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La sensibilisation contre les stéréotypes de genre liés aux métiers

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 239 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 01/07/2015
    • de MORREALE Christie
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Comme Madame la Ministre le sait certainement, ce Parlement a adopté le 11 avril dernier un décret antidiscrimination qui prévoit notamment que le Gouvernement présente des objectifs stratégiques qu'il entend réaliser au cours de la législature, conformément aux objectifs de la quatrième conférence mondiale sur les femmes de Pékin.

    Chaque ministre est tenu d’intégrer la dimension de genre dans toutes les politiques, mesures et actions relevant de ses compétences et doit également veiller à ce que les statistiques produites soient ventilées par sexe et que les indicateurs de genre soient établis.

    J’aborde cette question avec Madame la Ministre afin de revenir vers ses compétences de l’emploi. En effet, dans cette matière, les stéréotypes de genre sont encore tenaces. Je ne doute évidemment pas de son investissement dans ce domaine pour avoir été ministre compétente.

    Le 4 juin, le Gouvernement français annonçait le lancement d’un plan pour la mixité dans le secteur de l’artisanat et du bâtiment, où seulement 11 % sont des femmes.

    Ce plan s’organise autour de quatre objectifs :

    - une orientation plus ouverte pour les jeunes filles et les jeunes garçons, notamment avec l’appui du nouveau parcours mis en place au bénéfice des élèves à partir de la rentrée;
    - un travail sur les stéréotypes liés à ces métiers;
    - la promotion de la mixité et de l’égalité au sein des entreprises;
    - des acteurs publics mobilisés pour créer un environnement favorable à l’engagement des femmes dans ces métiers

    Ce plan s’inscrit dans la volonté gouvernementale d’atteindre l’objectif d’un tiers des métiers mixtes d’ici à 2025.

    En Région wallonne, quels sont les objectifs de mixité ? Quels sont les leviers d’actions de Madame la Ministre afin de lutter contre de tels stéréotypes ?

    Alors que la plupart des métiers de la construction sont reconnus comme des métiers en pénurie, comment souhaite-t-elle amener plus de femmes dans ce domaine ?
  • Réponse du 11/08/2015
    • de TILLIEUX Eliane

    L’action politique doit permettre de lever les stéréotypes de genre liés aux métiers. L’objectif à court et moyen termes n’est pas d’atteindre une mixité parfaite ni de mener une politique de quotas pour chacun des métiers ou profils de fonction, mais bien de rendre ces métiers, en particulier ceux porteurs en termes d’emplois de qualité, accessibles pour tous ceux et toutes celles qui souhaiteraient travailler dans ces secteurs dits « genrés ».

    Le Gouvernement wallon a d’ailleurs adopté en avril 2014 un décret visant à mieux intégrer la dimension de genre dans toutes les politiques wallonnes.
    Ce décret a notamment prévu la mise en place d’un plan wallon élaboré par un groupe interdépartemental de coordination. Ce plan, aussi appelé plan de « gender mainstreaming », a été lancé récemment.
    Au travers de ce plan, le Gouvernement wallon et chacun de ses Ministres se sont engagés à intégrer la dimension de genre dans au moins deux politiques.

    Pour ma part, j’ai fait le choix d’accorder une priorité au soutien des formations des travailleurs(euses) actifs(ves) dans le secteur des titres-services et, de manière plus générale, dans les secteurs d’activités où les femmes sont sous-représentées.

    Plus globalement, l’intégration de la dimension du genre se déroulera en trois phases jusqu’en fin de législature:
    1. analyser la composition sexuée des groupes ciblés par les politiques et identifier des différences qui existent entre les situations respectives des femmes et des hommes ;
    2. déterminer en quelle mesure ces différences sont problématiques (en termes d’égalité d’accès des femmes et des hommes à l’exercice de leurs droits fondamentaux) ;
    3. établir des politiques qui tiennent compte des résultats de l'analyse de genre réalisée et évitent ou corrigent les éventuelles inégalités.

    Il est également prévu de faire progresser les textes et les réglementations, lorsque nécessaire, de manière à disposer à terme de statistiques ventilées par indicateurs de genre et à intégrer cette dimension dans les instruments de planification stratégique (plans de management, contrats de gestion,…), dans les marchés publics ou encore dans les conditions d’accès à certains subsides.

    D’autres actions contribuent également à lutter contre ces déséquilibres entre les hommes et les femmes en matière de représentation dans certains métiers, mais également dans les conseils d’administration et aux postes clefs de nos entreprises, de nos ASBL, de nos organisations et de nos services publics.

    Je pense notamment à la politique de la gestion de la diversité qui, au-delà de ses aspects intégrateurs et générateurs de valeur au sein des entreprises et des organisations, peut aussi contribuer à lever certains stéréotypes au travers d’une politique de gestion des ressources humaines visant à offrir à chacun et chacune des opportunités d’emploi en lien avec ses compétences et ses aspirations, sans la moindre appréhension de genre.
    Un budget de 350.000 euros est réservé annuellement et spécifiquement à cette politique de soutien à la diversité.

    Ce montant permet notamment le financement des projets portés, d’une part, par le « Consortium diversité » composé du DISCRI, du CRIPEL, du FOREm et de HEC-Ecole de Gestion de l’ULg (50.000 euros au bénéfice du CRIPEL) et, d’autre part, par les organisations syndicales

    Je pense aussi aux essais métiers qui, au travers d’une immersion complète en conditions réelles, permettent à chacun, et donc aussi aux femmes, de se tester dans des secteurs porteurs d’emploi.

    J’accorde également une attention particulière au secteur de la construction, dans lequel les stéréotypes sont encore légion. Le projet « Femmes et Construction », financé par la Wallonie, fait le lien entre les entreprises qui recherchent de la main-d'œuvre qualifiée et les femmes qui ont délibérément choisi de travailler dans la construction.

    Ce projet est désormais géré par le fonds sectoriel de la construction de façon autonome et joue un rôle important dans l’encouragement et le soutien de la mixité dans les métiers de la construction.

    En outre, dans le cadre d’un partenariat fort et structuré entre l’IFAPME et le secteur de la construction, une attention particulière est portée à cet engagement en matière d’égalité des chances hommes/femmes. Celle-ci se concrétise par une collaboration entre la jobcoache sectorielle et les différents agents des centres de formation, chargés de la mise en œuvre des formations, depuis l’information des publics jusqu’à la reconnaissance des acquis. L’ouverture à la diversité est en effet une piste de solution pour disposer du personnel et des compétences dont les entreprises ont besoin.

    Je terminerai en évoquant les nombreuses actions menées par le FOREm et l’IFAPME, dont la journée portes ouvertes du 24 juin dernier qui a été mise à profit pour aborder l’entrepreneuriat féminin. Ces deux OIP, comme d’autres, se sont véritablement inscrits dans une dynamique de lutte contre les discriminations.