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La situation économique de la filière porcine

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2015
  • N° : 336 (2014-2015) 1

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  • Question écrite du 27/07/2015
    • de BONNI Véronique
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Depuis plusieurs mois, beaucoup d'éleveurs de porcs belges se trouvent dans une situation délicate. En effet, une grande partie de la viande qu'ils produisent était exportée en Russie. Or, depuis l'imposition de l'embargo russe, c'est fini. Consécutivement, les stocks de viande de porc s'accumulent et les prix chutent.

    Et comme toujours dans ces cas-là, la grande distribution en profite pour acheter la viande à bas prix aux éleveurs. De ce fait, la situation se complique d'ailleurs aussi pour les éleveurs qui écoulent leur production sur le marché belge... Or, les coûts de production, eux, restent très élevés.

    Ces dernières années, plusieurs mesures ont été prises par la Région wallonne en faveur du porc wallon, que ce soit en termes de reconnaissance ou de bien-être animal. Malheureusement, au regard de la situation actuelle, cela ne semble pas suffire... Pour soulager le secteur, en attendant une éventuelle aide européenne ou autre, il faut conscientiser, encore et toujours, les consommateurs belges sur la nécessité d'acheter wallon...

    À combien estime-t-on la perte causée par l'embargo russe sur le secteur porcin ?

    L'APAQ-W compte-t-elle prendre des mesures supplémentaires suite à cette situation ?

    De nouvelles campagnes de sensibilisation à destination du public sur ce thème sont-elles prévues ?

    Des contacts ont-ils été pris avec la grande distribution afin de mettre les produits du terroir issus de la viande porcine à l'honneur ?
  • Réponse du 19/08/2015
    • de COLLIN René

    Les éleveurs wallons sont affectés de manière indirecte par l’embargo russe, non pas en raison de l’importance de nos exportations vers la Russie, mais bien parce que cet embargo rompt l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché européen en général et sur le marché belge en particulier.

    La baisse des prix se fait sentir dans tout le secteur de la viande porcine, y compris dans les productions de qualité différenciée, dont la production biologique.

    Malgré l’embargo de la Russie, qui représentait un quart des exportations de viande porcine européenne, les exportations européennes totales de viande porcine sont stables, car elles ont été réorientées principalement vers l’Asie (Chine, Corée du Sud, Japon, Philippines…). L’Union européenne est parvenue à trouver de nouveaux marchés, mais le prix pour le producteur est en général moins intéressant que sur le marché russe. C’est notamment l’actuelle faiblesse de l’euro qui explique la compétitivité de la viande porcine européenne sur les marchés internationaux.

    Plus étonnant vu les faibles prix payés aux producteurs, les abattages sont en hausse au niveau de l’Union européenne (+1,5 % en 2014, et une hausse prévue de 2,5 % en 2015).

    À cause des faibles prix payés sur le marché externe et, probablement, d’une offre plutôt excédentaire sur le marché interne, le prix européen de la viande porcine (149 euros/100 kg) reste inférieur au prix habituel à cette période de l’année (165 euros/100 kg). Les marges restent donc également inférieures à la moyenne historique, en dépit de coûts de l’alimentation relativement peu élevés.

    En Belgique, le prix est en général inférieur au prix européen et ne dépasse actuellement pas 130 euros/100 kg.

    Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’une aide au stockage privé a été mise en place au niveau européen de février à mai 2015, sans impact positif sur les prix, et que la viande est maintenant en cours de déstockage, avec un possible impact négatif au niveau de l’équilibre entre l’offre et la demande, surtout en juillet et en août 2015. Au niveau européen, 64.000 tonnes de viande ont été stockées, dont 3 % - un peu plus de 2.000 tonnes – sont stockés en Belgique (parmi lesquelles 105 tonnes en Wallonie).

    Historiquement, le marché du porc est cyclique et peu régulé par rapport aux autres secteurs. Les mesures disponibles portent avant tout sur une réduction de l’offre via des retraits de marché. Elles s’appliquent à l’ensemble du secteur quel que soit le mode de production.

    Au niveau européen, la Commission estime qu’il convient désormais de laisser le marché retrouver un équilibre : il important que la production diminue pour que les prix puissent retrouver un niveau satisfaisant.

    Signalons également que la nouvelle OCM unique offre de nouveaux outils, en généralisant à tous les secteurs (dont la viande porcine) la possibilité de créer des organisations de producteurs (OP) et des organisations interprofessionnelles (OIP). Je soutiendrai toutes les initiatives du secteur en cette matière.

    Lors des discussions européennes, la Belgique, comme d’autres États membres, demande à la Commission de réfléchir à des moyens pour mieux maitriser l’offre et stimuler l’exportation. Dans cet esprit, la Belgique attend de la Commission qu’elle facilite l’accès au marché russe des produits de viande porcine non concernés par l’embargo « économique », mais qui rencontrent des difficultés pour accéder à ce marché pour des raisons sanitaires.

    Des efforts ont également été entrepris pour relancer le concept de la qualité différenciée (QD) selon le nouveau cadre défini par l’Arrêté du Gouvernement wallon du 15 mai 2014 instaurant le système régional de qualité différenciée pour les produits agricoles et les denrées alimentaires, et la révision toute récente des exigences sectorielles pour la viande porcine en QD par l’Arrêté ministériel du 12 juin 2015 définissant les exigences minimales sectorielles pour l’élaboration des cahiers des charges pour la production de viande porcine de qualité différenciée.

    Les détenteurs de cahiers des charges existants disposent de six mois pour introduire un dossier répondant aux nouvelles normes.

    L’objectif est de segmenter le marché pour fortifier des filières de qualité différenciée qui pourront utiliser le nouveau logo et valoriser les efforts de nos producteurs avec un prix plus élevé payé par le consommateur. Le retour équitable vers la production primaire est une condition que la filière doit respecter pour accéder à la reconnaissance en QD.

    De son côté, l’APAQ-W a accentué son soutien direct (subventions) et indirect (présence aux foires et salons professionnels et grand public) aux filières wallonnes de qualité (porc fermier, plein air, bio, Columbus, …) en portant une attention particulière aux circuits courts de commercialisation.

    Le concours Coq de Cristal 2015 reprenait ainsi deux produits issus de la production porcine artisanale sur sept produits présentés et primés.

    L’année 2015 a vu, également, le renforcement d’actions menées en collaboration entre l’APAQ-W, l’AWEx et le VLAM en matière de promotion des productions agricoles belges à l’étranger (salon de Milan et vers pays tiers).

    Une campagne de promotion complémentaire de sensibilisation à la viande porcine de qualité (porc fermier) est prévue à la rentrée via des spots radios.