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La problématique de l'accueil des touristes en région rurale.

  • Session : 2004-2005
  • Année : 2004
  • N° : 41 (2004-2005) 1

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  • Question écrite du 29/11/2004
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Il y a quelques jours la presse donnait écho des problèmes que connaît le monde rural qui n'est pas toujours préparé à l'accueil en masse des visiteurs. L'article sur le fond avançait, je cite : “Le tourisme étouffe parfois les villages”.

    Après constat, il existerait donc “une forme conflictuelle de l'usage de l'espace”. Avec, d'un côté, des vacanciers impatients de se défouler et, de l'autre, des habitants avec leur logique d'occupation du territoire et leur rythme de vie.

    Même si, nous le savons bien, le tourisme est un des atouts positifs et un des pôles sur lesquels mise la Région wallonne pour développer son économie (surtout locale), il ne faudrait pas, pour autant, que la qualité de vie de nos concitoyens en soit affectée.

    Je suis de ceux qui pensent qu'il faut chercher un équilibre fort en désamorçant toute une série de facteurs qui pourraient déboucher sur des conflits. Il ne faut donc pas “juste” réduire le mécontentement au phénomène Nimby.

    Des solutions assez efficaces, comme la médiation, existent. La mise en place de celle-ci nécessiterait bien sûr des moyens, mais apporterait par ailleurs une reconnaissance politique de la problématique.

    Monsieur le Ministre peut-il répondre à ma sollicitation et, surtout, me dire comment il envisage - à long terme - la gestion de la question ?
  • Réponse du 06/01/2005
    • de LUTGEN Benoît

    La question posée par l'honorable Membre me permet de lui faire part de ma particulière préoccupation pour le sujet qu'il soulève, en ma double qualité de Ministre du Tourisme et de Ministre de la Ruralité.

    Initié voici plus de vingt années sur la proposition de Michel Hansenne, alors premier Ministre-Président de la Communauté française, un premier décret organisant le tourisme rural et à la ferme (décret du 16 juin 1980 relatif aux gîtes ruraux, gîtes à la ferme, meublés de tourisme et

    chambres d'hôte) est à l'origine de ce qui est devenu une véritable spécificité wallonne, emblématique d'une Région où il fait bon vivre. Le développement volontariste de cette nouvelle filière touristique génère annuellement plus de 1.750.0000 nuitées et propose plus de 18.000 lits officiellement reconnus par le Commissariat général au tourisme. Bref, le tourisme rural est un succès du savoir-faire wallon en faveur d'un tourisme endogène bien compris.

    Certes, tout développement à caractère économique a ses revers car, s'il génère des revenus aux habitants les plus entreprenants, il peut, dans certaines circonstances, perturber le mode de vie d'autres habitants.

    J'estime qu'il ne peut y avoir de développement socio-économique durable et, donc, de tourisme durable au profit des Wallons vivant en milieu rural sans fixer les règles aptes, soit à prévenir, soit à encadrer positivement les circonstances perturbatrices.

    C'est pourquoi, dès mon arrivée à la tête du département du tourisme, j'ai pris deux décisions :

    1° intégrer au sein de l'arrêté du Gouvernement wallon pris en application du décret du 18 décembre 2003 relatif aux établissements d'hébergement touristique, adopté en séance du 9 décembre dernier, une règle visant les nouveaux gîtes de grande capacité (plus de quinze personnes hébergées) :

    - soit ils seront implantés en dehors des noyaux habités des villages ;
    - soit leur propriétaire (ou un responsable local) devra résider obligatoirement à proximité immédiate du gîte.

    En outre, ces gîtes devront disposer d'un parking et d'un espace de détente extérieur privés suffisants ;

    2° intégrer dans le même arrêté un mécanisme par lequel, en cas de trouble de la quiétude des voisins, le bourgmestre peut interpeller le Commissaire général au tourisme, afin de permettre à celui-ci d'envisager une réponse appropriée (pouvant aller jusqu'au retrait de l'autorisation et le remboursement de primes reçues).

    Certes, ces dispositions légales (article 24 du décret et article 14 de l'arrêté du Gouvernement wallon) ne concernent que les hébergements autorisés par le Commissaire général au tourisme à porter une appellation protégée, mais elles constituent un premier pas dans la bonne direction.

    Par ailleurs, la Région wallonne a soutenu récemment un colloque consacré à « La médiation touristique en milieu rural : faciliter les relations touristes/habitants ». Ce colloque a été organisé par le Domaine de Villers-Sainte-Gertrude, opération pilote de tourisme rural créée voici 20 ans à l'initiative de la commune de Durbuy et du Commissariat général au tourisme, le 23 octobre dernier. Il est à l'origine de plusieurs articles de presse sur la base desquels l'honorable Membre a probablement fondé sa question. Les informations qui me sont parvenues témoignent effectivement d'une réelle possibilité d'initier une méthode innovante de résolution douce des conflits, voire de les éviter, au travers d'une démarche de médiation. Un groupe de travail réunissant une vingtaine de participants à ce colloque devraient approfondir la réflexion et conduire à des propositions concrètes de mise en œuvre.

    J'ai invité les organisateurs de ce colloque à me faire part de celles-ci dès la conclusion de leurs travaux.

    Je terminerai en précisant que si l'un ou l'autre village connaît de telles tensions, ce phénomène reste marginal en Wallonie et celles-ci sont bien connues du Commissariat général au tourisme : les décisions et réflexions actuelles arrivent dès lors à temps et témoignent à nouveau d'une bonne connaissance du phénomène par les autorités et d'une maturité exemplaire des acteurs du tourisme wallon.