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Les demandes du secteur associatif concernant le Plan autisme

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 555 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 27/05/2015
    • de DAELE Matthieu
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le secteur associatif a formulé diverses remarques et demandes à la suite de la présentation du Plan autisme en avril dernier. Que Monsieur le Ministre me permette d'en relever quelques-unes et de solliciter ses réactions et réponses.

    Ce plan reprend ce qui existe déjà et n'apporte pas grand-chose d'innovant par rapport à ce qui fonctionne. Comment Monsieur le Ministre compte-t-il mettre en œuvre ce plan sans budget spécifique pour l'appliquer ?

    Les parents d'enfants autistes souhaitent un Plan autisme national et transversal tel que le recommande le KCE. Des contacts avec l'homologue fédérale de Monsieur le Ministre ont-ils été déjà pris ? Si oui, quels sont les résultats de ces discussions ? Sinon, une coordination est-elle prévue ?

    Le plan prévoit de travailler l'annonce à la famille du handicap et met l'accent sur le suivi pédopsychiatrique. Selon les parents, ce n'est pas la priorité. Ils souhaitent des interventions de stimulation précoce et intensive auprès des jeunes enfants. Comment Monsieur le Ministre compte-t-il répondre à cette demande ?

    Le SUSA (Service d'accompagnement pour personnes autistes) possède une longue liste d'attente. Comment compte-t-il faire face aux demandes croissantes en termes de suivi ?

    En termes de formations, les parents sont dans l'attente de formations à l'ABA et au PECS certifiés. Le SUSA n'offre pas ce type de formation certifiée. Inforautisme organise sur fonds propres des formations accessibles aux parents par le biais d'organismes français certifiés.

    N'y aurait-il pas lieu de trouver des solutions de financement pour ce type de formation ? Une coordination avec l'homologue de Monsieur le Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles est-elle envisagée ?
  • Réponse du 11/06/2015
    • de PREVOT Maxime

    D’abord, je me permets de préciser que je n’ai nullement l’intention ou la prétention de construire, seul, un plan autisme. Un tel plan nécessite la participation de différentes autorités et de différents secteurs. J’ai cependant effectivement listé une série de balises et d’axes autour desquels devrait s’articuler la construction de ce futur plan autisme. Ces balises évolueront en fonction des concertations avec les acteurs concernés.

    Actuellement, des réunions sont organisées au sein de mon département avec les autres niveaux de pouvoir et leurs administrations respectives, afin de disposer d’un état des lieux des attentes et de ce qui est déjà réalisé. Dès l’automne, ce sont les associations de parents et les professionnels dans leurs spécificités sectorielles qui seront concertés.
    Au vu de la complexité du dossier et de l’étendue du travail à mener, ce n’est que pour l’été 2016 que ce « Plan Autisme » devrait trouver un début de concrétisation.

    La construction d’un plan vise à coordonner les actions et les interventions des différentes entités afin que les personnes bénéficient d’un continuum de prise en charge dans tous les secteurs (insertion sociale, accueil scolaire, accueil en institutions, etc.).
    Prendre dès aujourd’hui des options et réclamer des budgets sans avoir une vision globale des actions à mener et sans disposer d’études récentes sur le plan épidémiologique ou de prévalence, ne me paraît pas être en cohérence avec cet objectif d’élaborer des réponses adéquates et personnalisées en évitant autant que faire se peut les time out.

    Le Service universitaire spécialisé pour personnes avec Autisme (SUSA) est un des services spécialisés d’accompagnement, axé essentiellement sur le mode ambulatoire, dans le domaine de l’autisme. Il faudra à tout le moins examiner le caractère reproductible de ce dispositif, mais aussi valoriser les prises en charge dans le cadre de nombreux services de santé mentale ainsi qu’examiner les possibilités de relais et d’appuis au sein d’autres structures existantes ou à créer, notamment sur le plan résidentiel.

    L’étude du Kenniscentrum Centre d’expertise (KCE) recommande une action transversale et la plus large possible concernant la problématique de l’autisme. Cette recommandation, je la fais mienne, et elle rejoint la préoccupation de nombreux parents dont ceux œuvrant au sein d’associations.

    Toutefois, un élément tout récent est intervenu dans le paysage global de la santé mentale et il aura une influence certaine sur le futur plan autisme. L’honorable membre le sait, une nouvelle politique de soins en santé mentale pour les enfants et adolescents a été présentée officiellement le 28 mai dernier, actant une collaboration étroite entre les autorités fédérales et régionales pour aboutir à répondre, au cas par cas, aux besoins de tous les enfants et adolescents présentant des difficultés psychiques et relationnelles. Cette nouvelle politique concernera, parmi toutes les problématiques, tous les jeunes souffrant de ce qui est qualifié de « double diagnostic ». Cette nouvelle politique aura donc, sans conteste, une influence sur la prise en charge d’un certain nombre de personnes autistes.

    En ce qui concerne les formations, elles faisaient effectivement partie des balises mentionnées, car elles constituent un axe important et sont essentielles tant pour les professionnels qu’envers les parents.
    À ce propos, je retiens que l’étude du KCE reconnaît qu’il n’existe aucune méthode, aucune approche qui soit véritablement validée sur le plan scientifique. Il existe plusieurs méthodes, plusieurs approches, certaines mettant davantage l’accent sur la dimension comportementale, d’autres valorisant une approche plus globale et psychodynamique.
    Le souci concernant la formation devra tenir compte de ce paramètre.

    Je tiens donc à rappeler que les études et les témoignages nous rappellent que ce qui est fait avec un enfant n’est pas forcément reproductible avec un autre enfant, ce qui est adéquat pour l’un, ne l’est pas nécessairement pour un autre.
    Toutes les méthodes connaissent des succès. Chaque méthode, chaque approche rencontre des échecs.

    Il reste donc essentiel de proposer des approches plurielles ou complémentaires pour tenir compte des réalités de terrain, de la compétence et de l’expérience des professionnels ainsi que de la complexité de la pathologie tout autant que de la liberté de choix des personnes atteintes d’autisme ou de leurs familles.