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La présence de pesticides dans les pommes

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 283 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 23/06/2015
    • de POULIN Christine
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Dans un rapport publié ce mois de juin, Greenpeace dénonce l'usage de pesticides par les producteurs de pommes dans de nombreux pays européens. 85 échantillons ont été analysés (36 dans l'eau et 49 dans le sol). Ils ont été prélevés dans les vergers de 12 pays européens parmi les plus gros producteurs de pommes, en ciblant ceux fournissant la grande distribution.

    Selon le rapport, le nombre de pesticides le plus élevé dans les sols a été détecté en Italie, en France et en Belgique. En Belgique, 15 pesticides ont été détectés sur trois échantillons.

    Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance de cette étude ? Quelle en est son analyse ?

    Pommes et poires constituent l'essentiel de la production fruitière en Belgique. Il existe différentes techniques de production : la culture en lutte classique, en lutte intégrée ou en lutte biologique.

    Quelle est la répartition entre ces différentes techniques des vergers wallons ? La production biologique se développe-t-elle ?

    Dans le but de limiter au maximum l'usage de produits de protection phytosanitaires, quelles stratégies de protection vis-à-vis des maladies et ravageurs du pommier sont-elles étudiées ou mises en place ?
  • Réponse du 03/07/2015
    • de COLLIN René

    Cette question importante a déjà été abordée oralement lors des questions d’actualité le 17 juin, et encore le 29 juin lors de la session des questions orales. J’émets cependant toujours un doute sur la représentativité des échantillons et des résultats obtenus par Greenpeace.

    Je ne vais pas ici répéter ce qui a déjà été dit, mais je veux faire le point précis de la situation.

    En Belgique, on compte environ 16.000 hectares de vergers professionnels de pommiers et poiriers. La Wallonie représente environ 9 % de cette superficie, soit 1.400 à 1.500 hectares, dont 55 % de poires et 45 % de pommiers. Selon le dernier recensement de la Fédération wallonne horticole qui date de l’hiver 2014, il y a 66 arboriculteurs professionnels en Wallonie.

    On ne peut plus considérer qu’il y a de la production dite « conventionnelle » aujourd’hui en Wallonie.

    En effet, nos exploitations fruitières sont :
    - soit en lutte intégrée, attestée sur la base du cahier des charges Vegaplan (lutte intégrée « base légale » avec un contrôle sur place tous les trois ans) ;
    - soit en production intégrée,
    1. certifiée sur la base du cahier des charges wallon de production intégrée des fruits à pépins (sur la base d’un contrôle sur place annuel) ; mais ce nombre est à présent en diminution au profit de la certification Vegaplan ;
    2. certifiée sur la base du cahier des charges du GAWI (sous la marque FRUITNET) qui va au-delà du cahier des charges officiel et qui respecte les directives techniques élaborées par l’Organisation Internationale de lutte Biologique et Intégrée (OILB). Le GAWI (groupement d’arboriculteurs pratiquant en Wallonie les techniques intégrées) regroupe 35 arboriculteurs pour une superficie d’environ 700 hectares.
    - soit en production biologique, qui représente environ 50 hectares et 5 arboriculteurs.

    On constate un glissement progressif du cahier des charges wallon de production intégrée, avec un haut standard d’exigence, vers la lutte intégrée, dont le cahier des charges est beaucoup plus simplifié.

    Pour faire correctement de la production intégrée et limiter au maximum l’emploi des pesticides, il est également nécessaire que l’arboriculteur soit très bien formé, conseillé et encadré. Ces missions sont exercées en Wallonie par le Centre pilote CEPIFRUIT, et ses deux partenaires, le GAWI et le CEF.
    Depuis 25 ans, le GAWI propose et met en œuvre auprès des producteurs les techniques et moyens de protection alternatifs pour limiter ou éviter l’utilisation de pesticides :
    - Sélection des pesticides et conditions d’utilisation plus sévères que le « légal » ;
    - Allongement des délais avant récolte afin de limiter les résidus des pesticides dans les fruits ;
    - Obligation d’utiliser des moyens de lutte biologiques ou des méthodes biotechnologiques quand ils sont efficaces (confusion sexuelle, virus de la granulose, …) ;
    - Pas de traitement systématique, mais contrôle de la présence des ravageurs et auxiliaires et intervention si le seuil de tolérance est dépassé ;
    - Contre les maladies et en particulier la tavelure (maladie principale), raisonnement des interventions sur base d’un réseau de stations météo et de modèles permettant d’estimer les risques d’infection ;
    - Introduction dans le panel variétal de nouvelles variétés de pommiers et de poiriers tolérantes aux maladies (recherches du CRA-W) ;

    L'honorable membre comprend à la lecture de ces explications que la Wallonie reste très attentive à la question de l’emploi des pesticides, et que les efforts se poursuivent pour diminuer au maximum leur utilisation.