/

Les phytotechnologies comme technique de dépollution des sols

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 655 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 09/07/2015
    • de TROTTA Graziana
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal

    Étudiées depuis plusieurs années, les phytotechnologies comme techniques de dépollution des sols sont aujourd'hui de mieux en mieux maîtrisées, bien que des expérimentations sur site soient encore nécessaires, qu'il s'agisse par exemple de la phytoextraction (accumulation dans les feuilles et la tige de la plante des métaux lourds présents dans les sols, comme c'est le cas par exemple du Noccea caerulescens), de la phytodégradation (la plante dégrade les polluants, comme c'est le cas du saule qui semble efficace contre les hydrocarbures), ou encore de la phytostabilisation (qui réduit la mobilité des contaminants).

    Ces techniques présentent des avantages, mais aussi certaines limites qu'il faut parvenir à maîtriser. Parmi les avantages, on observe que ces techniques sont relativement moins coûteuses par rapport aux autres procédés de remédiation des sols, qu'elles sont respectueuses du fonctionnement du sol ou encore qu'elles permettent par ailleurs l'exploitation des végétaux pour la bioénergie (notamment lors de la phytoextraction).

    Parmi les limites, souvent variables selon l'espèce végétale utilisée et les conditions d'utilisation, on peut citer la profondeur de la dépollution dépendant des racines, la durée nécessaire du traitement, la possible contamination des nappes phréatiques ou encore le risque de phytotoxicité des polluants selon le degré de contamination des terres.

    Comme tout espace ayant accueilli ou accueillant des activités économiques, notamment industrielles et minières, la Wallonie compte encore de nombreux sites pollués. Or, les pressions démographiques et foncières, la nécessité de disposer de nouvelles zones d'activités économiques, mais aussi l'opportunité d'accroître la production de biomasse rendent leur gestion prioritaire. Les phytotechnologies s'avèrent donc très intéressantes dans cet objectif.

    Il me revient que différents projets, parfois cofinancés par la Wallonie, ont déjà été menés. Monsieur le Ministre peut-il me faire part de ces projets et de leurs résultats ?

    La SPAQuE a-t-elle envisagé et expérimenté le recours aux phytotechnologies pour dépolluer des sols et si oui, dans quel(s) cas ?

    De nouveaux projets sont-ils sur le point d'être menés avec le soutien de la Région ?
  • Réponse du 16/07/2015
    • de DI ANTONIO Carlo

    Des assainissements par phytoremédiation ont déjà été menés à terme en Région wallonne. À titre d'exemple, je citerai le cas de l'assainissement d'un ancien dépôt pétrolier à Saint-Ghislain par la société anonyme Total Belgium, en collaboration avec l'Université catholique de Louvain. Les terres polluées en hydrocarbures ont été assainies sur une période de deux ans et la réhabilitation du site a été approuvée par l'administration. Cet exemple illustre les synergies possibles entre les gestionnaires de projets et nos universités dont l'expertise peut être mise à profit.

    Concernant les travaux de la SPAQuE, la phytoremédiation n’a à ce jour pas trouvé sa place dans la sélection des techniques utilisées dans l’assainissement de sites lourdement pollués de Wallonie. Trois raisons majeures peuvent l’expliquer :
    1. la durée de traitement est longue et généralement incompatible avec les délais imposés dans les programmations (Marshall et FEDER) qui demandent que les sites puissent être mis à disposition du développement dès la fin du chantier, et non des années après.
    2. la phytoremédiation n’agit que sur la tranche superficielle du sol, alors que de nombreux projets d’aménagement nécessitent le terrassement des fondations bien au-delà du premier mètre.
    3. La phytoremédiation n’offre pas une solution universelle aux sols fortement dégradés comme ceux gérés par la SPAQυE, hébergeant souvent plusieurs familles de contaminants aux propriétés physico-chimiques variées. En effet, une espèce végétale soigneusement sélectionnée ne permet de concentrer dans ses tissus qu’un ou quelques contaminants spécifiques (souvent métalliques) à la fois.

    J’organise actuellement des rencontres entre mon cabinet et un consortium d’universitaires experts en phytoremédiation, afin de réaliser un état des lieux complet des techniques disponibles pour une gestion in situ de pollutions légères et plutôt superficielles, sur des terrains ne devant pas faire l’objet d’un projet de développement à court ou moyen terme.