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La contamination des fruits et légumes par des pesticides

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 614 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 23/06/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Dans un récent rapport, Greenpeace fait état d'importantes concentrations de pesticides dans des échantillons prélevés dans le sol et l'eau de vergers de douze pays européens, en pointant particulièrement les productions de pommes. Avec la France et l'Italie, la Belgique fait partie des pays où le nombre de pesticides détectés dans les sols est le plus élevé.

    L'organisation dénonce ce « cocktail de pesticides » qui montre « la réalité de l'usage vraiment important, systématique et multiproduit des pesticides dans la production agricole conventionnelle ».

    Cette problématique n'est pas neuve, mais elle tend à perdurer. En 2008, la Commission européenne pointait déjà le fait que la moitié des fruits, légumes et céréales vendus dans l'UE contiennent des pesticides, soit le plus haut niveau de contamination enregistré au niveau européen jamais enregistré, alors en augmentation de près de 20 % en 5 ans.

    L'institution européenne indiquait que près de 4,7 % de fruits, légumes et céréales (8,6 % en Belgique) contenaient des concentrations en pesticides au-delà des limites maximales légales, et que 23 substances relevées à des niveaux importants représentaient un risque aigu pour la santé publique selon les calculs de risque européens.

    Ces indications sont très interpellantes, car, comme l'indique Greenpeace, c'est notamment l'effet cocktail, autrement dit l'effet de synergie des substances toxiques, qui est inquiétant.

    En 2013, l'Institut national français de la recherche agronomique (INRA) a démontré expérimentalement pour la première fois, via un test de génotoxicité, cet effet cocktail pour un mélange de cinq pesticides trouvés dans l’alimentation humaine. Selon l'Institut « cela signifie qu’en mélange, ces molécules sont plus toxiques que prises séparément ».

    Lorsque des molécules révèlent une toxicité et un effet cocktail, celles-ci ne devraient plus être autorisées. Si l’autorisation des produits phytopharmaceutiques, adjuvants et biocides est une compétence fédérale, et que le contrôle de la mise sur le marché et de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques est effectué par l’AFSCA, une concertation avec le Fédéral devrait avoir lieu sur cet enjeu de santé publique.

    Dans son champ de compétences, Monsieur le Ministre compte-t-il prendre de nouvelles mesures pour contribuer à la réduction de l'utilisation des pesticides en agriculture et en horticulture et en particulier pour la production de fruits, légumes et céréales ? Dans l'affirmative, quelles seront ces mesures ?

    Comment le secteur agricole et horticole est-il sensibilisé à cette problématique et incité à produire sans pesticides, ou à tout le moins avec moins de pesticides ?

    Une discussion avec le secteur de la grande distribution pour les inciter à proposer dans leurs rayons des produits peu ou pas contaminés est-elle à l'ordre du jour ?
  • Réponse du 09/07/2015
    • de DI ANTONIO Carlo

    La mise sur le marché des pesticides relève de la compétence fédérale. Néanmoins, je juge nécessaire de réduire leur utilisation, c’est pourquoi je veux agir aussi à mon niveau de pouvoir en révisant le décret du 10 juillet 2013.

    En ce qui concerne la réduction de l’utilisation des pesticides en agriculture et horticulture, cette modification décrétale nous permettra notamment de ne pas revenir en arrière sur le moratoire européen à propos des néonicotinoïdes.
    Pour rappel, l’Europe restreint actuellement l’utilisation de trois types de néonicotinoïdes. Ceux-ci sont interdits, par traitement des semences ou traitement foliaire, dans les cultures qui attirent les abeilles et dans les céréales, sauf dans les cultures sous serre et dans les céréales d’hiver.
    Si l’Europe revient sur ses positions, l’interdiction sera ainsi prolongée au niveau wallon. À mon sens, l’interdiction européenne doit devenir définitive et même être étendue.

    Par ailleurs, cette révision décrétale nous permettra aussi de prendre des mesures pour d’autres substances après analyse de leurs risques et alternatives.

    Le secteur agricole et horticole est déjà sensibilisé à cette problématique, et je renvoie l'honorable membre à la réponse que mon collègue, le Ministre Collin, lui a faite en la matière le 3 juillet dernier.