/

Les moyens mis en oeuvre pour les personnes sans abri en cas de fortes chaleurs et de canicules

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 713 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 09/07/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Afin de réduire les risques des fortes chaleurs pour la santé, Monsieur le Ministre a souhaité attirer l'attention sur trois groupes cibles : les personnes âgées, les enfants en bas âge et enfin les grands précarisés et singulièrement les personnes sans-abri.

    Il s'avère en effet important d'accorder une attention toute particulière aux personnes sans-abri en cas de fortes chaleurs et de canicules, dans la mesure où elles demeurent encore trop souvent délaissées.

    Des acteurs de terrain déplorent en effet un manque de moyens en dehors de la période hivernale, notamment en période de fortes chaleurs et de canicules, et un nombre de lieux et places d'accueil limité.

    Les dangers sont pourtant importants, et selon certains le risque de décès des personnes vivant dans la rue pour cause d'hyperthermie et de déshydratation est aussi élevé que le risque de décès pour cause d'hypothermie.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il me faire part des statistiques dont il dispose concernant la mortalité des personnes sans-abri lors des périodes de fortes chaleurs et de canicules ?

    Monsieur le Ministre peut-il me préciser les mesures qu'il a prises à l'égard des personnes sans-abri afin de réduire les risques lors de telles périodes ? Quels sont les moyens budgétaires wallons dégagés dans cet objectif ?

    Une réflexion a-t-elle eu lieu préalablement avec les acteurs de terrain dont les Relais sociaux et les CPAS ? Comment ceux-ci sont-ils mobilisés ?

    Y aura-t-il une évaluation de ces mesures au terme de l'été ?
  • Réponse du 20/07/2015
    • de PREVOT Maxime

    Tout d’abord, je ne dispose pas de statistiques concernant la mortalité des personnes sans abri en cas de fortes chaleurs, mais les experts observent que leur mortalité est aussi importante l’été que l’hiver.

    En effet, la canicule met en danger les personnes sans abri qui sont particulièrement exposées au risque de déshydratation et d’accidents cardio-vasculaires. Les dangers sont multiples: risque d’alcoolisation accrue due à la chaleur, brûlures et coups de soleil, problèmes dermatologiques (infections, mycoses) décuplés à cause de la transpiration…

    Tout comme chez nos voisins français, il existe peu de chiffres sur les décès des sans-abri. En France, le Collectif « Les Morts de la Rue » (http://www.mortsdelarue.org/) tente de recenser le nombre de décès de SDF. Leurs données s'appuient sur des cas signalés par les services de police, les familles ou encore la presse », mais ces chiffres sont loin d'être exhaustifs. En 2013, 453 décès ont ainsi été recensés et 390 en 2012. Il n'existe néanmoins aucune statistique fiable sur le long terme et il est donc impossible de savoir si les SDF sont plus nombreux à mourir en 2014 qu'en 1994.
    Contrairement aux idées reçues, le collectif explique que mourir dans la rue n'a rien à voir avec le climat.
    Selon les statistiques collectées par ce collectif français, les principales causes de décès sont en réalité les morts violentes (agressions, accidents et suicides) qui représentent environ 20 % des décès et les maladies (cancers, maladies cardio-vasculaires, infectieuses, maladies de l'appareil circulatoire, digestif ou encore respiratoire) qui culminent à 40,5 % en moyenne. En revanche, 38,5 % des causes restent encore inconnues.

    En Wallonie, pour organiser l’aide aux personnes en situation de grande précarité et sans abri pendant les périodes de forte chaleur comme en ce moment, des Plans « Canicule » sont organisés par les Relais sociaux. C’est à 2010 que remonte la première mention de ce type d’initiative coordonnée par les relais sociaux.

    Le choix de privilégier les relais sociaux à d’autres structures s’explique par leur rôle de coordination des actions menées par les opérateurs publics et privés locaux.

    Je précise d’emblée que, contrairement au Plan Grand Froid, la mise en œuvre de ce type de dispositif n’est pas obligatoire (et ne figure donc pas dans le Code wallon de l’action sociale et de la santé) et ne reçoit pas de subvention spécifique, mais cela n’empêche pas que des dispositions adaptées soient prises. Les fortes chaleurs sont, convenons-en, plus exceptionnelles que la rigueur hivernale.

    Très clairement, un budget wallon spécifique n’y est donc pas dédié, mais les mesures prises par les Relais sociaux le sont dans le cadre de la subvention globale qui leur est octroyée par la Région.

    Dans le cadre de leurs plans « Canicule », les relais sociaux travaillent en étroite collaboration avec les relais santé et s’appuient bien entendu sur tout leur réseau de partenaires.
    Il va de soi que chaque relais social organise son plan selon les modalités qu’il définit, les spécificités du terrain et son réseau de partenaires (associatif, CPAS, Croix rouge, hôpitaux, …). Par exemple à Verviers, c’est le service de prévention de la ville qui l’organise.

    J’attire l'attention sur le fait que la direction de la santé environnementale de la DGO5 communique vers les relais sociaux quand il y a menace (forte chaleur et pic d’ozone) en énonçant des recommandations spécifiques à l’attention des intervenants auprès des personnes sans domicile fixe.

    Les mesures prises en cas de canicule et de pic d’ozone s’articulent généralement autour des axes suivants :
    - la détection du public sans abri et la diffusion d’une information spécifique à leur attention, notamment lors de maraudes ;
    - l’accès à l’eau potable ;
    - l’accès à un abri frais ;
    - la mise à disposition de douches ;
    - et les soins.

    Un processus en plusieurs phases est généralement défini comme cadre d’intervention. Par exemple, le dispositif mis en place par le Relai social de La Louvière prévoit les trois phases suivantes:

    - une phase préventive (préparation du stock d’eau, de dépliants, etc.);
    - une phase d’activation (lorsque la température dépasse 26 degrés ressentis, distribution de l’eau, brochures informatives, etc.) ;
    - et une phase d’alerte (lorsqu’une alerte IRM est annoncée : intensification des distributions, présence en rue renforcée par des maraudes bihebdomadaires).

    En conclusion, que l'honorable membre se rassure : le nécessaire est mis en œuvre pour prévenir tout risque d’hyperthermie, déshydratation ou hypothermie parmi les personnes les plus démunies de notre société.