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La prévention du suicide en Wallonie

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 628 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 23/06/2015
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Alors que les accidents de la route font encore près d'un mort par jour en Wallonie - d'après les chiffres dévoilés, en mars dernier, dans le Vif l'Express -, le suicide, quant à lui, touche deux personnes par jour en Wallonie et six par jour, pour l'ensemble du pays !

    Depuis 2011, les chiffres n'ont guère changé et de nouveau, même si le suicide touche davantage les hommes et les aînés, l'ensemble de la population est concerné par cette problématique, quel que soit l'âge, le sexe ou le niveau socio-économique. Ceci serait d'autant plus vrai en Wallonie et en Belgique ; ces zones géographiques présentent, en effet, d'après le centre de prévention du suicide et d'accompagnement, un taux de suicide plus élevé par rapport aux autres régions et pays d'Europe !

    Aussi, je souhaite connaître l'ensemble des dispositions de prévention actuelles inhérentes au suicide ? Existe-t-il, à ce jour, des campagnes à destination des personnes les plus fragiles afin de prévenir le suicide ? Monsieur le Ministre pense-t-il renforcer les dispositifs existants afin de réduire le nombre de suicides par jour en Wallonie ?
  • Réponse du 10/07/2015
    • de PREVOT Maxime

    Comme le signale l'honorable membre dans sa question, les données relatives aux décès par suicide sont stables pour la Wallonie depuis plusieurs années. Le taux de décès est de 22,61 suicides par 100.000 habitants. Cela représente la 6e cause de mortalité. Il y a trois fois plus de suicide chez les hommes que chez les femmes. Au total, cela amène à 606 décès par an.

    Il existe en Wallonie plusieurs services se destinant à la problématique du suicide, dont la Cellule de Prévention du suicide de la Province de Liège, la coordination deuil-suicide de la province du Luxembourg, les lignes d’écoute 24h/24h et 7j/7j (télé-accueil, Ecoute-enfants, numéro gratuit séniors) et les équipes mobiles d’intervention de la FWB.

    La Wallonie subventionne l’ASBL « Un pass dans l’impasse », située à Namur, qui a pour objectif premier la prévention du suicide en Région wallonne. Depuis 2008, elle dispose d’un Centre de prévention du suicide et d’accompagnement. Ce service se distingue par sa pluralité, sa grande accessibilité, sa rapidité d’intervention et son expertise quant à l’intervention en situation de crise suicidaire.
    En 2013, le Gouvernement wallon a mandaté cette ASBL en qualité de Centre de référence en santé mentale spécifique « suicide » afin de fournir un appui aux acteurs du secteur psycho-médico-social face à cette thématique. Il se dénomme « Centre de référence infosuicide » (CRI-S).

    Cette ASBL a sollicité un partenariat avec l’Observatoire wallon de la santé. Ensemble, ils ont sélectionné les données disponibles et intéressantes à collecter concernant la mortalité et la morbidité liées au suicide. L’ASBL veillera à maintenir à jour les données actuellement à sa disposition.

    En amont de toute réflexion sur les mesures à mettre en œuvre, il est important de pouvoir bénéficier d’un état des lieux de la situation sur le territoire wallon.

    * La compréhension du processus suicidaire et des facteurs associés est à la base de toute action de prévention du suicide. L’ASBL « Un pass dans l’impasse » collecte donc les publications, documents, recherches et recommandations traitant de la prévention du suicide. Une sélection de ces documents est mise à disposition en libre téléchargement sur le site internet www.info-suicide.be.
    * Une attention particulière a été apportée aux contacts avec la presse. Le service est régulièrement sollicité par des journalistes et sensibilise ceux-ci à une médiatisation dite « responsable » du suicide.
    * L’équipe de l’ASBL est attentive aux différentes initiatives spécifiques en cours en Wallonie et peut en faire la promotion (formations, colloques, pièce de théâtre, …). Elle s’engage aussi à soutenir des professionnels qui souhaiteraient mettre en place un projet de prévention du suicide au sein de leur structure.
    * Dans le cadre de la prévention universelle, l’ASBL « Un pass dans l’impasse » organise et est sollicitée pour prendre part à des colloques ou des conférences afin d’informer les professionnels et le tout public sur cette thématique. L’objectif vise la prise de conscience de la réalité à ce sujet, la compréhension du processus suicidaire ainsi que la réduction de la stigmatisation des personnes en souffrance.
    * A l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide (10 septembre 2015), un colloque international intitulé « Prévention du suicide ou suicide assisté : comment accompagner la personne âgée ? » sera organisé à Namur, en collaboration avec Espace Seniors. Cette rencontre sera l’occasion d’échanger avec les intervenants sur leurs pratiques en Belgique, en France, en Suisse et au Québec.

    Chaque année, l’équipe psychothérapeutique de l’ASBL « Un pass dans l’impasse » forme plus de 200 professionnels et répond aux questions d’étudiants lors de la réalisation de leurs travaux de fin d’études, mémoire ou autre recherche.

    La pluridisciplinarité et le travail en réseau sont des éléments importants dans la prise en charge de personnes suicidaires ou suicidantes. L’ASBL favorise les collaborations entre acteurs de terrain et travaille à rendre visibles les services spécifiques.

    Afin d’assurer le suivi des patients suicidants, l’ASBL a mis en place un dispositif spécifique de prise en charge en collaboration avec des services d’urgences et les services d’assistance policières aux victimes. Suivant une procédure unique et adaptée à chaque service, l’intervenant concerné communique les coordonnées de la personne suicidante avec l’accord de cette dernière. La personne est contactée dans un délai maximum de 72 heures. Si la personne contactée accepte le suivi proposé, cette procédure aboutira à un accompagnement psychologique à court terme. Enfin, l’ASBL s’engage à retourner à l’envoyeur un compte rendu pour l’informer de la continuité de la prise en charge, toujours en accord avec le patient.

    Divers services sont donc proposés :
    * Le suivi psychologique : écoute et aide à toute personne ayant des idées suicidaires ou ayant réalisé une tentative de suicide, en lui donnant l’opportunité d’exprimer sa souffrance et de prendre du recul afin d’envisager d’autres voies possibles.
    * L’écoute téléphonique : l’ASBL dispose d’une ligne d’accueil téléphonique accessible du lundi au vendredi de 8h30 à 17h00. En dehors des heures d’ouverture, le répondeur propose de contacter Télé-Accueil.
    * Les interventions ponctuelles et de postvention : des interventions en milieu scolaire ou professionnel à la suite d’un geste suicidaire, abouti ou non, peuvent être organisées avec les services en lien avec l’institution comme les PMS, par exemple.

    Je crois pouvoir dire que la diversité des services rendus par cette ASBL et d’autres en Wallonie participe à une action préventive du suicide.