/

L'initiative d'Oslo sur la création de la première autoroute au monde pour les abeilles butineuses

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 284 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 23/06/2015
    • de COURARD Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Il va sans dire que les abeilles sont en danger, c’est toute une population vitale qui se décime. Et pour cause, l’International Union for Conservation of Nature, sur base des chiffres dont elle dispose, affirme que près d’un quart des abeilles d’Europe sont menacées de disparition et plus particulièrement au nord de l’Europe. Et on le sait, s’il n’y a pas d’abeille, il n’y a pas d’activité humaine possible.

    La Norvège a décidé d’agir pour lutter contre l’effondrement des colonies d’abeilles. Elle a mis sur pied une initiative pour le moins originale et avant-gardiste, et qui semblerait dotée d’une certaine efficacité. En effet, Oslo a créé la première route exclusivement réservée au ravitaillement des abeilles. Ces stations d’alimentation permettront à ces dernières de butiner à volonté. Ainsi, à chaque intervalle de 250 mètres, des stations de pollen seront mises à leur disposition, ce qui permettra aux bourdons de se reposer et mieux résister au stress urbain.

    Mes questions sont dès lors relativement simples.

    Comment Monsieur le Ministre considère-t-il cette action novatrice ? Même s’il est prématuré de faire des prédictions quant aux tenants et aboutissants de cette expérience, pense-t-il qu’elle puisse être transposable en Région wallonne ?
  • Réponse du 15/07/2015
    • de COLLIN René

    Toute initiative privée ou publique visant à améliorer le statut des insectes pollinisateurs est en général bonne à prendre ; elle doit cependant rester proportionnée aux besoins identifiés. Dans le cas particulier évoqué, qui concerne Oslo et sa périphérie urbaine, il y a apparemment un déficit grave en ressources alimentaires pour les abeilles. Les autorités publiques norvégiennes ont agi en conséquence et la solution est probablement adéquate, d’autant plus qu’elle est sympathique et sensibilise les citoyens à la problématique des abeilles.

    En Wallonie, l'abeille domestique subit une régression inquiétante en effet, les ruchers dépérissent et leur immunité semble en général affectée.

    À côté de l’abeille domestique bien connue, ce sont pas moins de 350 espèces d'abeilles sauvages et bourdons qui butinent les fleurs au travers de notre Wallonie. Ces espèces participent aussi à la pollinisation des végétaux et subissent également un déclin plus qu’important.

    C’est en partie la diminution des ressources alimentaires qui est en cause dans cette situation alarmante. Le pollen est l’unique source de protéines pour les abeilles. Elles en consomment chaque jour une quantité importante. L’alimentation en pollen des larves et des jeunes abeilles influe directement sur le développement des organes, la taille, la durée de vie des abeilles ouvrières et leurs défenses immunitaires.

    C’est pourquoi, depuis 2011, le Plan Maya initié par Benoît Lutgen et porté par « la Direction des espaces verts » de mon administration œuvre dans ce sens. Bien que le bilan soit positif, on dénombre en effet 7.301 ares de prairies fleuries, 5.569 arbres fruitiers, 11.353 arbres d’alignement et 177.959 plants de haie, il faut continuer à développer un environnement favorable pour les abeilles. Ce plan s’intègre dans une réflexion globale qui pousse à laisser la nature reprendre ses droits : « Le Réseau Wallonie Nature ». Ce Réseau propose, par diverses fiches actions, de réintégrer la nature partout et par tous.

    Le Plan MAYA comprend cinq volets, dont un est intitulé « amélioration des ressources pour les abeilles ». Il vise à reconstituer un maillage d’espaces riches en plantes mellifères via l’implantation, par exemple, de haies mellifères ou de prairies fleuries.

    Le volet « fauchage tardif » visant à étendre cette démarche simple, mais efficace à l’ensemble du réseau routier régional concourt également à l’amélioration de ce maillage.

    Enfin, le volet « communes, provinces et jardins MAYA » incite les niveaux de pouvoirs concernés et les citoyens à promouvoir des espaces favorables aux abeilles, riches en ressources de qualité et diversifiés, mais aussi dénués de pesticides. Ce dernier volet du plan MAYA rencontre une adhésion remarquable : 205 communes au total, dont certaines vont être labellisées prochainement pour la qualité de leurs actions.

    Outre le Plan Maya, le 22 mai dernier, j’ai notamment lancé toute une série d’autres projets pilotes du Réseau Wallonie Nature afin d’intégrer la biodiversité au sein des parcs économiques, au sein des cimetières, au sein des clubs sportifs, etc.

    En conclusion, la Wallonie n’a certainement pas à rougir de ses mesures de protection des abeilles.