de nombreuses enquêtes s'accordent sur le fait qu'au plus on est formé, au moins on a de risque de devenir chômeur. Les jeunes fondent le dynamisme de toute économie. Il importe donc de rester attentif à leur situation.

    Quelle est l'évolution du taux de jeunes sans emploi ni formation en Wallonie sur les dernières années ?

    Combien de jeunes de 15 à 24 ans sont actuellement en formation au FOREm ? Quel suivi peut-être effectué des jeunes ayant réalisé des formations au FOREm ? Les formations dispensées ont-elles objectivement augmenté les chances de décrocher un emploi pour ces jeunes ?

    Quelles bonnes pratiques existent chez nos voisins européens et qui pourraient être importées en Wallonie ? La Grande Région ne peut-elle pas constituer un tremplin à ce niveau ?

    Où en sont les discussions sur la refonte des aides à l'emploi ?
  • Réponse du 08/06/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    Au niveau européen, le terme NEET (« Not in Education, Employment or Training ») est employé pour désigner les jeunes sans emploi, hors du système éducatif et sans formation. Ce groupe reprend les jeunes âgés de 15 à 24 ans totalement inactifs et en dehors de tout parcours scolaire (ou de formation continue) et non répertoriés dans les chiffres classiques du chômage. Cette catégorie de jeunes, les plus vulnérables et comptant des périodes d’inactivités relativement longues, est très exposée au risque d’exclusion sociale.

    En Belgique, Eurostat estime cette population à environ 170.000 jeunes de moins de 25 ans, dont 65.000 Wallons. Le taux de NEETS rapporte ces personnes à la population de référence (les 15-24 ans). En 2014, le taux de jeunes NEETS en Wallonie (14,7 %) se situe entre celui de Bruxelles (15,8 %) et celui de la Flandre (9,8 %). Sur l’ensemble du pays, il est de 12 %.

    Le Gouvernement wallon a fait de l’emploi des jeunes, en particulier les jeunes plus fragilisés, une priorité pour cette législature. Il s’est engagé à favoriser leur insertion rapide sur le marché de l’emploi via la proposition d’un stage professionnel, d’une formation ou d’un accompagnement au plus tard dans les quatre mois qui suivent leur inscription au FOREm. Ce plan « Garantie jeunesse » s’adresse à tous les jeunes au sortir des études, avec une attention particulière donnée aux moins diplômés ou sans qualification professionnelle, dans l’esprit de la Recommandation du Conseil européen d’avril 2013.

    La formation professionnelle pour les jeunes constitue un vrai tremplin pour l’emploi. En effet, parmi les demandeurs d’emploi inscrits dans le cadre d’un parcours formatif organisé par le FOREm ou ses partenaires, la tranche d’âge des 18-25 ans obtient les meilleurs taux d’insertion, douze mois après la formation, à savoir, pour 2013, un taux d’insertion moyen de 66,24 %.

    Le décret wallon du 20 février 2014 instituant un nouveau dispositif de « formation alternée » à l’attention des demandeurs d’emploi a commencé à se déployer en Wallonie. Ce dispositif cible les jeunes peu qualifiés, de 18 à 25 ans, disposant au maximum d’un CESS et n’ayant pas réussi un certificat de qualification, de même que le public issu des cellules de reconversion. Les premières actions de formation ont débuté, permettant à une quarantaine de demandeurs d’emploi de se former en alternant l’acquisition de compétences auprès de l’employeur et en centre de formation. Ces formations concernent actuellement les métiers de couvreur, de monteur de structures bois, de boucher et d’installateur électricien résidentiel. Les premiers retours provenant des demandeurs d’emploi en ce qui concerne leur parcours de formation sont très positifs.

    En matière d’orientation professionnelle, le FOREm se dote d’une nouvelle approche pédagogique des jeunes afin de travailler plus rapidement sur les compétences de base et d’orienter ceux-ci vers un parcours adapté de développement de compétences, articulé autour d’une formation qualifiante. Le projet « compétences clés » vise à identifier, au moyen d’un outil de « screening » et dans le cadre d’ateliers, le potentiel du jeune en termes de capacité et motivation d’apprentissage et de fonctionnement cognitif. Il situe le jeune par rapport à un ensemble de 8 compétences clés, définies par l’Europe. Ce dispositif s’appuie sur l’expérience et la méthodologie déployée dans les Ateliers de Pédagogie personnalisée français.

    Par ailleurs, dès juillet 2014, le Gouvernement wallon a fait une priorité de la sensibilisation et de l’orientation des jeunes dans les filières de formation porteuses d’emplois et dans les métiers en demande et d’avenir. L’alternance, notamment dans ces filières techniques et professionnelles, constitue un levier important d’insertion. C’est pourquoi le gouvernement s’est engagé à ce que soient rapidement mises en place des actions visant l’amélioration de la qualité de la filière de l’alternance et l’harmonisation des statuts des apprenants. L’objectif est aussi de permettre une réelle perméabilité entre les systèmes d’alternance en Belgique francophone.

    Pour soutenir ces actions, nous misons sur le repérage de bonnes pratiques chez nos voisins européens, et ce, à plusieurs niveaux :
    * Au niveau méthodologique et opérationnel, le projet européen Alter+, coordonné par la Direction générale de l’enseignement obligatoire (CCG) de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et cofinancé dans le cadre du programme « Erasmus + », réunit l’IFAPME pour la Wallonie, ainsi que les organismes en charge de la formation en alternance en France, en Espagne et en Allemagne. L’objectif est de mettre en place des échanges d’expérience et d’analyse sur les parcours d’apprentissage, les dispositifs d’évaluation d’acquis d’apprentissage, ainsi que sur la réduction du taux d’échecs et d’abandons en cours de formation.
    * À un niveau plus officiel, dans la continuité de la visite officielle effectuée par Sa Majesté le Roi Philippe et les Ministres de l’Enseignement, de l'Emploi et de la Formation des entités fédérées, les 12 et 13 mars dernier, en Allemagne, sur la thématique de la formation en alternance, et de la visite parlementaire wallonne consacrée aux éléments de plus-value de la formation en alternance en Communauté germanophone, une mission parlementaire d’étude est organisée, en Suisse, à la mi-juin. Ces différentes missions ministérielles et parlementaires, dans des régions et des pays dans lesquels la culture de « l’enseignement dual » est ancrée et où l’alternance constitue une filière d’excellence, ont pour objectifs d’identifier les cadres juridiques, les facteurs favorisant l’implication des secteurs professionnels et des entreprises, ainsi que les dispositifs de soutien et d’accrochage des jeunes en formation en alternance.