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Les PME en danger

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 259 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 16/06/2015
    • de STOFFELS Edmund
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique

    Les PME wallonnes sont sous-financées. Le consultant PricewaterhouseCoopers (PwC) tire la sonnette d’alarme. Il rapporte de graves défaillances de marché au niveau de l’accès au financement des PME, cette situation impacte négativement les investissements des PME.

    Les PME constituent la quasi-totalité du nombre d’entreprises wallonnes (98,8 %) et représentent près de 78 % de l’emploi. C’est dire leur rôle crucial dans le redressement économique. Il est également estimé qu’environ 30 % des entreprises sont en danger en raison d’un taux de solvabilité inférieur à 16,5 %. La situation serait particulièrement alarmante chez 80 % des jeunes entreprises. Près de 50 % des entreprises wallonnes n’atteignent pas les niveaux de liquidité de référence et présentent donc une liquidité trop faible risquant ainsi de ne pas pouvoir faire face à leur endettement. De nombreuses PME constatent une frilosité des banques à offrir du financement, cette situation de sous-capitalisation serait également due à un manque de connaissance de l’offre de financement, tant publique que privée.

    Les constats sont alarmants, mais pas nouveaux. Ils ont fait à plusieurs reprises l’objet de discussions au sein du PW. Donc, non seulement les constats sont alarmants, mais aussi le fait est qu’après autant d’années d’efforts, ce sont toujours les mêmes constats qui reviennent.

    Dans quelle mesure le plan Marshall 4.0 et les fonds FEDER contribuent-ils à remédier aux difficultés constatées ?

    Qui freine le développement des PME et la création effective d’emplois ?
  • Réponse du 30/08/2016
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Les difficultés de financement des PME et TPE ne sont pas un phénomène nouveau et les contraintes de Bâle III sur le secteur bancaire ne font qu’amplifier la problématique.

    60 % des PME n’atteignent pas, en matière de solvabilité, la norme attendue des 33 %. Ce pourcentage est fortement lié à la durée d’existence des entreprises, les jeunes entreprises étant les plus fragiles (80 % en dessous du seuil). Il existe également une forte corrélation entre la taille des entreprises et le ratio de solvabilité, les microentreprises affichant de moins bons ratios.

    50 % des entreprises wallonnes n’atteignent pas le seuil acceptable de liquidité, ce qui traduit une vulnérabilité des entreprises en termes de pouvoir de négociation auprès des banques et des fournisseurs. Les jeunes et les microentreprises sont plus fragiles sur ce point également que les autres.

    Le financement bancaire reste la source principale de financement des PME, entre 16 et 20 % des entreprises toutes tailles confondues n’ont pas obtenu le financement bancaire qu’elles sollicitaient, ce taux atteignant 23 à 32 % pour les plus petites d’entre elles.

    La recherche de financements sous la forme de fonds propres n’est que dans très peu de cas envisagée par l’entreprise et se fait majoritairement auprès des actionnaires existants, pourtant, le manque de fonds propres dans les PME est clairement mis en évidence.

    Les différents outils de la Région Wallonne œuvrent déjà à résoudre la situation. La SOWALFIN, en direct ou via ses filiales spécialisées, soutient les entreprises en création à travers ses nombreux produits de garantie, microcrédit, de cofinancement.

    Via les Invests, la SOWALFIN peut également apporter des capitaux sous des formes plus risquées que des crédits bancaires, en capital ou en prêts, et répondre ainsi le plus adéquatement possible aux besoins de fonds propres des entreprises en création.

    Afin de faciliter davantage l’accès au financement de nos entreprises, trois initiatives majeures ont été initiées dans le cadre du SBA 2015-2019.

    * La première consiste en une charte avec le secteur bancaire. Cette charte matérialise les engagements du secteur bancaire et de la Wallonie afin de renforcer l’accès au financement des PME. La charte dresse un bref état des lieux des acteurs du financement, publics, privés et hybrides. La charte met également en avant les récentes initiatives et améliorations relatives au financement des PME, et les points à améliorer. Fort de ces constats, la charte s’articule autour de trois axes principaux :
    - Les initiatives concrètes que le secteur bancaire et la Wallonie s’engagent à mettre en œuvre ;
    - Les sujets plus complexes, qui nécessitent un approfondissement afin de déboucher sur d’autres initiatives ;
    - Les moyens dédiés aux entreprises.

    En ce qui concerne les moyens financiers dédiés aux entreprises, une évaluation a été réalisée sur la période 2016-2020. Celle-ci se base sur les moyens régionaux, ainsi que sur l'effet multiplicateur que ceux-ci auront quant à l’accès au financement bancaire.

    Les moyens mis à disposition des PME par la Région Wallonne sur la période 2016-2020, s’élèvent à 970 millions euros, à travers le groupe SOWALFIN (99.4 millions euros), les Invest (335 millions euros), la SOGEPA (265 millions euros) et la SRIW (275 millions euros). Ces moyens proviennent essentiellement du Plan Marshall 4.0, du Fonds européen d’Investissement, des fonds FEDER et de la régionalisation du Fonds de Participation.

    La production additionnelle de crédits bancaires, sur base des effets de leviers historiques sur les moyens régionaux s’élèvent à 1.830 millions euros.

    Au total, ce sont donc plus de 2 milliards 800 millions euros de financement additionnel qui seront injectés dans les PME wallonnes sur la période 2016 – 2020.

    * Comme expliqué ci-dessus, la seconde initiative consiste en un important renforcement des moyens mis à disposition des outils financiers de la Région Wallonne, en particulier ceux destinés aux PME :
    - La Socamut par exemple, filiale de la SOWALFIN, qui propose des instruments financiers particulièrement adaptés aux starters, qu’ils soient indépendants, artisans, commerçants, et aux professions libérales, a vu ses moyens considérablement augmenter.
    - Les Invests, interlocuteurs de financement de proximité, qui aident les entreprises à consolider leur structure financière dans une optique de moyen et long termes, ont vu également leurs moyens augmenter.
    - La SOWALFIN a récemment rejoint EuroQuity, réseau européen qui met en relation des sociétés en levée de fonds (ouverture au capital des start-up, spin-off, spin-out et sociétés matures) et des investisseurs tant publics que privés. L’objectif est d’adapter le niveau de fonds propres des PME à leurs projets de croissance/développement. Cette amélioration des fonds propres permet naturellement un accès plus facile aux crédits bancaires.

    * Enfin, la troisième initiative relève de la diversification des sources de financement, afin de rendre nos PME moins dépendantes du secteur bancaire :
    - La SOWALFIN a récemment signé un accord avec le Fonds européen d’Investissement dans le cadre des programmes InnovFin et Cosme. L’accord InnovFin, qui porte sur une période de 2 ans, va permettre à la SOWALFIN d’émettre des garanties sur des crédits bancaires à des entreprises innovantes en Wallonie. Le support de l’UE aux entreprises wallonnes innovantes devra permettre de lever 30 millions euros de financements bancaires, sur 2 ans, au bénéfice d’une centaine d’entreprises innovantes. L’accord COSME porte sur une période de 3 ans, à travers un mécanisme comparable de contre-garantie des garanties de la SOWALFIN. Cet accord permettra à la SOWALFIN d’augmenter ses volumes de garanties octroyées sur des crédits bancaires à l’attention d’entreprises wallonnes qui ont plus difficilement accès au financement. Le support de COSME, quant à lui, permettra à la SOWALFIN d’octroyer des garanties sur des crédits bancaires, de l’ordre de 115 millions euros, à destination d’environ 500 entreprises sur cette période de 3 ans.
    - Enfin, le « Prêt Coup de Pouce », qui permettra aux particuliers de prêter, avec un incitant fiscal, une partie de leur épargne à des jeunes entreprises ou indépendants, afin de faciliter le développement de l’activité de ceux-ci, sera d’application avant la fin de l’année.