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Les difficultés des secteurs laitier, sucrier et porcin

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 328 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 27/07/2015
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Le Conseil des ministres européens du 13 juillet a évoqué les difficultés rencontrées par les secteurs laitier, sucrier et porcin.

    Comment Monsieur le Ministre résume-t-il les difficultés traversées par chacun des secteurs évoqués et quelles sont celles qui touchent plus particulièrement le territoire wallon ?

    Quelles sont les réponses apportées et les politiques actionnées ?

    Quels sont les stratégies développées et les objectifs recherchés ?
  • Réponse du 19/08/2015
    • de COLLIN René

    L’honorable membre trouvera ci-dessous l’état de la situation actuelle respectivement dans les secteurs du lait, du sucre et du porc ainsi que les mesures prises, soutenues ou envisagées par la Belgique et en particulier par la Wallonie.

    Secteur laitier

    Depuis le 31 mars 2015, les quotas laitiers n’existent plus. Lors de cette dernière campagne sous quota, la Belgique a dépassé son volume autorisé de 2,37 %.

    Depuis la fin des quotas, on observe une augmentation des livraisons de lait. Pour l’année 2015, on attend une progression de l’ordre de 1 à 2 % du volume de production.

    Depuis le deuxième trimestre 2014, le prix du lait baisse. L’évolution des prix des produits laitiers, en particulier le lait écrémé en poudre et le beurre, produits phares et principaux débouchés de nos industries et donc fondamentaux pour la détermination du niveau du prix du lait collecté en ferme, est préoccupante car ces prix continuent de baisser.

    À la date du 12 juillet 2015, le prix du beurre (290 euros/100 kg) est encore au-dessus du prix d’intervention (221,75 euros/100 kg). Mais le prix de la poudre de lait écrémé (174 euros/100 kg) s’en rapproche fortement (167,8 euros/100 kg).

    Les marges des agriculteurs sont dans une tendance à la baisse, principalement en raison de la baisse des prix du lait, mais aussi d’une augmentation des coûts opérationnels. Cela génère des problèmes de trésorerie.

    Au niveau européen, la Belgique plaide d’une part pour disposer d’un filet de sécurité des marchés plus réaliste, plus réactif et plus efficace et d’autre part pour une revalorisation du prix d’intervention. Jusqu’à présent cette approche est peu soutenue par d’autres États membres, et pas du tout par la Commission qui se refuse à toute forme de révision du prix d’intervention.

    Plus encore que le niveau des prix, c’est la marge qui détermine les revenus des producteurs. Il est donc nécessaire de mettre en place un instrument de suivi des marges de production comme indicateur de la rentabilité de la production.

    Suite à la prolongation de l’embargo russe, le Commissaire Hogan a, par ailleurs, proposé de prolonger la période d’intervention publique du beurre et du lait écrémé en poudre jusqu’au 30 septembre 2016 et la période de stockage privé pour le beurre et le lait écrémé en poudre jusqu’au 29 février 2016.

    Le 7 septembre, un Conseil agricole extraordinaire sera organisé, à la demande de plusieurs États membres, dont la Belgique, sur la situation des marchés agricoles, notamment en ce qui concerne le secteur laitier et le secteur animal.

    Au niveau wallon, le Gouvernement a approuvé le 23 juillet dernier un plan d’action en 12 points afin d’aider les exploitations agricoles à traverser la crise que connait actuellement le secteur laitier avec, notamment, l’aide à la promotion avec le renforcement du programme « Lait à l’école », l’aide à la constitution de groupement de producteurs, la suspension des cotisations APAQ-W et la prise en charge du coût certification QFL (Qualité Filière Lait).

    La situation dans ce secteur est particulièrement suivie de près et, dès septembre, je réactiverai un groupe de travail composé de tous les acteurs du secteur « Lait et produits laitiers » afin d’assurer un monitoring permanent de la situation et un suivi rapproché des mesures à prendre.

    Secteur sucrier

    Le prix du sucre sur le marché mondial est à son niveau le plus bas depuis 2009. La faiblesse des cours mondiaux est due à l’excédent de sucre à l’échelle mondiale. Malgré un accroissement constant d’environ 2 % de la consommation mondiale, la production dépasse la consommation depuis plusieurs années.

    Les prix européens sont en chute libre depuis début 2014 et atteignent aujourd’hui leur niveau le plus bas depuis la réforme de 2006. Diverses raisons peuvent expliquer ces prix bas : les importations, les accords commerciaux bilatéraux conclus par la Commission avec de nombreux pays tiers, ...

    Plus de 6 millions de tonnes de sucre hors quota sont prévues pour la campagne 2014-2015. D’après les prévisions, en fin de campagne, il restera près de 2,5 millions de tonnes de sucre hors quota non écoulées et celles-ci devront être reportées sur la campagne suivante. Les sucriers vont être amenés à réduire leur production.

    Vu cette situation, et suite à une demande de l’Italie, soutenue par la Belgique, la Commission européenne a mis sur pied un groupe d’experts à haut niveau sur l’avenir du marché du sucre. La Wallonie a notamment demandé :

    - de commencer rapidement les discussions sur les modalités d’applications des règlements dans le secteur du sucre pour l’après-quota ;
    - de discuter des modalités pour l’aide au stockage privé du sucre ;
    - de maintenir la notification des prix et autres données nécessaires à l’établissement des bilans sucriers. Ces données permettront notamment aux organisations betteravières de continuer à défendre et négocier au mieux les intérêts de leurs membres, dans un contexte éclairé.

    Lors du Conseil du 13 juillet 2015, la Belgique a également demandé l’abandon de la taxe à la production.

    Si le prix devait baisser à un niveau mettant en question la rentabilité de la production, ceci pourrait engendrer une nouvelle vague de restructurations en Europe. La filière betterave-sucre belge dispose cependant d’atouts importants vis-à-vis de ses concurrents européens.

    Secteur porcin

    Malgré l’embargo de la Russie, qui représentait un quart des exportations de viande porcine européenne, les exportations européennes totales de viande porcine sont stables, car elles ont été réorientées, principalement vers l’Asie (Chine, Corée du Sud, Japon, Philippines…). Grâce à l’actuelle faiblesse de l’euro, l’Union européenne est parvenue à trouver de nouveaux marchés, mais moins bien rémunérés. Malgré les faibles prix payés aux producteurs, les abattages sont en hausse au niveau de l’Union européenne.

    En Belgique, le prix est en général inférieur au prix européen, et ne dépasse actuellement pas 130 euros/100 kg.

    Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’une aide au stockage privé a été mise en place au niveau européen de février à mai 2015, sans impact positif sur les prix, et que la viande est maintenant en cours de déstockage.

    Au niveau européen, la Commission estime qu’il convient désormais de laisser le marché retrouver un équilibre : il est important que la production diminue pour que les prix puissent retrouver un niveau satisfaisant.

    Signalons également que la nouvelle OCM unique offre de nouveaux outils, en généralisant à tous les secteurs (dont la viande porcine) la possibilité de créer des organisations de producteurs (OP) et des organisations interprofessionnelles (OIP). Je soutiendrai toutes les initiatives du secteur en cette matière.

    Lors des discussions européennes, la Belgique, comme d’autres États membres, demande à la Commission de réfléchir à des moyens pour mieux maitriser l’offre et stimuler l’exportation. Dans cet esprit, la Belgique attend de la Commission qu’elle facilite l’accès au marché russe des produits de viande porcine non concernés par l’embargo « économique », mais qui rencontrent des difficultés pour accéder à ce marché pour des raisons sanitaires.